The Machine Girl
Shampoing au sang pour tout le monde !
Ami et son frère Yu sont livrés à eux-mêmes depuis que, accusés de meurtre, leurs parents ont mis fin à leurs jours. Si Ami, tout sourire, minauderie et amitié féminine fusionnelle, est une jeune femme épanouie, son petit frère lui, souffre d’un racket épouvantable des mains de Sho Kimura, fils de yakuza et héritier de la tradition ninja, et de son gang de joyeux branleurs. Ami ne se doute rien, et ne voit pas arriver le décès de Yu et de son pote Takeshi, balancés nonchalamment du haut d’un immeuble. Transformée en démon – aux traits toujours aussi fins, je vous rassure – au nom de la vengeance de son frère, Ami tente de s’attaquer à la famille de tatoués et y laisse un bras. Elle se réfugie alors, en suivant l’esprit de son frangin sponsorisé par David Hamilton, dans le garage des parents de Takeshi, bien que Miki sa mère, tienne sa famille pour responsable de cette spirale de violence. Et c’est dans la violence justement, que les deux femmes s’accordent, s’entraînent et s’entraident, dans le but de transformer Sho en tempura. Un détail tout de même ; Suguru, le paternel de feu Takeshi, offre à Ami une prothèse bien pratique pour remplacer son membre trépassé : une mitraillette...
Une idoru, deux actrices porno, de la friture, des litres d’hémoglobine, une mitraillette et une tronçonneuse, et si possible un soutien-gorge muni de têtes de foreuses : voilà la recette d’un v-cinema tout entier dévoué à un cahier des charges hédoniste. A condition bien entendu, que la violence ultra-gore, décérébrée et vêtue de loose socks fasse partie de votre définition du plaisir.
Il est certain en tout cas, qu’elle fait partie de celle du réalisateur de Oira Sukeban et autres Larva to Love. Transfuge de l’industrie de l’AV nippon, Noboru Iguchi, acteur-auteur-réalisateur iconoclaste, fait une nouvelle fois appel au Screaming Mad George du XXIème siècle, son compatriote Yoshihiro Nishimura (responsable des effets spéciaux de Suicide Club, Meatball Machine et autres Tokyo Gore Police), pour baigner la charmante Minase Yashiro de sang. Dans son enthousiasme bien entendu, un paquet d’autres fluides passent devant l’objectif (notamment à l’occasion d’une soupe à la tête), mais dans The Machine Girl, le rouge prime très largement sur le reste. A tel point d’ailleurs, que la structure en pâtit un peu, le film portant les stigmates du v-cinema lorgnant sur l’international : un nombre restreint de scènes, un tantinet trop longues, pour une tentative de formatage qui ne parvient jamais de toute façon, à éclipser l’héritage culturel de l’ensemble. Ces remarques bien entendu, tiennent de l’objectivité. Mais nous ne sommes pas payés pour être objectifs, puisque nous ne sommes pas payés du tout.
C’est vrai, The Machine Girl aurait peut-être gagné à être un tantinet resserré, à viser les 70 minutes contractuelles du genre lorsqu’il est destiné exclusivement à l’archipel, mais qu’importe : sa générosité ultra-crade et amateur, son jusqu’au-boutisme peu recommandable, ses sourires hors contexte et, simplement, son concept même – une approche évidente du « tout est dans le titre » - font de lui le compagnon idéal de toute soirée un tant soit peu cinéphile. Minase Yashiro pose à merveille, hurle à foison (d’ailleurs ça braille un peu tout le temps à l’écran) et porte aussi bien l’uniforme que le sang, ses copines coquines, une Asami garçonne et l’ultra-féminine Honoka (JAV star qui est aussi écrivain reconnue), sont délicieuses. Leurs étreintes, sanglantes et absurdes, participent au revival d’une époque révolue, depuis que le gore s’en est allé rejoindre son cousin évident – la pornographie – et flirter avec la torture. Et c’est pour cela que l’on est prêt à pardonner un certain manque d’envergure à The Machine Girl, autant que ce bras supposé coupé, que Minase ne se donne jamais vraiment la peine de dissimuler.
En dépit de sa parentée certaine avec l’industrie pour adultes, les chairs dans The Machine Girl ne sont, n’en déplaise aux petits cochons, jamais exposées – tout au plus esquissées, au travers de décolletés vertigineux (merci Honoka) et autres cuisses qui remplissent l’écran (merci Minase Yashiro) – mais Dieu qu’elles sont outragées ! Les doigts sectionnés – et ingérés pour certains -, les membres tranchés, les têtes et abdomens perforés de tous les côtés, par autant de lames, de clous et de marteaux, les seins déchiquetés et j’en passe... Pas besoin vous en conviendrez, de multiplier les décors et les rebondissements, pour exprimer de telles délicatesses. The Machine Girl se concentre sur l’essentiel avec enthousiasme et un talent certain pour le bricolage dégueu, et, si vous ne jurez pas que par Rohmer, c’est cadeau.
Disponible en DVD au Japon dans une édition qui tue et qui coûte assez cher, The Machine Girl l’est aussi en DVD zone 1 nettement plus abordable chez Media Blasters. Normal, puisque ce sont eux qui produisent !





