Sancho does Asia, cinémas d'Asie et d'ailleurs
Hong Kong | Category III

The Eternal Evil of Asia

Hong Kong | 1995 | Un film de Man Kei Chin | Avec Ellen Chan, Kwok-Bong Chan, Ben Ng, Lily Chung, Elvis Tsui, Chin Gwan, Meng Lo, Julie Lee, Yuen King-Tan, Ng Shui, Bobby Au Yeng, Baat Leung

Mesdames et messieurs, veuillez écarter les plus jeunes de l’écran. Encore un peu... Voilà. Parfait. Nous pouvons commencer...

La CAT III se traîne une réputation loin d’être des plus heureuses ; il faut dire aussi que derrière ce fameux sigle se cache une multitude de navets scandaleux, opportunistes, scabreux, immoraux et j’en passe. Mais il ne faut pas oublier que ce n’est pas, à la base du moins (car c’est désormais en passe de le devenir) un sous-genre à proprement parler du cinéma HK ; à la base, il s’agit ni plus ni moins d’une classification pour les adultes. Et, nous le savons tous, il existe du cinéma pour adultes de qualité : Urotsukidöji, par exemple, est l’un des meilleurs dessins animés fantastiques à avoir jamais vu le jour, en dépit d’un traitement... hallucinant. Mais nous n’allons pas vous offrir un panorama mondial du cinéma "villain" (nous nous en occuperons sans doute un jour sur Sancho goes Mondo, ne vous inquietez pas). Aujourd’hui, ce qui nous intéresse, c’est justement l’un de ces films, hautement décadent mais infiniment respectable - j’ai nommé : The Eternal Evil of Asia.

Le film débute sur un résumé comico-horrifique pré-générique de certaines croyances asiatiques et de leur importance dans la culture chinoise et thaïlandaise : sorciers et sorcières, ainsi que leurs enchantements - bénéfiques ou dévastateurs - ne sont pas un sujet à prendre à la légère en Orient. L’histoire qui suit s’en veut une démonstration... démonstrative.
Après un générique porté par une excellente musique qui ravira tous les fans de metal, nous retrouvons Nam et sa petite famille (femme et fils), qui reviennent tout juste d’enterrer les parents de monsieur. La soirée se déroule normalement (Nam traite son fils de bâtard et le menace de le tuer, le couple se dispute) jusqu’à ce que l’heureux mari reçoive un coup de fil de ses parents décédés, qui déclarent ne pas vouloir rester enfermés dans leurs cercueils humides. C’est alors que les hallucinations commencent pour Nam, l’entraînant dans une folie meurtrière qui va l’amener à décimer sa famille et ses voisins à l’aide d’un hachoir bien aiguisé avant de se jeter du haut de son immeuble.

Nous rejoignons ensuite May (Ellen Chan), la promise de Bon, ami de Nam, dans son salon de coiffure, où elle suit un cours de fellation de la part d’une de ses amies coiffeuses ( !!!). Elle reçoit un coup de fil de Bon qui lui annonce le décés de leur ami commun. Mei, sorcière d’origine thaïlandaise et meilleure amie de May, décèle derrière le récit de ces évènements inhabituels un envoûtement certain. De leur côté, Bon, Kong (Elvis Tsui, qui incarne ici le frêre d’Ellen Chan) et Kent commencent à avoir sérieusement la trouille. Car il se trouve que les trois hommes partageaient avec Nam un secret : partis en vacances en Thaïlande quelques semaines auparavant, ils ont offensé un sorcier au pouvoir immense, Laimi, qui cherche sûrement à se venger de la mort humiliante infligée involontairement à sa soeur Shui-Mei par le quatuor. Et nos trois amis ont bien raison d’avoir peur, car leur cauchemar ne fait que commencer...

La première chose que l’on peut dire de The Eternal Evil of Asia c’est que, contrairement à bon nombre de films du même genre (car il en existe beaucoup dans l’ex-colonie), il bénéficie d’une production soignée, d’une réalisation excellente et d’un casting hors-norme. La caméra de Man Kei Chin est constamment en mouvement, et l’homme filme aussi bien les scènes d’horreur que les affrontements érotiques qui opposent les forces du bien et les forces du mal. Car, même si The Eternal Evil of Asia se veut un film d’horreur, son univers de prédilection se situe grandement en-dessous de la ceinture - pour le plus grand plaisir du spectateur. Ici, pas de scène de baise interminable à la Daughter of Darkness, mais une nudité utilisée de façon pertinente (et constante) par le réalisateur/auteur. Pour s’en convaincre, il suffit d’assister au duel final du film, aberrant, qui oppose une Ellen Chan débauchée à un Laimi devenue 100% maléfique : les deux s’affrontent au cours d’une partie de jambes en l’air... par âmes interposées ! May s’adonne ainsi à une fellation sur un sexe invisible (en reprenant les conseils qui lui ont été dispensés au début du film), avant de se faire violenter par l’âme de Laimi, tout aussi immatérielle, sur un lustre suspendu à plusieurs mètres au-dessus du sol : effet garanti, d’autant plus que la magnifique Ellen Chan joue son rôle avec une assurance déconcertante - rôle que la plupart des actrices de son rang auraient sans doute refusé illico-presto.

Mais les moments d’anthologie de ce film, court mais extrèmement bien rythmé entre l’horreur, la comédie et l’érotisme fantastique, ne se limitent pas à cette séquence proprement spectaculaire. Pour ne citer qu’un exemple, rendons hommage à Elvis Tsui (la série des Sex & Zen, mais aussi Chinese Erotic Ghost Story - Perfect Match et Viva Erotica), toujours prêt à endosser des humiliations en tout genre. Lorsqu’il rencontre Laimi pour la première fois, il traîte ce dernier de "dick-head". Sa punition ? Devenir ce dont il a traité le sorcier. La photo présentée ci-contre vous donne un avant goût du résultat de cet enchantement si particulier... Le bonheur ! Surtout quand Elvis se met à uriner, ou qu’il se masturbe le cou en regardant un afrontement un tantinet sexuel...

Vous l’aurez compris, The Eternal Evil of Asia fait partie de ces plaisirs coupables que tout fan de cinéma de genre se doit de s’approprier au plus vite, au risque de rater l’un des films les plus déjantés à être sorti des cerveaux fertiles des auteurs HK. Pour adultes irresponsables, certes, mais nous sommes tous dans ce cas, n’est-ce pas ? Alors laissez votre pudeur hypocrite à la porte, et profitez !

The Eternal Evil of Asia était autrefois disponible en DVD chez Ritek (ceux qui ont pressé le fameux DVD de Fist of Legend), mais il y a longtemps qu’il n’est plus disponible.
Il ne reste plus que le VCD édité par Mei-Ah, de qualité supérieure à la moyenne, pour se repaître de la folie douce de Man Kei Chin...

- Article paru le dimanche 14 octobre 2001

signé Akatomy

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