The Underground Banker
Tong Chi-Ming (Anthony Wong), surnommé "Marshmallow" à cause de certains problèmes sexuels ( !!!), est un chauffeur de camions un peu (beaucoup, même) loser, prèt à supporter bon nombre d’insultes et d’humiliations (ou à laisser sa famille les subir sous ses yeux) sans broncher. Un soir, il rentre chez lui pour annoncer à sa femme et son fils Tak une excellente nouvelle : leur demande de logement à loyer modéré a été acceptée. La petite famille emménage donc dans son nouvel appartement, pour découvrir qu’ils ont pour voisin un certain Dr. Lamb, tueur en série de renom fraîchement libéré suite à sa guérison supposée... Mais, en dépit des craintes de Chi-Ming, ce n’est pas ce personnage qui va mener la famille à sa perte. En effet, sa femme rencontre par hasard le charmant personnage de Canner en bas de chez eux - un ancien petit ami à elle, aujourd’hui membre d’une triade influente sous les ordres de Black Chao (ordure sans nom interprétée par l’éternel Ka-Kui Ho, le père immonde de Daughter of Darkness). Tout d’abord aux petits soins pour son ancienne copine, il ne va pas tarder à révéler son jeu au grand jour : il lui fait jouer de l’argent en bourse - argent qu’elle ne manque pas de perdre en quantité -, avant de la présenter à Black Chao, à qui elle va emprunter de l’argent dans des conditions inacceptables. Bientôt, elle sera amenée à se prostituer pour rembourser ses dettes, le tout dans le dos de ce bon vieux naïf d’Antony Wong qui, comme tous les hommes, possède tout de même une patience et une endurance limitées...
Il y a quelques jours de celà, je mettais en ligne un article concernant l’excellentissime Eternal Evil of Asia, vantant les mérites d’un film de CAT III bien conçu. The Underground Banker, scénarisé par ce cochon de Wong Jing, se situe à l’opposé du film de Man Kei Chin, c’est-à-dire dans la veine courante des CAT III sans retenue et sans morale, et renvoie donc au spectateur une image négative et pourtant jouissive, comme toujours, d’un genre bien particulier.
D’entrée de jeu, on peut donc affirmer que ce n’est pas un film à mettre entre toutes les mains. Pour s’en convaincre, il suffit de voir le nombre de séquences de viols ambigües qui parsèment le film : lorsque Canner donne un aphrodisiaque, à plusieurs reprises, à la femme de Chi-Ming, celle-ci se comporte de façon tout à fait inavouable, allant jusqu’à se livrer à un gang bang filmé en en profitant pleinement, avant de se mettre à pleurer, une fois l’effet de la drogue dissipé, traîtant ce vilain Canner de gros méchant. Ces scènes relèvent de l’exploitation pure et dure, et sont traitées par Bosco Lam avec une vulgarité aussi ahurissante qu’indécente. Pire encore, la scène de l’hôpital où Chi-Ming découvre les dégâts provoqués sur le corps de son fils par l’incendie non-accidentel du domicile familial - là, je vous laisse la (mauvaise) surprise...
Autre aspect bien douteux du film, le rôle du Dr. Lamb (merci Lawrence Ng, parfait), serial-killer qui tente de se repentir en écoutant les conseils d’un moine shaolin à la morale inorthodoxe. Lorsqu’il vient en aide à Anthony Wong pour se venger de Black Chao et de Canner, il proclame "ne pas avoir pris autant de plaisir à tuer depuis longtemps" - avouez que l’utilisation d’un tel personnage en tant que sidekick est tout aussi improbable qu’originale... Cette séquence constitue d’ailleurs le meilleur passage de ce film tordu mais sympathique qui s’illustre comme un rip-off plus ou moins lointain d’un certain Straw Dogs (Les chiens de paille) de Sam Peckinpah - l’un des seuls films à connaître encore une interdiction totale en Grande-Bretagne à ce jour. Seulement, le chef-d’oeuvre barbare de Peckinpah possédait une force ambigüe autrement plus dévastatrice que ce Underground Banker qui ne dépasse finalement pas de beaucoup le niveau de base des CAT III HK traditionnels. Peut-être bien qu’on ira en enfer à force de se marrer devant de tels immondices, au bout du compte...
A priori, The Underground Banker n’est disponible qu’en VCD Mei-Ah, à la compression correcte, sous-titré mandarin et anglais.

