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Hong Kong

Tiramisu

Hong Kong | 2002 | Un film de Dante Lam Chiu-Yin | Avec Nicholas Tse Ting-Fung, Karena Lam Ka-Yan, Eason Chan Yik-Shun, Candy Lo Hau-Yam, Vincent Kok Tak-Chiu, Eliza Chan Kit-Ling

Le destin peut parfois être très insistant... C’est ce que va découvrir Fung (Nicholas Tse), un employé de la poste qui a perdu l’ouïe depuis deux ans suite à un accident. Au cours de la même journée, il va croiser quatre fois le chemin de Jane (Karena Lam), une danseuse qui rêve de remporter, avec sa troupe et plus particulièrement sa partenaire et meilleure amie Tina (Candy Lo), une compétition. D’abord dans le métro, où un passager le confond avec quelqu’un d’autre, et déclare que la demoiselle est sa petite amie ; puis une nouvelle fois dans la rue, ensuite dans son cours de danse où il vient amener un recommandé signalant la sélection de la troupe pour la finale de la compétition, et enfin à nouveau dans le métro. Jane perd alors un livre que Fung est bien décidé à lui rendre. Sa rencontre suivante avec la danseuse cependant, est un peu particulière : la jeune femme est décédée dans un accident de la route. Comme elle pensait à lui et vice-versa au moment du choc fatal, c’est à lui qu’elle apparaît. Pourquoi n’a-t-elle pas accepté de rejoindre l’au-delà ? Tout simplement pour pouvoir assister à la compétition, l’objectif de sa vie. La nuit, le corps de Jane est dissocié de celui de Fung ; mais le jour, craignant la lumière, elle se réfugie en lui. Tung retrouve alors l’ouïe et devient un excellent danseur, guidé par Jane. Il y a toutefois une ombre à cette romance fusionnelle d’outre-tombe : la garde de l’Underworld, montée à cheval, est aux trousses de Jane pour la rappatrier dans l’au-delà...

Avec Tiramisu, le réalisateur Dante Lam (Jiang Hu, Hit Team) entreprend en 2002 une ambitieuse romance teintée de fantastique. Réminiscent du caractère touche à tout du cinéma HK des années 90, il est cependant plus dispersé que riche, ses bonnes idées étant pour la plupart mal exploitées. Le film pourtant, démarre plutôt bien, et affirme très clairement son attachement à la notion de destin, usant d’une force nécessaire à son bon développement : l’intensité. Dans le récit de la journée au rencontres multiples, Tiramisu passe en effet du hasard touchant à la véritable intensité amoureuse, au travers de ce geste quasi-érotique de Jane, qui se saisit du bras de Fung lors de leur seconde rencontre dans le métro. Le temps de ce contact, et de cet échange visuel qui en dit plus que mille paroles, le monde extérieur disparaît et le spectateur est à même de saisir l’ampleur de l’enjeu émotionnel du film. A partir de cet instant, nous sommes conquis et avons très envie de savoir où Dante Lam va nous ammener.

Quelques minutes plus tard malheureusement, les heurts de la vie ont raison de l’existence physique de Jane. Tiramisu affirme alors son caractère fantastique, qui va entraîner les premières lacunes narratives du film, incapable de rendre crédible cette relation post-mortem en dépit des efforts de Dante Lam de jouer le jeu d’un seul corps habité par deux volontés. C’est d’autant plus dommage qu’avec son handicap, le personnage de Fung se prêtait bien à cette seconde chance, qui est autant la sienne que celle de sa défunte promise. Seulement, comme toutes les possibilités du scénario - notamment l’existence de la cavalerie de l’outre-monde - Dante Lam délaisse totalement la surdité de Fung. Il se concentre sur cette volonté, dure à avaler face à l’abandon relatif de sa famille, qu’a Jane de remporter la compétition de danse. L’occasion certes de livrer quelques scènes musicales très réussies, et de s’attarder un peu sur le personnage de Tina, mais à mauvais escient : bien que Tina perçoive Jane en Fung, Lam n’en joue pas, pas plus qu’il ne profite du ressort dramatico-comique que constituent les capacités volatiles de Fung en tant que danseur, ou encore du Tiramisu partagé par l’entité double et qui donne son titre au film.

Tiramisu pour résumer, veut manger à trop de rateliers ; il s’attarde sur des plats légers, tous potentiellement satisfaisants, mais n’en développe aucun et passe à côté du plat de consistance. Reste donc le premier quart d’heure du film, émotionnellement chargé, cette idée d’une police du monde des morts, et les performances de l’ensemble des acteurs. Nicholas Tse, Karena Lam et la sublime Candy Lo sont parfaits, au sein de ce patchwork ambitieux d’idées mal cousues, finalement un peu pénible car trop laborieux. On ne peut pas faire Jiang Hu à chaque fois !

Tiramisu est disponible en DVD HK chez Universe. Sous-titres anglais et copie correcte bien que non anamorphique, sont au rendez-vous.

- Article paru le vendredi 16 septembre 2005

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