The Tenants Downstairs
Le propriétaire d’un immeuble est interrogé par la police, qui souhaite connaître les événements que l’on devine macabres qui ont eu lieu dans cette résidence, laissée depuis à l’abandon. Les appartements qu’il louait étaient occupés par un étudiant otaku, un professeur de sport divorcé en mal de plaisirs charnels, une employée de bureau adepte de la promotion canapé, un homme divorcé et sa fillette, un couple de gays dont l’un est déjà marié et enfin une mystérieuse jeune femme habillée en blanc, qui redéfinit le supplice de la baignoire. Le propriétaire des lieux y habite également et espionne ses locataires grâce à des caméras.
Le réalisateur Adam Tsuei reprend à son compte une idée qui a été recyclée plusieurs fois depuis sa première utilisation par Fritz Lang dans Le diabolique docteur Mabuse en 1960. La surveillance des protagonistes par le propriétaire lui permet de découvrir les points faibles de chacun d’entre eux, et lui donne l’idée et les moyens de les manipuler avec pour objectif de leur faire franchir les limites de la moralité. Se plaçant dans le rôle d’une sorte de dieu, il va monter les locataires les uns contre les autres. Il est joué par Simon Yam, que l’on retrouve avec bonheur incarnant ce propriétaire machiavélique et dérangé.
Pour sa première réalisation, Adam Tsuei y va franco mêlant scènes érotiques hétérosexuelles et homosexuelles crues, tortures physiques et psychologiques... Et il enrobe le tout dans de l’humour noir.
Mais derrière cette volonté claire de choquer, le film a sa logique : le réalisateur l’a placé sous le signe de la limite ou plutôt des limites. Celle entre folie et raison de l’un des protagonistes, et aussi celle de plusieurs personnages - mis dans une situation exceptionnelle, ils font face à des dilemmes moraux ; enfin le spectateur est aussi confronté à ses limites. Si le propriétaire pousse ses locataires dans leurs derniers retranchements moraux, le spectateur est aussi parfois placé dans une situation inconfortable.
Au cours du film, le spectateur pourra se trouver balloté entre plusieurs sentiments. Rit-il car l’humour noir lui plait ou s’agit-il d’un réflexe de défense ? Peut-être même est-il piégé lui aussi par le réalisateur en riant trop rapidement d’une scène qu’il ne trouve finalement pas drôle. Je pense en particulier à celles illustrant la relation entre le père et sa fillette.
Comme bien souvent dans ce type de film, The Tenants Downstairs contient un twist mais ce n’est pas sur lui que repose l’intérêt du film, et le spectateur qui ne sera pas caché trop souvent sous son fauteuil l’aura au moins en partie deviné.
The Tenants Downstairs a été présenté dans le cadre de la 22e édition de L’Etrange Festival (2016).
Remerciements à Xavier Fayet et à l’équipe du festival.




