The Ring Virus
Sadako goes Korea.
Après avoir sévi au Japon et avant d’envahir le territoire ricain dans le remake US de Ring, réalisé selon les dernières informations par Gore Verbinski, Sadako a donc décidé d’aller faire un tour chez ses voisins coréens, ayant sans doute entendu dire que la Corée est au cinéma asiatique ce que la Hollande est au fromage : l’autre pays.
Comme toute star qui se respecte, Sadako voyage sous un faux nom pour éviter les curieux dans les hôtels, et elle a opté ici pour le pseudonyme de Eun-Suh. Par contre, elle n’a toujours pas pris rendez-vous chez le coiffeur ou la manucure, et elle continue à se promener avec sa robe trempée et ses socquettes blanches ; vous n’aurez donc aucun mal à la reconnaître.
En quoi son excursion coréenne est-elle différente de son périple nippon ? Tout d’abord, celle-ci est plus proche de l’oeuvre originale de Suzuki Koji : par exemple, la notion de transmission d’un virus par la cassette est abordée dans The Ring Virus, sans toutefois être développée, mais c’est une des digressions importantes entre le roman de Koji et le film de Nakata. En effet, à l’origine, la bande magnétique enregistrée par Sadako grâce à ses dons psychiques renferme un virus qui se transmet lorsque l’on visionne la K7. Ce virus, issu en partie de l’ADN de Sadako et du virus de la variole, permet à Sadako soit de se réincarner en ses victimes, soit d’exercer sa vengeance envers l’humanité en assassinant les spectateurs. Donc, pas de poste de télévision traversé dans le bouquin ; c’est une idée cinématographique qui provient uniquement de l’esprit de Nakata et Takahashi. Mais quelle idée...
Dans cette version made in Korea, on apprend aussi que Eun-Suh faisait partie d’une troupe d’acteurs (cette époque est développée dans Ring 0 : Birthday), qu’elle était hermaphrodite, qu’elle a été violée avant d’être jetée dans le puits... Autant d’éléments qui ne figuraient pas dans la version japonaise. Le contenu de la K7 vidéo est également différent : il est ici beaucoup plus explicite, et du même coup moins flippant.
En règle générale, le film est moins flippant. Même si le réalisateur Kim Dong-Bin a repris les éléments forts de la version de Nakata, comme le coup des photos déformées ou la scène finale, The Ring Virus n’arrive toutefois pas à la cheville de Ring, question chocottes. Et l’absence de Kawaï aux manettes sonores n’y est sans doute pas étrangère, car la recette sonore utilisée est similaire, mais elle ne peut concurrencer la terrifiante partition qui servait l’ambiance de Ring. Ces grincements, ce travail entre graves oppressants et crissements stridents... Le bonheur d’avoir peur par les oreilles...
Bref, The Ring Virus est à découvrir pour tout aficionado de la version nippone, afin de pouvoir juger du traitement différent, tout comme il est intéressant d’aller voir Vanilla Sky si l’on a aimé Abre Los Ojos ; parce que l’art du remake, trop souvent géniteur de sombres merdes, peut parfois accoucher de curieuses relectures... En revanche, s’il n’y en a qu’un à voir, mieux vaut se précipiter sur Ring pour cauchemarder en toute inquiétude.
The Ring Virus est disponible en DVD coréen, sous-titré en anglais.

