The Spectacular Now
The Spectacular Now fait partie de ces films américains au sujet desquels des échos favorables nous parviennent de l’autre côté de l’Atlantique plusieurs mois à l’avance en raison du bon accueil dont il fait l’objet. Ici en l’occurrence lors du festival de Sundance en 2013. Souvent, même si l’on s’est abstenu de lire en détails les critiques, le film déçoit, non en pas en raison de ses faiblesses, mais des attentes qu’elles suscitent et parfois grossissent au-delà du raisonnable. Ce film échappe à cette malédiction, ressortant à mes yeux à la hauteur de sa réputation.
Largué la veille par sa petite amie, Sutter est réveillé à 6 heures du matin sur la pelouse d’un pavillon par une élève de son lycée, Aimee, après une soirée trop arrosée. De cette rencontre qui n’aurait jamais dû avoir lieu – ils évoluent dans des cercles bien distincts – va naître une amitié. Leurs entourages respectifs sont surpris de cette relation et s’inquiètent qu’elle ne soit qu’une blague de plus de cet incorrigible joker de Sutter, qui risque de blesser Aimee.
Film sur le passage à l’âge adulte, The Spectacular Now contient tous les passages obligés de ce sous-genre : soirée bien arrosée, prom, première relation sexuelle... Un sous-genre qui constitue la transcription au cinéma du roman d’initiation né en Allemagne au XVIIIè siècle, toute proportion gardée.
Pendant l’essentiel de son film, le réalisateur James Ponsold refuse la dramatisation et déjoue les attentes. Et dieu sait pourtant que la situation des personnages, le penchant prononcé de Sutter pour l’alcool et l’inexpérience sentimentale d’Aimee, aurait pu fournir matière. Le spectateur ne sait jamais trop sur quel pied danser, s’attendant toujours à ce que le film bascule dans une direction convenue. Ce qu’il ne fait pas. Pendant ce temps, leur relation naît, se développe et s’équilibre. Il est ensuite trop tard, le spectateur ne peut plus briser le charme, l’alchimie entre les deux personnages est trop puissante.
La réussite de The Spectacular Now doit beaucoup à ses deux principaux interprètes, Shailene Woodley et Miles Teller. Shailene Woodley conserve un naturel et le spectateur n’est pas confronté à la beauté formatée de la jeune actrice hollywoodienne. Le naturel est aussi la marque de la photographie du film. Le directeur de la photo laisse parfois les visages des acteurs dans l’ombre, là où un film hollywoodien standard les aurait éclairés.
Miles Teller est, lui, très à l’aise dans son rôle. Il exsude la facilité, l’aisance d’un fils de la balle. James Ponsold les laisse jouer au sein de plans séquences comme s’il ne ne souhaitait pas rompre ce lien particulier qui unit deux personnes faites l’une pour l’autre.
L’une des définitions de l’adolescence serait l’incapacité à se projeter dans le futur, et les deux personnages principaux sont effectivement coincés dans le présent, mais pour des raisons bien différentes. Sutter se satisfait de sa situation présente (un job, une petite amie, une voiture...) et ne comprend pas le besoin de la changer. Aimee est, elle, bridée par sa mère, qui la fait se sentir responsable d’elle. La demoiselle endosse des responsabilités d’adulte, comme celle de travailler pour payer les factures du foyer, mais son développement sentimental n’a pas suivi la même progression. Les deux adolescents se sont trouvés car ils sont complémentaires, trouvant dans l’autre ce qui leur manque pour passer à l’âge adulte.
Une entraide sous le signe de laquelle se place leur relation dès l’origine. Une fois remis sur ses pieds lors de leur première rencontre matinale, Sutter aide Aimee à distribuer ses journaux. Il parcourt ainsi le quartier pour retrouver sa voiture qu’il a égarée au cours de sa virée nocturne.
The Spectacular Now est un joli film pour bien débuter l’année cinématographique 2014.
The Spectacular Now est sorti sur les écrans français le 8 janvier 2014.





