The Stairway to the Distant Past
Après le brillant hommage autant aux films noirs américains qu’aux films de yakusa de Seijun Suzuki qu’était The Most Terrible Day in My Life, Mike Hama (Masatoshi Nagase) reprend du service. Cette fois, notre héros abandonne définitivement tout lien de parenté (si tant est qu’il y en ait jamais eu un) avec le héros de Mickey Spillane. Se situant toujours à Yokohama (le ’Hama’ de Mike Hama n’est pas innocent) mais sans l’aspect multiculturel, The Stairway to the Distant Past est surtout un retour aux sources temporel. En effet, ce second épisode est avant tout, comme son titre l’indique clairement, une plongée dans le passé.
Alors qu’il recherche un petit chien (pour une française qui n’est autre que Françoise Marchand, une célébrité au Japon), Mike Hama va être amené à rechercher un mystérieux "Homme en blanc" que même la police n’ose importuner. Mais pour le détective privé Mike Hama, cette enquête va vite devenir une découverte de son propre passé.
Pour commencer, peut-être est-il bon de préciser quelques aspects de la vie de Mike Hama. Ce dernier vit seul et s’occupe de sa petite sœur qu’il veut faire entrer à l’université. Il cache l’existence de sa mère à cette dernière, à qui il prétend qu’elle est morte. Sa mère les a en fait abandonnés très jeunes pour vivre avec un homme. Elle est aujourd’hui strip-teaseuse et Mike est au courant de sa vie par l’intermédiaire d’amis.
C’est sur ce passé que s’épanche largement ce deuxième épisode des aventures de Mike Hama, certainement le détective privé le plus cool et dandy du Japon. L’enquête est ici secondaire et permet principalement de mieux connaître l’histoire de Mike Hama. Le personnage de sa mère prend une importance particulière au dépend de ses amis, le conducteur de taxi Hoshino ou son mentor interprété par Jo Shishido.
Cependant, The Stairway to the Distant Past ne coupe pas totalement les ponts avec l’épisode précédent, avec notamment un yakusa devenu politicien et l’exécrable policier chauve, source de bien des ennuis pour notre pauvre Mike. Car s’il ne passe pas la quasi-totalité du film sous des bandages, on ne peut pas non plus dire que Mike Hama devienne soudainement un super-héros (si l’on omet une scène étrange dans laquelle Mike devient une sorte de James Bond !). Comme toujours, c’est son côté humain et vulnérable qui est mis en avant. Et surtout son incroyable mais tenace malchance.
Kaizo Hayashi abandonne le noir et blanc pour la couleur, et force est de constater qu’il ne se montre pas très subtil. La mise en scène est toujours aussi soignée mais les couleurs sont utilisées de façon excessive avec un abus notoire de tonalités vives. Certaines séquences sont néanmoins très réussies quand elles prennent une tournure quasi surréaliste, voire onirique. Ainsi lorsque Mike Hama plonge littéralement dans le Yokohama d’après-guerre. Une séquence hypnotique où l’utilisation des couleurs apparaît cette fois justifiée.
Malheureusement, ce second épisode a tendance à ne tenir que grâce à ces quelques belles séquences. Il lui manque le panache et l’humour du premier opus. Le caractère autobiographique est certainement intéressant mais il apparaît un peu vain, autant que l’enquête qui n’est guère surprenante. En définitif, on ne sait pas trop où veut en venir Kaizo Hayashi qui nous donne le sentiment de mettre en place un univers particulier sans vraiment l’exploiter ensuite. Singulièrement, nombre d’épisodes de la série télévisée feront référence à cet épisode précis, bien plus qu’aux deux autres films.
Sans nul doute un cran en dessous du précédent, qui reste bien supérieur aux deux autres, ce second épisode n’est néanmoins pas véritablement un échec. Le plaisir de retrouver Masatoshi Nagase dans un rôle qui lui semble taillé sur mesure et une réalisation très correcte, nous font vite oublier le manque d’originalité et de consistance de The Stairway to the Distant Past.
The Stairway to the Distant Past est disponible en DVD au Japon, sans sous-titres, dans une édition DVD à prix restreint.




