Sancho does Asia, cinémas d'Asie et d'ailleurs
Vietnam

The Rebel

Vietnam | 2006 | Un film de Charlie Nguyen | Avec Johnny Tri Nguyen, Veronica Ngô Thanh Vân, Dustin Nguyen, Nguyen Chanh Tin

Atypique héros que celui incarné par Johnny Tri Nguyen dans The Rebel, puisque Cuong, son personnage, est un traître. Dans les années 20 au Vietnam, des soldats d’élites vietnamiens exécutent en effet les ordres des colonialistes français, pour tenter de venir à bout des rebelles dont la colère résonne, avec violence, dans l’ensemble du pays. C’est au cours de l’assassinat d’un haut-fonctionnaire français, que Cuong n’a pu enrayer, que Sy, son supérieur en cheville avec l’envahisseur, met la main sur la précieuse Vo Thanh Tuy, fille du chef des rebelles. Ébranlé par l’incident, au cours duquel il a versé le sang de l’un de ses compatriotes, Cuong voit ses motivations et certitudes se dissoudre dans les tortures inquisitrices que Sy inflige à Vo. Lorsqu’il comprend de plus qu’il y a anguille sous roche, son supérieur aux dents longues au courant de l’attentat avant même que celui-ci ait eu lieu, Cuong se décide à libérer Vo et prendre la fuite avec elle, pour rejoindre le camp des rebelles.

C’est enthousiasmé par la rencontre effectuée, lors de la dernière édition du Festival du film asiatique de Deauville, avec le duo Johnny Tri Nguyen / Veronica Ngo Thanh Van, que j’ai abordé le vision de leur collaboration antérieure, sur laquelle le réalisateur de Clash œuvrait en tant que simple réalisateur de seconde équipe. Bien loin de l’esthétique un tantinet Bruckheimer, urbaine et saturée, de l’opera prima de Le Thanh Son, The Rebel ne s’affirme jamais comme un film d’action simplet et décomplexé, drame historique qui privilégie l’Histoire, ses élans et ses protagonistes à la simple mise en scène de leurs exploits martiaux. Au point parfois, de se laisser engoncer par sa reconstitution, mais qu’importe : si The Rebel est plus modeste que Clash en terme de dynamique et de combat, il est nettement plus ambitieux et cohérent en tant que film.

On comprend aisément la décision de l’éditeur WE Productions, d’instaurer par citation interposée une filiation entre Ong-Bak et The Rebel sur la jaquette de ce dernier : la démarche permettra certainement au film de Charlie Nguyen de conquérir un public pas forcément versé dans la fresque historique, même enrichie aux coups de tatane. Pourtant, bien que Tony Jaa et Johnny Tri Nguyen aient collaboré dans Tom-yum-goong, l’honneur du dragon, le cinéma véhiculé par les deux hommes est en tout point différent. Le premier ne s’incarne que dans des demo reels à l’esthétique Joseph Zito, construites autour de ses aptitudes déclinées avec moult caméras, autant de redites et ralentis ostentatoires, tandis que l’autre se dévoile, force tranquille et gracieuse, au travers de scènes d’action rapides qui ne sont pas seuls pivots narratifs de trames prétextes.

Ainsi, il n’y a finalement que peu de combats dans The Rebel, qui plus est abordés très différemment de ceux de Clash. A la dynamique de groupe de celui-ci, The Rebel préfère des confrontations plus restreintes, très découpées et parfois même un peu trop, à même de s’intégrer de façon plus fluide à la trame du film, d’y jouer la résolution de conflits restreints, instantanés (les évasions, les poursuites) ou fondateurs (l’opposition conductrice entre Cuong et Sy), et d’y symboliser un contexte global. Celui-ci s’exprime régulièrement avec maladresse (le discours de Vo sur les français, qui ne sont pas tous méchants), rejoignant en cela un symbolisme parfois pataud (le costume blanc de Cuong maculé de sang au cours de l’attentat au début du film), mais The Rebel évite ainsi, globalement, une xénophobie outrancière. Ses acteurs sont excellents si l’on excepte les faux français (incompréhensibles pour la plupart), de Dustin Nguyen, bien loin de Jump Street, à Veronica Ngo, déjà magnifique et qui, comme Johnny Tri, dévoile autant de facettes que le film lui-même, de l’émotion à la violence. Charlie Nguyen n’a pas encore la maîtrise de la fresque-spectacle dont Tsui Hark faisait preuve sur Once Upon a Time in China, mais tout de même : The Rebel, s’il décevra peut-être justement ceux qui cherchaient un successeur à Ong-Bak, saura satisfaire les amateurs de cinéma d’action séduisant et racé, à l’image de ses interprètes ; intelligent bien que pas toujours complètement intelligible, la faute à une trame régulièrement elliptique.

The Rebel sort en DVD français le 7 avril 2010 chez WE Productions. Copie de qualité, en VO sous-titrée ou VF. En supplément, une rencontre sympathique avec Johnny Tri qui l’est tout autant - qui permet de découvrir qu’il était la doublure du Bouffon Vert dans les deux premiers Spiderman ! -, une scène coupée à juste titre (un entraînement mystique de Dustin Nguyen) et une petite démo de Tri et ses sparring partners confiants, excellente.
Remerciements à Alexandre Panau et WE Productions.

- Article paru le lundi 5 avril 2010

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