The Snare
The Snare n’est sans doute pas le film le plus original des dix dernières années, mais il a au moins le mérite d’une certaine efficacité. C’est un peu ça, aussi, l’avantage de reprendre des trames vieilles comme le monde...
Un jeune homme vit seul avec sa mère... depuis trente ans. Du coup, les deux sont très proches, et partagent une intimité à la limite de l’incestueux - bien que le fils n’y voie aucun mal, aucune immoralité ; et ce même quand sa mère l’aide à faire sa toilette (tous les jours). Un beau jour, le jeune et joyeux fiston annonce à sa flippante de mère qu’il veut lui présenter sa future femme - rien que ça. Pour deux êtres très proches aussi, hein, il faut bien reconnaître que le fiston s’y prend plutôt mal, et brûle quelques étapes qui auraient pu s’avérer bien utiles... pour tout le monde. Car c’était à prévoir, mommy dearest le prend plutôt mal, et commence à se la jouer tendrement Dahmer...
Les tourtereaux se marient, convolent en voyage de noces et s’en reviennent au domicile conjugual - qui rime, en Corée comme dans le reste de l’Asie, avec domicile familial. Devant son fils, la mère prétend être aux petits soins avec sa belle-fille. Mais quand celui-ci n’est pas là, la situation est tout autre : la mère de rêve se transforme en exécrable monstre. Et une situation pour le moins désagréable ne va pas tarder à tourner au véritable cauchemar...
Classique, The Snare bénéficie tout de même d’une bonne réalisation, et surtout de l’interprétation bluffante de l’horrible belle-maman - qui aurait d’ailleurs gagnée à avoir un physique plus "sympathique". Si on prend l’exemple de Audition, le physique angélique de note charmante héroïne joue pour beaucoup dans la réussite redoutable du retournement narratif. Ici, l’actrice choisie ressemble quand même d’entrée de jeu à une mégère qui refuse de vieillir ; du coup, son double jeu - bien qu’effrayant et vraiment convaincant - ne surprend personne.
Néanmoins, le réalisateur parvient à réellement faire monter la tension en alternant habilement les attitudes de la belle-mère, de la mère-poule amoureuse à la plus pure psychopathe, sous le regard outré du spectateur impuissant.
Malheureusement, au moment où le film dérape dans la folie pure de son personnage principal, The Snare perd une grande partie de son intérêt, qui résidait jusque-là dans le fait que le fils ne soit pas au courant du double-jeu de sa mère. La souffrance de la jeune femme, de morale, devient purement physique et l’intensité du film diminue progressivement pour devenir nettement plus supportable (un peu trop, en fait). Il y a bien un plan, au cours de la dernière demi-heure, qui rappelle la peur exprimée par le regard de Marilyn Burns dans The Texas Chainsaw Massacre, le film d’horreur le plus pur jamais tourné. Mais The Snare, bien que sympathique, s’essoufle pour ne laisser derrière lui, au bout du compte, qu’un film bien ficelé mais tout à fait oubliable.
Spectrum livre une copie de qualité, sans être la plus belle de leur catalogue : les couleurs sont assez bien rendues, le jeu d’ombres utilisé par le chef op’ du film un peu moins. Les sous-titres sont de qualité ; la bande-son, en 5.1, n’exploite pas ou trop peu les possibilités de spatialisation, ne serait-ce que pour allourdir l’ambiance. Au niveau suppléments, c’est la routine, avec en plus - comme sur tous les DVDs récents de l’éditeur coréen - la BO séparée, piste par piste.

