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Indonésie

The Raid 2

aka The Raid 2 : Berandal - Serbuan maut 2 | Indonésie | 2014 | Un film de Gareth Huw Evans | Avec Iko Uwais, Yayan Ruhian, Julie Estelle, Arifin Putra, Oka Antara

Après la claque d’un premier opus révolutionnaire et un trailer pudique mais encourageant, il est peu dire que ce Raid 2 était attendu. D’autant plus que les interviews de Gareth Evans, son réalisateur, le faisait passer du statut de suite forcée à celui de projet originel, non tourné pour cause d’ambition démesurée… Las. Le film pâtit de son ambition de film ultime, de cette volonté aussi de surpasser tout autre film d’action et en particulier son prédécesseur. « Plus » n’est pas toujours mieux, c’est juste plus, voire trop. The Raid se passait de justification narrative pour produire un pur moment d’adrénaline. Le second se perd en explications verbeuses de ce qui, au final, ne devrait être qu’un simple plaisir coupable…

Quelques minutes après son extraordinaire purge martiale d’un bâtiment de Djakarta, Rama est envoyé en infiltration d’une famille mafieuse indonésienne. En plein milieu d’une guerre pour le contrôle des territoires, l’objectif du policier est de faire tomber l’ensemble des commanditaires et officiers corrompus…

Avec la bénédiction financière de ses producteurs, Gareth Evans nous offre cette fois une intrigue certes plus élaborée mais néanmoins convenue. On dit souvent que l’inspiration naît de la contrainte et l’absence de contraintes dessert clairement cette suite. L’unité de lieu, les décors minimalistes et les plateaux à taille réduite du premier film focalisaient sur l’action et rendaient les combats impressionnants. Le manque d’argent forçait le réalisateur et les coordinateurs à innover, sans poudre aux yeux, pour notre plus grand plaisir. The Raid 2, et c’est un peu injuste, pâtit de cette comparaison, malgré la débauche de moyens déployés à l’image. L’attrait de la nouveauté, ce Pencak Silat venu d’ailleurs et la fluidité de sa mise en scène, ne joue plus, d’où probablement une bonne partie de ma déception. La comparaison avec The Raid n’explique pourtant pas tout. La volonté du réalisateur de faire un film total donne un résultat plus équilibré mais perd en saveur et en cohérence. Imposantes poursuites en voiture, décors clinquants, emprunts divers aux classiques du cinéma, Gareth Evans se fait plaisir mais en perd le fil, et toute efficacité.

Bien trop long (près de 2h30) pour être incisif, le film empile en plus les clichés, et fatigue inévitablement. Personnages trop nombreux et pour certains franchement ridicules (où est donc passé l’angora blanc du bad guy ?), intrigue artificiellement compliquée, The Raid 2 déçoit sur tous les plans. Mêmes les combats, qui perdent en lisibilité par le nombre d’adversaires impliqués, peinent à faire mouche et à nous clouer au siège. Lorsqu’Evans s’impose sciemment les mêmes contraintes que pour The Raid (les combats dans les toilettes, dans la voiture), il retrouve du punch et de la spontanéité. C’est cependant trop rare et trop proche de l’original pour sauver sa suite. Le même manque d’originalité est évident dans les intermèdes aux combats. La trame est trop prévisible pour en être intéressante, si caricaturale qu’elle en devient, ainsi que les personnages, risibles.

Même le conflit intérieur qui se joue en Rama sonne creux. Si Iko Uwais est toujours aussi attachant dans ce deuxième opus, il peine à trouver le juste équilibre entre scènes d’action et dialogues (équilibre qui n’existait pas dans The Raid, à 100% en faveur des premières). La réalisation des scènes plus calmes, franchement terne, n’aide pas. Si Gareth Evans reste évidemment doué pour filmer les combats, il l’est beaucoup moins pour faire avancer sa narration, ce qui rend le film bancal. Certes il se permet quelques innovations techniques, dans la lignée du premier opus, mais elles apparaissent un peu artificielles, l’augmentation de la taille des décors permettant aux yeux du spectateur de vagabonder loin de l’action et d’y prêter attention. Une attention qui pour ma part a été déstabilisée pendant de longues minutes par le re-casting de Yayan Ruhian (le Mad Dog, décédé, du premier Raid ) dans un rôle différent (et en outre largement sous-utilisé), là où le réalisateur assume dès les premières images la continuité parfaite des deux films. Cela montre encore à quel point Gareth Evans en a voulu trop, a assouvi trop de désirs à la fois, au détriment de la cohérence de l’œuvre.

The Raid était une expérience réussie, en grande partie grâce à l’innovation forcée d’une équipe face au manque de moyens. Ultra-compact, parfaitement focalisé sur l’action, le film laissait le spectateur captif et physiquement touché. Le deuxième opus surfe sur ces louanges méritées mais n’est qu’un patchwork d’ultra-violence justifié par une narration lourdingue et compliquée. Plombé par une inévitable comparaison avec son prédécesseur, The Raid 2 est un film passable mais une suite ratée. Le film d’un enfant gâté du cinéma. Trop vite, trop tôt, visiblement. Raide.

The Raid 2 sort sur nos écrans le 23 Juillet prochain.
Un grand merci à Sandrine Guilhem, Céline Petit et toute l’équipe du Public Système.

- Article paru le vendredi 18 juillet 2014

signé David Decloux

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