The Divine Move
Les premières minutes de The Divine Move me faisaient craindre un polar très stylisé et plein d’esbroufe. Ce dont il n’est pas totalement dépourvu, avouons-le. Mais au final, le réalisateur possède quelques bonnes cartes dans sa manche et nous livre un film - agréable n’est peut être pas le mot juste étant donné ses jaillissements d’intense violence - mais qui m’a conquis.
Accusé à tort du meurtre de son frère, assassiné à la suite d’une partie de Go truquée, Tae-suk est condamné à la prison. Le brillant joueur de Go s’y mue en combattant grâce à l’aide du caïd de l’endroit, lui aussi amateur de ce jeu. Une fois libéré, son seul but est de venger son frère de l’équipe de truands qui l’a égorgé et continue de plumer les naïfs en organisant des parties de Go. Ne pouvant y parvenir seul, il constitue une équipe formée de l’ancien complice de son frère et, clin d’œil aux films d’arts martiaux, d’un maitre de Go aveugle et de son ami manchot. Ces derniers doivent leur handicap à une partie de jeu de Go truquée qui a mal tourné. A eux quatre, ils vont essayer de prendre leurs adversaires à leur propre jeu.
The Divine Move est centré sur le jeu de Go, mais il fonctionne comme une partie d’échecs où l’équipe cherche à se débarrasser des pièces de l’adversaire afin d’atteindre le roi. Je ne possède qu’une très vague compréhension du jeu de Go, mais cette absence de connaissance ne constitue un handicap pour apprécier le film. Il reste un film d’arnaqueurs classique. Le gogo du Go est appâté par des gains faciles avant d’être plumé par des méthodes plus ou moins sophistiquées. Des pièces de Go, transformées en arme en étant glissées dans un bas, rappelleront d’ailleurs les oranges du formidable Les Arnaqueurs de Steven Frears.
Les combats du film, dont le montage est particulièrement réussi et sharp, réservent quelques belles fulgurances. Le réalisateur a un goût sûr pour des angles surprenants et efficaces, comme à l’occasion du bref affrontement dans un escalier. J’ai aussi beaucoup apprécié son utilisation, lors de plusieurs scènes, d’action filmée à la verticale. Elles sont à mon avis insuffisamment utilisées d’habitude dans les films d’action en dépit de leur potentiel.
Ce long métrage de Jo Bum-gu m’a aussi conquis grâce aux personnages constituant l’équipe de Tae-suk. Une fois oubliée l’assez improbable transformation de ce dernier, de joueur de Go professionnel barbu en tueur à mains nues et beau gosse, Jung Woo-sung fait profiter au film de sa classe naturel à l’écran. L’ex-complice de son frère joue, lui, classiquement le rôle de faire valoir comique, qui n’est pas de trop dans ce film parfois très violent. J’ai aussi retrouvé avec plaisir le toujours impeccable Ahn Sung-ki dans le rôle du maître aveugle.
Si The Divine Move fait la part belle aux hommes, dans la composition des équipes et le temps de présence à l’écran, il est plus féministe qu’ils n’y paraît. Si les femmes demeurent souvent dans l’ombre, elles dominent cependant les hommes par leur intelligence.
The Divine Move a été projeté lors de l’édition 2014 du Festival du Film Coréen à Paris (FFCP).
Remerciement à l’équipe du festival, notamment à Marion Delmas.





