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Japon | Etrange Festival 2003

The Heartbreak Yakuza

aka Saraba Itoshiki Ito Yo - Mélodie pour un Yakuza | Japon | 1987 | Un film de Masato Harada | Avec Hiromi Gô, Mariko Ishihara, Kazuya Kimura, Reiko Nanjo, Akira Emoto, Rikiya Yasuoka, Kôichi Satô, Yasuo Daichi, Kimiko Yo, Yoshio Harada, Yûya Uchida, Susumu Terajima

Amour, honneur et nostalgie de l’enfance...

Shuji, un yakuza, doit éliminer Kiuji, le boss du clan adverse. Pourtant, face à ce dernier, il décide de lui épargner la vie... Ses supérieurs, indignés par cette prise de décision allant à l’encontre de leurs ordres, décident de le mettre hors d’état de nuire, ad vitam aeternam...

Pour son sixième long-métrage, et après s’être attaqué à l’exercice imposé que représente l’idol eiga avec l’OVNI culte Onyanko Za Mûbî Kiki Ippatsu ! (le film des Onyanko Kurabu, les Morning Musume des 80’s !), Masato Harada s’atèle à la première véritable pierre de ce qui constituera son oeuvre future, l’individu seul face à un groupe, face à l’ordre établi... Saraba Itoshiki Ito Yo, réécrit par Harada lui-même (la Shochiku lui imposa l’histoire originale), est mis en chantier par Kazuyoshi Okuyama - producteur tentaculaire notamment de 3-4 X 10gatsu (Kitano), Erotikku na Kankei (Wakamatsu) ou Gonin (Ishii), et réalisateur de l’envoûtant Rampo -, sous l’égide de sa Team Okuyama, afin de promouvoir la carrière d’acteur du chanteur bellâtre Hiromi Gô (dont c’est l’avant dernier film japonais)...

Idée préconçue n°1
- pour moi Hiromi Gô rime avec chanteur de variét' à la voix de canard, apprécié des ménagères de moins de cinquante ans, ex de Seiko Matsuda, tout juste bon à reprendre du Ricky Martin... donc, pas un acteur.
Idée préconçue n°2
- Saraba Itoshiki Ito Yo est un film mineur dans la carrière de Masato Harada, puisque tout le monde sait que son premier vrai film est Kamikaze Taxi... bref, une commande de plus.
(à suivre...)

Lorsque Shuji devient gênant pour les siens, son esprit est ailleurs... Yakuza solitaire, homme à femmes, bon soldat prêt à tout pour l’honneur de son clan, il change de comportement après avoir retrouvé son amour de jeunesse. Tout va pour le mieux, lorsque la jeune femme reçoit une balle perdue qui était destinée à Shuji. Elle perd partiellement la vue... L’honneur du yakuza laisse place au désir de venger l’honneur d’une femme ; une femme qu’il aime plus que tout au Monde, sa seule et unique raison de vivre... ou de mourir... Acculé par le microcosme violent qui l’entoure, Shuji doit faire face aux membres de sa "famille" d’adoption, mais également au désir de vengeance du clan adverse qui lui envoie ses tueurs...

(suite)
...le film de commande existe depuis les débuts du 7ème Art. En général, est appelé ainsi, un film dont le scénario est écrit par un ou plusieurs scénaristes choisis par la production, qui impose un casting et donne le travail à faire à un réalisateur qui n'a généralement pas son mot à dire...
(à suivre...)

Il arrive que le processus de "commande" soit quelque peu modifié. Dans le cas de Saraba Itoshiki Ito Yo, Masato Harada est parvenu à un compromis intéressant :
- primo, le pouvoir de réécrire le scénario fourni de A à Z;
- secundo, être le responsable du casting, hormis pour les deux rôles principaux;
- tertio, lui incombe le choix des endroits où tourner...
...bref, une quasi-totale appropriation d'un sujet et d'un projet qui n'étaient pas siens au départ.

L’individu seul qui s’élève face au pouvoir, face aux institutions en place, thème récurrent de l’œuvre de Harada, qui s’attaque aux maux de la société japonaise, de la politique de l’autruche face à l’immigration (Kamikaze Taxi), à la corruption au sein des grands groupes bancaires nippons (Kinnyû Fushoku Rettô [Jubaku]), en passant par la prostitution des lycéennes (Bounce Ko-Gals) ou la lourdeur de la hiérarchie (Totsunyuseyo ! [Asama Sanso] Jiken), il façonne dès Saraba Itoshiki Ito Yo un édifice qui mettra encore quelques années à s’élever (sept ans et six films avant Kamikaze Taxi), mais dont les fondations débutèrent dès 1987...

(suite)
"(...)les personnages ne dégagent aucune force(...)"...cet extrait de phrase fût prononcé par Masato Harada faisant preuve d'une autocritique au-delà de toute réelle objectivité. Un metteur en scène sévère envers lui-même et son travail; "(...) j'étais jeune à l'époque, et au lieu de travailler une scène qui passait mal, je préférais la couper au montage(...)". Un Harada nous contant les caprices d'une actrice principale qu'il n'avait pas choisie, ou encore étonné de constater qu'un grand nombre d'acteurs de son film aient arrêté leur carrière ou soient décédés...
(Fin.)

Shuji, yakuza mélancolique, héros sublime, dur et tendre, troublé par un amour qui lui rappelle une jeunesse passée, loin derrière lui, une enfance emprunte d’un sentiment de liberté, de légèreté, de bonheur et d’invincibilité ; une enfance incarnée par l’Amour de sa vie, auprès de laquelle il oublie tout, pour redevenir Tom Sawyer, le héros créé par Mark Twain qui incarne la liberté dans toute sa perfection... Hiromi Gô, qui prête ses traits à Shuji, parvient à insuffler à son personnage force et fragilité... Mais en dehors de son héros, Harada s’attache à dépeindre des seconds rôles de manière travaillée, tel Tetsu, personnage interprété par Kazuya Kimura (Gokudo no Onnatachi II, Gonin, et rôle principal des cinq direct to video Tafu), impliqué dans son rôle, qui tel Le Petit Prince est avide d’apprendre de son mentor, Shuji, qu’il aime/respecte profondément... Saraba Itoshiki Ito Yo, sans entrer dans des détails de distribution, possède un casting alléchant, de Reiko Nanjo (Maboroshi no Mizuumi) à Kôichi Satô (Tokarev), en passant par Kimiko Yo (Nûdo no Yoru), Yoshio Harada (Rôningai), Akira Emoto (Revolver), ou encore l’immense Rikiya Yasuoka (Tanpopo), sans parler de cameo de choix, comme l’immense Yûya Uchida (Jukkai no Mosukîto) en officier de police peu bavard...

Tout avis est subjectif... Sur un plan personnel, Saraba Itoshiki Ito Yo m’a profondément touché, me laissant un arrière-goût de perfection. Même si Masato Harada ne peut s’empêcher de critiquer son travail, il parvient malgré tout à transformer une commande en une prémisse de son univers, en même temps qu’un véritable film d’Amour, maîtrisé, beau et mélancolique, une élégie de l’enfance et de la liberté... Tom et Becky se sont retrouvés, et leur amour est plus fort que tout... pour l’éternité.

DVD | Sony | NTSC | Zone 2

DVD uniquement disponible dans l’onéreux (39,500 Yens) et introuvable Box Gô Hiromi DVD Collection Vol.2 Movies... dommage !

VHS | Shochiku | NTSC | Au format [1:85], en mono et sans sous-titres...

Bonus
Site Officiel de Hiromi Gô: http://www.hiromi-go.net

- Article paru le samedi 6 septembre 2003

signé Kuro

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