The Piano in a Factory
Les films de la Chine continentale qui débarquent sur nos écrans tombent dans deux principales catégories. Les grandes fresques historiques ayant reçu l’imprimatur du bureau politique de PCC, et les films d’auteur sérieux, qui rencontrent rarement le grand public, car classés dans l’inconscient collectif, parfois à tort, dans la catégorie des films chiants. Mais je découvre tous les ans dans les festivals des films qui échappent à cette catégorisation, à l’image de The Red Awn ou Getting Home. Des films populaires, qui malheureusement ne trouvent pas le chemin des salles en France. The Piano in a Factory appartient à cette dernière catégorie.
Chen vit seul avec sa fille qui s’entraîne au piano le soir dans une école après sa fermeture sans que la direction ne le sache. Leur bonheur simple va être chamboulé par le retour de sa femme qui semble désormais très bien gagner sa vie. Bénéficiaire du développement économique de la Chine, elle souhaite divorcer, mais surtout emmener sa fille. Pour comble de malchance, la combine de Chen pour que sa fille puisse faire ses gammes est découverte. La fille du couple décide qu’elle ira avec celui qui pourra lui offrir un piano. Ne disposant pas de l’argent nécessaire, Chen a l’idée d’utiliser les équipements d’une usine abandonnée et les compétences de sa bande d’amis pour fabriquer un piano en acier.
The Piano in a Factory est un film est visuellement très stylisé. Il mélange comédie, musique - d’où les nombreuses scènes filmées à l’aide de travellings latéraux comme dans les comédies musicales - et comédies soviétiques. Il s’agit juste d’un feeling pour ces dernières, car je n’en ai pas vu suffisamment. Cette stylisation fait ressortir l’air désuet des personnages et de cette ville. Elle est figée dans le temps, comme ces villes des anciennes républiques de l’URSS dont l’évolution s’est arrêtée dans les années 70.
Certaines scènes comiques ubuesques font également penser aux premiers films d’Aki Kaurismäki, comme les Leningrad Cowboys. Lorsque le groupe d’amis part en camion voler le piano dans l’école, deux des membres sont installés à l’arrière du véhicule et chantent en tenant les pieds des cochons suspendus dans l’habitacle comme des microphones. Cette scène offre une bonne illustration de l’humour du film.
L’aspect sérieux du métrage se trouve dans les décors, notamment l’usine abandonnée dans laquelle les protagonistes construisent ce piano. Ce groupe vit grâce à sa musique, mais on peut penser qu’il s’agit d’ouvriers qui ont perdu leur emploi avec la libéralisation économique. La construction de ce piano est l’occasion pour le réalisateur de célébrer les compétences de ces personnes qui vivent en marge de la nouvelle société chinoise.
Le film est propulsé par une bande originale du tonnerre, composée principalement de chansons russes auxquelles viennent s’ajouter des musiques occidentales et chinoises.
Par honnêteté, j’avoue m’être assoupi lors de la projection tardive du film au cours du Festival du film asiatique de Deauville. Mais la qualité de The Piano in a Factory n’y était pour rien, car le film de Zhang Meng est un vrai plaisir de cinéma : amusez-vous bien !
The Piano in a Factory été diffusé au cours de la 13ème édition du Festival du film asiatique de Deauville (2011), dans la section Panorama.




