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Japon

The Drudgery Train

aka 苦役列車 | Japon | 2013 | Un film de Nobuhiro Yamashita | avec Mirai Moriyama, Kengo Kora, Atsuko Maeda, Makita Supotsu et Tomorowo Taguchi.

En lisant récemment certaines critiques de cinéma, je me faisais la réflexion que leurs auteurs étaient parfois bien fainéants d’associer des réalisateurs pour le plus petit commun dénominateur. Et voilà que je visionne The Drudgery Train qui me fait fortement penser aux livres de Bukowski. Moi aussi succomberais-je à la facilité ? Possible.

Loin de l’image du salaryman au travail assuré jusqu’à la fin de ses jours, Kanta travaille comme journalier. S’il le souhaite, il se présente et décharge des sacs de ciments d’un camion. Son morne quotidien est rythmé par ces déchargements, interrompus par son déjeuner, synonyme de bento froid et d’un clope. Il finit sa soirée dans un peep-show après avoir mangé dans un restaurant, avant de regagner son logis, une pièce de quelques tatamis. Jusqu’au jour où, dans le petit bus qui l’emmène sur le lieu de son labeur, il rencontre un jeune de son âge, Shoji, qui est monté à Tokyo pour étudier dans une école professionnelle. D’autres perspectives semblent s’ouvrir pour Kanta.

The Drudgery Train m’a rappelé les œuvres de Bukowski dans sa description d’un homme vivant en marge de la société, survivant grâce à des petits boulots, et se distinguant dans ce milieu par son goût pour la lecture. Le lot de scènes graveleuses rapproche encore un peu plus le film de l’univers de l’écrivain américain.

J’ai éprouvé quelques difficultés à me faire au jeu de l’acteur principal, qui, dos voûté, visage grimaçant, porte les stigmates physiques de sa triste vie même s’il a tout juste 19 ans... Un peu too much pour moi. Son jeu m’a fait penser à celui de Gérard Blain dans Le Beau Serge de Claude Chabrol, autre jeune homme mal dans sa peau.

Le réalisateur Nobuhiro Yamashita, qui a obtenu une certaine reconnaissance grâce Linda, Linda, Linda, montre une période de la vie de Kanta où elle pourrait retrouver un cours plus normal, c’est-à-dire plus conforme aux canons de la société japonaise. Vivant dans la marge depuis son adolescence, il est dépourvu des codes qui régissent la vie en société. Il peut donc difficilement s’en extirper par lui-même. Son inadaptation sociale n’est jamais aussi flagrante que dans ses relations avec les femmes. Elles se résument pour l’essentiel aux seules professionnelles des peep-show. Attiré par une étudiante travaillant dans la librairie, Kanta est confronté à un problème insoluble. Il trouve en Shoji une personne de son âge, à cheval entre le monde normal et le sien, qui va lui servir d’interface sociale.

The Drudgery Train est aussi une plongée dans « l’arrière-cuisine » de la fin des années 80, à l’apogée du miracle et du modèle économique japonais. Un modèle dont les règles sont moins universelles que celles régissant les relations sentimentales. Quand Kanta change de statut, passant de journalier à magasinier, il obtient certains avantages comme les repas chaud à la cantine le midi, mais sa place dans la hiérarchie n’est pas assez élevée pour bénéficier d’une assurance le couvrant pendant son travail !

The Drudgery Train est une chronique qui ne possède pas de climax, comme l’expliquait notre collègue Dimitri Ianni dans sa présentation lors de la projection du film au festival Kinotayo, ce qui ne l’empêche pas de finir sur un bang !

The Drudgery Train a été présenté en compétition lors de l’édition 2013 du festival Kinotayo, où il a obtenu le Prix Canon de la Meilleure Photographie.
Remerciements à Dimitri Ianni.

- Article paru le lundi 27 janvier 2014

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