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Japon

Tokyo 10+01

aka Tokyo Eleven | Japon | 2002 | Un film de Higuchinsky
Avec Eddie, Natsuki Katou, Masanobu Ando

Il faut bien l’admettre : le Japon est tout de même un pays merveilleux - ne serait-ce que cinématographiquement parlant. Bien en avance sur notre conception du cinéma numérique - encore trop apparenté chez nous à un manque de moyens ou à une énième évolution du Dogme - les réalisateurs japonais s’offrent simplement les moyens nécessaires à une liberté d’expression totale. Lorsqu’un metteur en scène nippon oeuvre dans le v-cinema en effet, il n’est point question de livrer un produit baclé ou cheap ; au contraire, les films tournés en numérique sur l’archipel semblent bénéficier d’un soin encore plus grand que bon nombre de films sur pellicule, et s’affranchissent sans problème de la réduction de qualité même de l’image, à la force de leur travail créatif.
Higuchinsky - réalisateur du célèbre Uzumaki et de nombreux clips pour le groupe Thee Michelle Gun Elephant - livre avec Tokyo 10+01 une adaptation / parodie de Battle Royale en vidéo numérique, dynamisée par un choix de rendu privilégiant l’expérimentation, ainsi que par un casting "moderne" haut de gamme... pour une certaine catégorie de public tout au moins !

Let the game begin...

Neo-Tokyo, 2XXX. Onze criminels en tous genres se réveillent dans un hangar désaffecté. Parmi ceux-ci, un certain Snake (Eddie) qui ne cesse de se remémorer l’assassinat brutal de ses parents, une jeune fille du nom de Coco un tantinet sponsorisée par Chanel (Natsuki Katou), un excentrique avec une "langue de belle-mère" à la bouche (Masanobu Ando) - qui constitue d’ailleurs son principal mode d’expression, deux jumelles lanceuses de couteaux, un travelo bien enrobé, un pseudo "God of Gamblers" du nom de Ace... Difficile de savoir pourquoi ces "10+01" ont été réunis en cet endroit ; le groupe de gangsters qui les réveille armes au poing, leur impose néanmoins de participer à un petit jeu : nos amis ont onze heures, pas une minute de plus, pour rejoindre une maison à l’autre bout de la ville. Le vainqueur gagnera 300 millions de Yens et verra ses péchés oubliés, tandis que les autres mourront. Encore faudrait-il toutefois que l’un des participants termine le parcours en vie...

Il apparaît évident, dès les premières images de Tokyo 10+01, que Higuchinsky a choisi la voie d’une certaine parodie. Le générique, déjà, avec sa présentation des différents participants sous forme de dessins caricaturaux, rappelle très clairement celui du Party 7 de Katsuhito Ishii. Mais le reste, c’est clair, provient tout droit du Battle Royale de Kinji Fukasaku (le réalisateur est d’ailleurs explicitement cité par le "metteur en scène" du jeu, "K"). La présentation des règles du jeu par exemple, s’effectue par le biais d’une cassette vidéo animée par une jeune fille hystérique, dont la prestation n’est pas sans rappeler celle de Yûko Miyamura (la voix de Asuka dans Neon Genesis Evangelion) face à l’ex-classe de Monsieur Kitano. La présence de Masanobu Ando (le vilain Kazou Kiriyama dans Battle Royale) n’est par ailleurs certainement pas une coïncidence...

Toujours est-il que, au sein de cet univers d’empreints, Higuchinsky déploie bon nombre de mouvements de caméras et de montages hystériques qui lui sont propres, et semble évoluer vers un but non moins personnel. Je dis bien "semble" car je dois bien avouer que, pour le coup, mon niveau en japonais ne m’a pas permis de saisir toutes les "subtilités" du scénario, même si la fin du film est relativement explicite quant aux motivations de "K" et de Snake.
Mais Tokyo 10+01 se suit tout de même avec beaucoup de plaisir, grâce à une exploitation très équilibrée de ses onze protagonistes. Bien que l’un des groupes soit très privilégié (puisqu’y figurent les trois "stars" du casting), aucun des personnages de cette étrange galerie n’est laissé de côté ou méprisé au cours des 70 minutes que dure le film. Reste que ce sont bien Natsuki Katou, Eddie et Masanobu Ando qui se taillent la part du lion - la jeune idole en tête (tant mieux !), notamment grâce à une excellente séquence de poursuite/gunfight en moto qui justifie à elle seule la vision de Tokyo 10+01 (les fans de Natsuki Katou comprendront aisément ce manque flagrant d’objectivité...).

Il est à peu près certain que, à ne pas comprendre l’intégralité des dialogues de Tokyo 10+01, on passe à côté d’une certaine "valeur ajoutée", référentielle et comique. Tel quel toutefois, ce nouveau long-métrage du trop rare Higuchinsky reste un excellent divertissement, superbement réalisé et riche en "gueules" fascinantes, qui respire la liberté et le plaisir à plein nez. C’est déjà tellement plus que la majorité des films qui sortent chez nous...

DVD
KSS Films
Zone 2 - NTSC
Format : LB - 4/3
Image : correcte, mais pas magnifique non plus : un transfert anamorphique eut été bienvenu...
Son : une simple stéréo.

Suppléments : Un making-of promo de deux minutes qui n’en est pas vraiment un ; la présentation du film à la presse ; un talk-show avec Higuchinsky et Natsuki Katou ; et le trailer du film.

Ce DVD ne comporte pas le moindre sous-titre.

Site Officiel : http://www.kss-movie.com/tokyo-eleven/

- Article paru le samedi 15 février 2003

signé Akatomy

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