The Sword
The Sword est l’un des long-métrages de la "nouvelle vague" hongkongaise le plus souvent présenté dans les différents festivals qui sont consacrés aux films de sabre de l’ex-colonie. Après l’avoir vu trop souvent me filer entre les doigts au cours de ces dernières années lors de différentes manifestations, je me suis enfin décidé à acquérir l’édition bon marché vendue par Deltamac. Une édition qui est de piètre qualité, avec de nombreuses impuretés sur l’image, dont certaines sont floues. L’édition HK Video qui est prochainement prévue devrait l’enterrer haut la main.
The Sword est la première réalisation de l’une des figures de proue de la nouvelle vague hongkongaise, Patrick Tam Kar-Ming, qui a depuis 1994 et le montage de Ashes of Times, disparu des génériques des salles obscures. Par ailleurs, mis à part à être le réalisateur The Sword, sa réputation risque de se réduire à avoir été le mentor de Wong Kar-Wai.
La trame du scénario de The Sword est des plus classiques. Le héros joué par Adam Cheng (Lee), que l’on retrouvera quelques années plus tard dans Zu : Warriors from the Magic Mountain, souhaite croiser son fer avec le célèbre maître épéiste Wah qui a disparu de la circulation. Triompher de ce fameux bretteur, lui permettrait d’obtenir la gloire et la célébrité. Pour incarner ce dernier, Patrick Tam a fait appel à Tin Fung, qui a joué à non seulement dans certains films de Chang Cheh (The One-Armed Swordsman / Un seul bras les tua tous - 1967), mais également de King Hu (Legend of the Mountain - 1971), rien de moins. Wah est le possesseur d’une épée maudite, "Chi Mud". Les femmes ne sont pas absentes et constituent même le coeur du film. Dans sa quête Lee va rencontrer une jeune épéiste Ying, réminiscence de Golden Swallow, à laquelle il va s’attacher. Le personnage joué par Adam Cheng va également revoir son amour de jeunesse qu’il a délaissée pour sa quête. Elle est mariée à un triste sire qui souhaite également affronter Wah.
La lenteur du film est l’un des reproches qui lui est habituellement fait. Pourtant, si l’on se laisse gagner par son rythme, on peut se laisser pénétrer par son charme légèrement désuet. Le film pourrait s’avérer cependant difficilement supportable pour les habitués des productions plus récentes au rythme trépidant. Ces derniers seront réconfortés de savoir que les combats sont réglés par Ching Siu-Tung qui n’a plus besoin d’être présenté. Sur le plan stylistique, je retiendrais les combats qui se déroulent dans une pénombre bleutée, où se distinguent seulement les silhouettes, les visages éclairés, ainsi que les éclats de sabre. Dans une des séquences de meurtre particulièrement barbare qui se termine sur un écran rouge, on pourrait se croire dans un film de Seijun Suzuki.
[Spoiler] Si le film se termine sur une "happy end", celle-ci a un goût amer. The Sword s’avère un film désenchanté. Au final, le héros demeure seul, sa quête l’aura fait passer à côté de deux belles histoires d’amour. Le dernier plan nous le montre lançant l’épée maléfique dans la mer - geste au combien symbolique, pour celui qui venu au bout de quête, en a constaté le triste résultat et ne peut que s’interroger sur le peu de sens de celle-ci.
DVD HK édité par Deltamac, bientôt enterré par un DVD zone 2 bien de chez nous édité par HK Video... cf. début de l’article ci-dessus !


