The Lizard
"Robin Hood in my film" - Kim Sung-Soo dans une interview donnée à Sancho does Asia lors du 4ème Festival de Deauville.
LÉZARD. (définition provenant de Zeus, dic.en ligne) n. m. Genre de reptiles sauriens à quatre pattes et à longue queue. Les lézards habitent ordinairement dans les trous de muraille. Un gros lézard. Un lézard vert. Un lézard gris. Fig. et fam., Faire le lézard, Se chauffer paresseusement au soleil comme le lézard.
Un homme masqué entre par effraction dans une maison. Sans tergiverser, il empoche des bijoux cachés dans un coffre, juste avant de surprendre une scène olé-olé entre un couple d’occidentaux. La lumière s’éteint enfin et il peut laisser derrière lui un petit lézard rouge (pas un vivant hein !!), sa signature. Le lendemain Yo Chin Biao, doyen des flics, se fait enguirlander, ainsi que toute la milice policière, par son supérieur. Chen Long, un des jeunes policiers et accessoirement la risée du reste du commissariat du fait de son léger bégaiement, est lui aussi pris à parti.
Heureusement le Chief Investigation Officer (traduisez vous-même), tout de blanc vêtu, calme le jeu et regonfle ses troupes. Devant tant de bonne volonté, le directeur du service avoue à Chen Long que si le Lézard se trouvait à deux rues de lui il le reconnaîtrait. L’ennui c’est que dès le premier gros plan de Chen Long, nous on l’a reconnu : le Lézard c’est lui. Le pire, c’est la surenchère du directeur qui ajoute qu’il arrêtera le Lézard parce que lui bah c’est un génie !!
Mais l’homme en blanc qui dirige la ville et que l’on croît honnête, n’est en fait qu’une crapule de la pire espèce. En effet, il dirige aussi le bordel et c’est fréquemment qu’il effectue lui-même les basses besognes : tuer des fiancés dont la promise a été kidnappée, ou encore acheter des armes au Japon.
Cheng Long, pardon le Lézard, entretient une amitié tout ce qu’il y a de plus platonique avec Biao Ju, la petite fille du vieux Yo. Et c’est lors du dernier vol de bijoux qu’elle découvre réellement son ami d’enfance. Maintenant qu’elle sait qu’il ne bégaie pas vraiment et qu’il est le Robin des Bois des temps modernes, Biao laisse libre cours à son amour. Mais c’est sans penser à Eddy Barclay (l’homme en blanc), qui entend faire de Biao sa femme et trucider le Lézard...
Un film qui commence par une scène de cambriolage puis de cul ne peut pas être vraiment mauvais, n’est-ce pas ? Eh béh croyez-moi, il faut toute la sournoiserie de Lo Lieh et la beauté de Chen Pao-Chu pour ne pas sombrer dans le burlesque, voire l’humour téléphoné.
L’homme que les défavorisés prennent pour le Robin des Bois moderne cache bien son jeu en se faisant passer pour un simplet en bégayant. Déjà à l’époque quand on bégayait on était vite catalogué, comme aujourd’hui de toute façon. Bon donc, comme un Bruce Wayne, un Don Diego DelaVega ou mieux encore un Clark Kent, Le Lézard doit garder secrète sa véritable identité. Bruce Wayne (version Michael Keaton) lui est gaffeur, maladroit et torturé. Don Diego (version Guy Williams et Alain Delon - ah pardon j’oubliais George Hamilton) est efféminé, superficiel et oisif. Clark Kent (version Christopher Reeve), sans doute plus proche du Lézard que les autres, est un journaliste qui fait tout ce qu’il peut pour passer pour un "brave gars", un peu gentillet.
Le Lézard est-il le héros que toute la population et même le vieux Yo idolâtrent ? Le Lézard n’aide pas seulement les déshérités mais tente aussi de remettre dans le droit chemin les joueurs invétérés. Il aide aussi à sa façon sa promise, tel James Gardner dans le génial Maverick (Richard Donner) qui participe à une fusillade de loin pour sauver Mel Gibson. En tous cas, le jeu à la mode est vite adopté, puisque tout le monde se déguise en Lézard - enfin décide de s’habiller en noir, non pas d’enfiler un costume vert avec des écailles.
Que dire sur l’inénarrable Lo Lieh sinon que ses sourires narquois et sa grande ambiguïté de comportements sauvent littéralement le film. Moi je ne vois plus que par lui... je l’adore !!!
Bien entendu, Yuen Hua tire son épingle du jeu de façon honorable. Personne ne joue le bégaiement comme lui et il est tellement magnifique en noir... Bien qu’après réflexion la présence de la marathonienne des plateaux Chen Pao-Chu éclabousse de lumière les autres acteurs. Signalons que The Lizard était son unique grand retour au cinéma après quelques années d’études à l’étranger. Ce n’est que bien plus tard qu’elle reviendra sur le devant de la scène, ou plutôt sur les planches (Red Boat et Sentimental Journey). Ayant participé à plusieurs trentaines de films dans sa longue carrière, elle fut l’héroïne de Girls are Flowers ou encore Young, Pregnant and Unmarried, dont je vous cite les titres car il me semblent chargés d’un je ne sais quoi.
C’est l’énergétique Yuen Hua qui a été choisi pour compléter ce trio. Possédant une carrière beaucoup moins prolixe que ses acolytes, Yuen Hua, héros de Ghost Story et de Jade Tiger, mit fin à sa carrière après le Rumble in the Bronx de Stanley Tong.
Bi Hu nous donne l’occasion d’assister au rendez-vous amoureux le plus cocasse et surtout le plus coûteux de la planète, celui-ci se terminant par une effraction en amoureux très romantique. Et puis en plus on a enfin la preuve que les bisous au dessus du nombril font vachement d’effet. Ca doit être les burgers ou plus certainement la moustache.
Le film ne finit pas si bien que ça, malgré la musique digne d’un final d’un film de La Dernière Séance. Vous savez, quand la belle enlace son bien aimé et que le Philharmonique conclut le film. Tiens en parlant de musique, il me semble avoir reconnu du Pink Floyd !! Par contre pour ce qui est de la musique originale, elle est tout de même bien sympa, et signée Chen Yung-Yu.
Bi Hu est plus une pochade policière qu’autre chose mais avec toujours ces petits détails scénaristiques qui en font un film spécial, qui ne peut être issu que d’une île, d’une contrée où les scénaristes n’ont peur de rien. C’est déjà ça !
LÉZARD.(définition Sancho) n. m. Travesti et grand voleur japonais ayant joué pas moins de deux fois sous la direction de Kinji Fukasaku (Kuro Tokage et Kurobara no Yakata) et aimant rajouter la couleur noir à son titre ronflant de reptile. Dans certaines cultures c’est aussi une chtite bêbête à sang froid dont la queue repousse quand on la coupe !!
DVD HK (zone 3) édité par Celestial Pictures dans le cadre de la collection Shaw Brothers.
Toujours remasterisé de folie, à croire que le film date de 2002, The Lizard est présenté au format d’origine 2.35 et fait partie des tous derniers pressages anamorphiques de l’éditeur.
Au niveau du son, le mono gonflé en 5.1 est de bien meilleur facture qu’avant. Le film est n’est proposé qu’en mandarin (langue d’origine). Les sous-titres présents sont chinois, anglais, indonésien et malais.
Suppléments : photos (captures d’écran) et affiche originale, quelques notes de productions, des bios et des filmographies sélectives et pour finir des bandes-annonces. Celles d’époque et d’aujourd’hui en ce qui concerne The Lizard. Et en plus, sont présentes sur le DVD les bandes annonces de Love Parade, Legend of the Bat (ça a l’air terrible !!), Let’s Make Laugh et Emperor Chien Lung and the Beauty.




