Sancho does Asia, cinémas d'Asie et d'ailleurs
Hors-Asie

The Getaway

aka Guet-Apens | USA | 1972 | Un film de Sam Peckinpah | Avec Steve Mac Queen, Ali Mac Graw, Ben Johnson, Sally Struthers, Al Lettieri, Slim Pickens, Richard Bright, Jack Dodson, Dub Taylor, Bo Hopkins, Roy Jensons

Si La Horde Sauvage est le plus célèbre des films de Sam Peckinpah, The Getaway (Guet-Apens) est sans doute le plus connu du grand public, et le seul à avoir fait l’objet d’un remake. Un honneur qui s’explique par la qualité de son héros, Steve Mac Queen, dont c’est après Junior Bonner la deuxième collaboration avec le grand Sam.

Même s’il s’agit d’un film de commande avec Mac Queen en tant que coproducteur, Peckinpah est au sommet de son art. Au cours des deux années suivantes, il livrera Pat Garret and Billy the Kid, qui dans sa version restaurée est mon film préféré du maître, puis Apportez-moi la Tête d’Alfredo Garcia, le film préféré d’une certaine cinéphilie.

Comme à son habitude, Sam Peckinpah apporte un soin particulier à la séquence d’ouverture. Par le montage sonore et visuel, il installe le spectateur dans l’esprit de "Doc" MacCoy. Le bruit répétitif de la machine sur laquelle il travaille sert de fond sonore à la séquence et renvoit à celui des grilles qui s’ouvrent et se ferment. A cette "musique industrielle" répond le découpage des images : biches broutant en liberté au pied des miradors, épisodes monotones de la vie de prison, demande de liberté anticipée refusée, femme dont la présence n’est que photos sur le mur...

Peckinpah nous fait ainsi comprendre que Doc MacCoy (Steve Mac Queen) est à bout et prêt à tout pour en sortir. "Doc" le fait donc savoir au "businessman" Jack Banyon par l’intermédiaire de sa femme Carol (Ali Mac Graw). De ce pacte faustien découle tout le film : le hold up qui tourne mal, les trahisons - et elles sont multiples -, ses relations avec sa femme, la fuite au travers du Texas...

Guet Apens n’est pourtant pas seulement un film de gangster, il est tout autant un road movie qui se déroule au Texas (clin d’oeil au western, genre de prédilection de Peckinpah), qu’un film de film de couples. Le couple y joue en effet un rôle pivot. Le titre français du roman noir de Jim Thomson adapté à l’écran ne s’appelle pas pour rien, Le Lien Conjugal.

Coïncidence, sur le plateau un couple voit le jour. Après ce film Ali Mac Graw quittera son producteur de mari, Robert Evans (The Kid Stays in the Picture), trop occupé à superviser le montage du Parrain pour aller voir sa femme au Texas, pour se marier avec Steve MacQueen. Mac Graw mettra ensuite sa carrière entre parenthèse pour revenir au cinéma avec un autre film de Peckinpah, Le Convoi (Ah Ali vampant "the duck" - Kris Kristoferson - au volant de jaguar décapotable type E !). Pour clore cette parenthèse "people" qui a cependant dû nourrir le film, ayant joué dans Le Convoi contre l’avis de Steve, ce dernier la quittera.

Paradoxalement, avec ses hauts et ses bas, à travers leur lutte commune pour survivre, Sam Peckinpah nous raconte la reconstruction d’un couple. Les thèmes de la trahison et de la loyauté/fidélité chers au cinéaste sont aussi au coeur de ce film, mais non dans un environnement de mâles comme à son habitude, mais dans un couple.

Sam Peckinpah a déclaré à propos de ce film qu’il s’agissait de sa première tentative non réussie de satire. La réconciliation de Karen et de Doc n’a-t-elle pas lieu sur un tas d’ordure ? Une satire qui est surtout véhiculée par l’autre couple du film constitué un des acolytes de "Doc" dans le hold-up, Al Lettieri (Solozzo dit le turc dans Le Parrain) et Sally Struthers vedette d’un célèbre soap de l’époque, All in the Family. Ce deuxième couple truculent est le vecteur des scènes les plus drôles du film, et fait contrepoint au premier couple quasi-WASP de gangsters. Une intrigue parallèle qui reste secondaire, mais selon certaines sources, Al Lettieri se serait plaint que trop de ses scènes aient été coupées...

Une des forces du film réside également dans l’approche réaliste choisie par Peckinpah, une autre marque de fabrique de Sam. Déjà La Horde Sauvage s’inscrivait dans le contexte de la vague des westerns réalisés en réaction à ceux politiquement corrects de l’age d’or d’Hollywood. Ici plus prosaïquement, Peckinpah a fait le choix de ne pas tourner au studio, mais au Texas, ce qui donne un vrai "grain" au film.

On aurait pu craindre après 30 ans et moult gunfights que les scènes d’action fassent pales figures. Eh bien non, la scène de "gunfight" dans l’hotel par exemple reste toujours aussi efficace. Comme quoi, même si on a depuis eu l’occasion de voir des scènes de ce type mais d’une ampleur autrement plus importante, tant en termes de durée, de morts que de chargeurs tirés, le style Peckinpah tient encore la distance.

Un des reproches qui est classiquement adressé à ce film a trait à son dénouement. Celui-ci est édulcoré tant par rapport à ceux plus traditionnellement pessimistes des films de Peckinpah, que de celui du roman. Pourtant si la fin est heureuse, elle est surtout joyeusement amorale.

On regrettera que l’oeuvre de Pechkinpah n’a pas encore fait l’objet, mis à par Les Chiens de Paille, d’une édition digne de ce nom en DVD.

The Getaway est disponible en DVD (Warner), un peu partout dans le monde.

- Article paru le lundi 13 octobre 2003

signé Kizushii

Hong Kong

Mad Detective

Japon

Fleur pâle

Japon

The Drudgery Train

Japon

Dans un jardin qu’on dirait éternel

Chine

She, a chinese

Hors-Asie

Generation Kill

articles récents

Hong Kong

Life Is Cheap... But Toilet Paper Is Expensive

Japon

La Harpe de Birmanie

Japon

La Vengeance de la sirène

Japon

Le Pavillon d’or

Chine

Les Feux sauvages

Japon

Cruel Gun Story