The Island Tales
Stanley Kwan continue son étude de l’âme humaine à travers les destins croisés de cinq personnes se retrouvant prisonnières sur une île...
Au départ, des gens qui n’ont - presque - rien en commun ; Sharon (Michelle Lee - Fallen Angels, Hyoryugai) une career-lady américaine et son amie Marianne (Kaori Momoi - Swallowtail Butterfly, Bounce Ko-Gals), femme d’origine japonaise qui se passionne pour la photo. Haruki Fukuyama (Takao Osawa), un jeune journaliste de Tôkyô. Han (Julian Cheung - The Suspect, Theft Under the Sun) star du cinéma et de la chanson à Hong-Kong, et Mei-Ling (Shu Qi), une jeune taïwanaise un peu délurée... Ils sont sur cette île en tant que touristes, et, lorsque le gouvernement local décrète un état de quarantaine à cause d’un virus mortel qui se serait propagé, ils se retrouvent coincés sans nulle part où aller et sans rien à faire...
Après un chef-d’œuvre précoce (Rouge - 1987), un film reconnu internationalement (Center Stage - 1992) et une flopée d’excellentes réalisations (Love unto Waste, Full Moon in New-York, Hold you Tight,...), Stanley Kwan signe avec The Island Tales son dixième long-métrage (Yang-Yin : Gender in Chinese Cinema étant un documentaire). Visiblement attendu au tournant par la critique, son film s’est littéralement fait descendre de toutes parts ! Pourquoi ? Kwan est ce qu’appelle le public un "auteur", au sens péjoratif du terme. Il est vrai qu’avec The Island Tales, il ne signe pas sa meilleure œuvre, mais de là à le conspuer ! Les principaux reproches qui lui sont faits viennent essentiellement de la "lenteur" du récit... Certes le film ne brille pas par son action, mais Kwan s’est-il jamais targué d’être un Tsui Hark ?! Non bien entendu, et son sujet ne se prête pas à une débauche d’effets visuels mais repose essentiellement sur les rapports comédiens/réalisateur...
Stanley Kwan filme les réactions de nos cinq protagonistes face à un danger inconnu, symbolisé par le virus et le manque d’informations dont ils sont victimes ; ils s’enferment dans un certain égoïsme, puis survient la mort au sein de leur groupe, lorsque Marianne succombe à une crise cardiaque. Les mentalités changent, la peur de sa propre fin aidant. De vraies amitiés se tissent alors entre eux. Au niveau des acteurs, hormis Michelle Lee (et pourtant...je l’adore...) qui, on le sent bien, n’est pas très à l’aise dans la langue de Shakespeare, leurs performances sont tout bonnement excellentes ; Julian Cheung, "poseur" bien connu que l’on a plutôt l’habitude de voir dans des films d’actions, campe ici une idole mal dans sa peau ; quand Mei-Ling lui demande si c’est amusant de jouer dans des films, c’est le visage éteint et les yeux plongés dans le vague qu’il lui répond par la négative. Kaori Momoi, que l’on a vu chez Shunji Iwai, Masato Harada et bien d’autres, prouve une fois de plus qu’elle est l’une des actrices sur lesquelles il faudra compter. Mais c’est surtout Shu Qi, qui dans le rôle de Mei-Ling est sans aucun doute le personnage le plus émouvant et peut-être le plus fragile du film ; sous son apparence de jeune fille délurée et optimiste, elle cache une profonde tristesse et une mélancolie certaine.
Kwan se serait-il projeté dans le personnage interprété par Julian Cheung ?... pour lui, le cinéma n’est pas un jeu mais plutôt une manière d’exorciser ses phobies et d’analyser les relations inter-humains, ce qui n’a donc rien de particulièrement "amusant". Gageons que Stanley Kwan, l’un des plus grands réalisateurs Hong-Kongais post nouvelle vague (il fût d’ailleurs l’assistant-réalisateur de Ann Hui) trouvera un jour les réponses à ses questions. En tous cas The Island Tales y contribue...
DVD | NTSC | Zone 3 | Ocean Shores | Format : 1:1:66 - 4/3 | Images : Bof ! Ocean Shores n’est pas un éditeur qui a l’habitude de particulièrement soigner ses pressages... | Son : Un surround qui a trop souvent des allures de Mono élargi. | Sous-titres : Anglais et Chinois imposés sur le film. | Au niveau des suppléments on a droit à une bande-annonce (Whaou !!!...).
Le film existe également en VCD.


