The Stewardess
De l’inutilité d’une classification par genres du cinéma hongkongais contemporain...
Si l’on s’en tient à la jaquette du VCD de The Stewardess, le recto nous laisse imaginer un petit film d’horreur - forcément pas très sérieux puisque Sam Lee est au générique. Un petit visuel dénudé de l’actrice japonaise Seina Kasugai, qui orne le verso nous pousse à croire au Cat III de fond de tiroir, qui plus est déguisé en Cat IIB ; aussi s’apprête-t-on à voir une daube de plus, le sourire aux lèvres. Ca tient du vice, n’est-ce pas ? Et bien le vice, parfois, ça a vraiment du bon...
Keung (Sam Lee) est un scénariste paresseux, qui passe son temps à feuilleter des manga pornos plutôt que de pondre des lignes cohérentes. Son imagination, néanmoins fertile, développe dans son sommeil d’étranges cauchemars au cours desquels Keung est poursuivi par une femme vétue de rouge, un avion miniature à la main. A chaque fois qu’il s’apprête à découvrir le visage de la persécutrice, Keung se réveille, intrigué...
Son ami Charles gère des paris sur des matchs de foot, et les deux compères forment une fière équipe de coureurs de jupons. C’est d’ailleurs comme ça que Keung rencontre sa petite amie, la charmante Apple. Enfin charmante... pour les yeux, tout au plus ! Car la demoiselle est la fille de Dragon, mafieux trop célèbre qui tient une école de Mah Jong sur Temple Street. Aussi Keung est-il forcé de rencontrer le paternel indésirable, qui lui relève les empreintes et distribue sa photo à ses hommes, juste au cas où le dragueur incorrigible tenterait de briser le coeur de sa fille.
La vie de Keung devient dès lors un véritable enfer, rythmé par les coups de fil incessants de Apple, toujours en déplacement en raison de son métier d’hôtesse de l’air, et désireuse de vérifier que son homme n’est pas en train de tremper le biscuit... Situation d’autant plus dure que Keung rencontre sa charmante voisine, une hôtesse japonaise du nom de Yurei, qui lui tape méchamment dans l’oeil - évidemment, notre coureur a toujours rêvé de coucher avec une japonaise...
Aussi, lorsque Apple part pour un long voyage, Keung redécouvre-t-il sa liberté, et se laisse tenter par la provocante Yurei. Une partie de jambe en l’air qui marque le début d’un autre enfer, plus dangereux, pour notre héros improbable...
Le pitch de The Stewardess ressemble à s’y méprendre à celui d’un énième repompage de Liaison Fatale, auquel se rajouterait la menace d’une vengeance des Triades - hors, vous vous en doutez, ce n’est pas du tout le cas ! Il s’agit en réalité d’un délir horrifico-comique dans lequel le respect et la bienséance n’ont aucunement leur place...
Jugez plutôt...
Keung et son pote Charles draguent les filles avec un acharnement qui fait presque peur, le tout sous forme de ralenti à la Better Tomorrow, s’il vous plait ! Ledit Charles est d’ailleurs une source d’informations surprenantes, surtout pour un cantonnais. On apprend par exemple que Zidane a quitté la Juventus pour le Real Madrid parce que l’entraineur de l’équipe espagnol aurait promis de lui livrer le secret pour faire repousser ses cheveux ! Mais on reste dans le correct pour l’instant, allons un petit peu plus loin...
Nous avons mentionné un peu plus haut le désir de Keung de fricoter avec une japonaise ; la raison profonde se ce désir sexuel tient à sa volonté de faire hurler de plaisir une nippone pour venger son pays d’affronts japonais passés ! Aussi, lorsque Keung couche avec la belle Yurei, avons-nous droit à une séquence onirique aberrante au cours de laquelle Keung tente de briser un drapeau japonais sur sa cuisse, en pleine récréation guerrière. Le tout suivi d’une célébration générale dans un bar, en l’honneur de son exploit vengeur !!!
Si cet humour politiquement incorrect était le seul ressort comique de The Stewardess, je ne serais sans doute pas aussi satisfait de ma projection (encore que... ;-)... Il faut aussi compter sur la prestation surprenante de la nouvelle venue Seina Kasugai : toute calme pendant la majorité du film, il suffit que quelqu’un marche sur ses pieds ou renverse de l’eau sur les chaussures de son uniforme rouge pour qu’elle se transforme en authentique furie ! Le film bénéficie alors d’intermèdes saisissants, qui vont de la baston au ralenti à la séance de découpage de petite amie légitime au hachoir, le tout accompagné d’une espèce de contine aussi flippante qu’inappropriée.
Bref, The Stewardess est non seulement un délire à l’humour parfaitement insultant, c’est aussi un joyeux n’importe quoi, plutôt bien mis en scène et agréablement rythmé, qui offre son lot de sourires inattendus. La grande classe, pour tout vous dire !
The Stewardess est disponible en VCD et DVD HK chez Universe.
La compression du VCD est parfaitement irréprochable.




