The Contact
Deux ans avant l’incroyable Tell Me Something, le réalisateur Jang Yun-Heon mettait déjà en scène Han Seok-Gyu dans The Contact, un drame plutôt intimiste à mille lieux de sa réalisation la plus connue en occident...
Dong-Hyeon est producteur d’un "late show" à la radio. Cynique et désabusé, cela fait six ans qu’il a été plaqué par une petite amie qu’il ne parvient pas à oublier. Plutôt taciturne, il se trouve dans le collimateur de ses supérieurs en raison de ses choix de diffusion musicale : des morceaux de vingt minutes, des changements de programmation de dernier instant... Dong-Hyeon joue avant tout de la musique pour se faire plaisir. Un jour, il reçoit une enveloppe anonyme contenant un vinyl extrêmement rare des Velvet Underground, avec la chanson Pale Blue Eyes. Il se trouve justement que cette chanson était l’une des préférées de son ex, qui recherchait ce disque depuis longtemps. Du coup, il est persuadé que le disque vient d’elle, et il le passe tous les soirs au cours de son émission...
Su-Hyeon travaille dans une entreprise de VPC, tous produits confondus. Elle vit dans une solitude pathétique, amoureuse du promis de sa colocataire, Hee-Jin. Un soir, alors qu’elle effectue une promenade nocturne en voiture, elle échappe à un carambolage effrayant (qui renvoie directement à celui - plus sanglant, certes - de Tell Me Something) alors que Pale Blue Eyes passe à la radio...
Il se trouve que Dong-Hyeon et Su-Hyeon se connaissent : ils se retrouvent tous les soirs sur un chat, lui sous le pseudo Happy End, elle sous celui de Female 2. Happy End, parce que "c’est une des seules choses qui n’existe pas en ce monde". Female 2, parce que cela correspond à un rôle insignifiant que Su-Hyeon a joué dans une pièce de théâtre au collège. Par le biais de mails et autres échanges électroniques, Dong-Hyeon et Su-Hyeon vont partager leurs histoires, leurs échecs et leurs frustrations...
Contrairement à Tell Me Something, The Contact est une œuvre au titre ambigu. Car s’il y a bien une chose qui manque aux personnages du film, c’est un authentique contact humain. Dong-Hyeon poursuit son Happy End de façon quasi-misanthropique, prêt à toutes les désillusions pour revoir la femme de sa vie, sans se rendre compte qu’il blesse tous ceux qui tentent de s’approcher de lui. Su-Hyeon, elle, assume son rôle de "femme de second plan" à la limite du masochisme. Les deux personnages sont seuls, mais pour une raison simple : enfermés dans un idéal trop exclusif, ils ont fini par se couper de toute humanité.
A première vue, on serait tenté de dire que The Contact n’a vraiment rien à voir avec la richesse, à la fois formelle et sémantique, de Tell Me Something. C’est vrai que The Contact paraît froid, austère. Néanmoins, il est très loin d’être vide : la musique, bien que rare, y tient la même importance (une chanson y est aussi l’élément-clé) ; la solitude des personnages résonne terriblement - surtout par le biais des touches de leurs claviers - dans le silence du film. Les arrières-plans sont délibérément flous ou vides, en dehors des lieux de travail des deux personnages - le seul lieu où ils se fondent au milieu d’une masse et prétendent vivre normalement. En fait, dans une direction complètement opposé, mais sur le même sujet d’un manque authentique de communication humaine, The Contact fonctionne véritablement sur les mêmes niveaux que son successeur, la minutie d’une intrigue "policière" en moins. Pas véritablement optimiste, mais pas complètement triste non plus, c’est un film intéressant qui a au moins le mérite de nous faire réfléchir à certains types d’exclusions, courants dans nos sociétés urbaines modernes. Et Han Seok-Gyu y est, une fois de plus, véritablement excellent, alors que son jeu se réduit presque uniquement à des attitudes et des regards.
The Contact n’est pour l’instant disponible qu’en VCD HK, sous titré mandarin et anglais (enfin presque, certaines voix-off ont disparu en cours de route), de qualité tout à fait raisonnable.

