The Devil’s Rejects
Vous souvenez-vous de la scène de The Streetfighter où Sonny Chiba arrache hargneusement d’une poigne de fer la virilité d’un grand black ? Alors imaginez-vous à la place de celui-ci pendant près de deux heures et vous aurez un aperçu de ce que l’on ressent à la vision de The Devil’s Rejects. Mais attendez, ce n’est pas désagréable comme sensation, loin de là !
Second film de Robert Cummings aka Rob Zombie, après un The House Of 1000 Corpses de bonne facture, The Devil’s Rejects quitte les terres du fantastique pour rejoindre celles du road movie et du revenge flick typés 70’s. Le film débute dans la maison de la joyeuse famille Firefly, composée de Mother Firefly (Leslie Easterbrook, Karen Black n’ayant pas rempilé pour le rôle), de Baby (la magnifique et timbrée Sheri Moon, madame Zombie à la ville) et d’Otis B. Driftwood (Bill Moseley). Leur doux foyer est alors encerclé par la police, avec à sa tête le shérif John Wydell (l’excellent William Forsythe), frère du policier victime de cette famille au précédent opus. L’assaut est donné sur la maison ; Mother Firefly est faîte prisonnière -non sans résistance- alors qu’Otis et Baby parviennent à s’enfuir. Ils préviennent le Captain J.T. Spaulding (le génial Sid Haig) qui doit les rejoindre. Ainsi commence l’infernale cavalcade.
Zombie (musicien -leader de feu White Zombie, et de l’actuel Rob Zombie-, auteur de comics mais avant tout fan de films de genre) a réellement progressé depuis son premier film. Adieu effets clipesques, lumières à la Planète des Vampires de Bava mal maîtrisées et expérimentations en tout genre (qui ne gâchaient en rien la vision de sa première œuvre, ne vous méprenez pas). Bonjour au grain de la pellicule, aux cadrages soignés et à la lumière naturelle. Sa structure narrative n’est pas sans rappeler celle de From Dusk ‘Till Dawn, mais The Devil’s Rejects est beaucoup plus maîtrisé dans le fond et dans la forme. Nous sommes dans un film « réaliste », un pur joyau d’exploitation qui n’aurait pas juré s’il était sorti durant les années 70. Sans références immédiatement détectables et clins d’œil appuyés vers le public (quelqu’un a dit Kill Bill ?), le film dans son ensemble fait penser à, entre autres, Badlands de Terrence Malick, Bonnie & Clyde d’Arthur Penn, The Wild Bunch de Sam Peckinpah et bien sur aux deux premiers Texas Chainsaw Massacre de Tobe Hooper et au The Hills Have Eyes de Wes Craven.
Ici, le spectateur n’est pas complice des actes perpétrés à l’écran. Les personnages sont détestables (mention spéciale à William Forsythe en pourfendeur de démons), la violence fait mal et l’ambiance est bien malsaine : le passage où Otis et Baby (« Chinese, japanese, dirty knees, look at these... ») retiennent en otage un groupe de country dans une chambre d’hôtel est poisseux et étouffant à souhait. Bref, il y a du vomi, des tripes, du sang et de la nudité. Que demande le peuple ?
Pas de manichéisme donc et la question de la légitimité de la vengeance est mise en avant. Paradoxalement, on arrive à avoir une certaine sympathie, voire même de l’affection pour les trois « héros » pourchassés. Car Rob Zombie aime ses personnages et nous transmet cet amour. L’ambiance oppressante est renforcée par des dialogues au rasoir. Chaque réplique étant appelée à devenir culte, autant que le sont les acteurs qui les assènent. Car c’est un véritable défilé de gueules du cinéma de genre et de seconds couteaux. Pêle-mêle, vous retrouverez Geoffrey Lewis -I- (Mon Nom Est Personne, Heaven’s Gate, Way Of The Gun), Danny Trejo -II, à droite- (From Dusk ‘Till Dawn, Animal Factory), le catcheur Dallas Page aka DDP -II, à gauche-, Ken Foree -III- (Dawn Of The Dead), P.J. Soles -IV- (Halloween), Michael Berryman -V- (The Hills Have Eyes)... Le seul bémol serait qu’ils sont parfois sous-employés, mais quel plaisir de les revoir à l’écran !
Les effets spéciaux physiques -bien que beaucoup d’effets soient faits en C.G.I., faute de moyens et de temps- ont été réalisés par Robert Kurtzman, l’ancien K de KNB. Et même si le film est beaucoup moins gore que The House Of 1000 Corpses, le maquilleur a pu laisser pleinement exprimer ses talents (la fin du passage de l’hôtel). Tout comme Tyler Bates (Dawn Of The Dead 2004), auteur d’un score qui colle parfaitement à l’esprit du film. De plus, la soundtrack est juste somptueuse, mêlant ballades, blues, country et rock sudiste avec des morceaux de Lynyrd Skynyrd, Kitty Wells ou du Allman Bros. Band. (une B.O. à écouter en boucle jusqu’à la fin des temps, entrecoupée des dialogues du film). Bref, vous aurez compris que ce film est un pur concentré jouissif pour tout fan de film de genre. Un chef-d’œuvre, voilà, le gros mot est lâché ; et son réalisateur un futur (?) grand du cinéma.
Et, ô joie, ô bonheur, alors que The House Of 1000 Corpses n’a même pas eu le droit à une sortie DVD en notre beau pays, The Devil’s Rejects aura les honneurs d’une sortie salles le 26 juillet 2006. Pour les plus pressés d’entre vous, il est déjà sorti en Zone 1 dans une version unrated pleine de bonus, dont une scène faisant intervenir le docteur Satan de The House Of 1000 Corpses, coupée au montage pour garder le côté naturaliste du métrage.
Vous pouvez demander à Sonny de lâcher la pression maintenant.
Site officiel : http://www.thedevilsrejects.com




