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Japon

Tomie : Beginning

aka 富江:Beginning | Japon | 2005 | Un film de Ataru Oikawa | Avec Rio Matsumoto, Asami Imajuku, Kenji Mizuhashi, Nahana, Maya Kurokawa, Yuka Iwasaki, Akifumi Miura, Fujiyama, Takashi Sugiuchi, Yoshiyuki Morishita

An oral biography of Tomie Kawakami.

Deux jeunes adultes se retrouvent dans les bâtiments d’une école abandonnée. Reiko et Yamamoto sont les seuls à s’être déplacés pour cette réunion, censée marquer les retrouvailles des élèves de la classe de 1987. Pour les deux anciens élèves, le fait de se trouver dans ce qui fut leur salle de classe est l’occasion de confronter souvenirs agréables et plus douloureux ; car tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, avant l’arrivée en cours d’année d’une nouvelle élève, Tomie Kawakami. La beauté de la jeune femme interpelle instantanément tous les garçons de la classe, autant qu’elle menace ses membres féminins. Moins d’une semaine après, l’édifice de leur tranquillité adolescente commence à s’écrouler...

Sept ans après Tomie premier du nom, Ataru Oikawa décide de se replonger dans la mythologie créée par Junji Itou (Uzumaki), à l’occasion d’un diptyque sorti brièvement sur les écrans nippons. La première partie de ce doublet porte un nom trompeur, puisque le spectateur pourrait s’attendre à y découvrir les origines de l’entité immortelle. Pour ce faire, il faudrait qu’Oikawa remonte des siècles en arrière, situe son action à une époque où Tokyo s’appelait encore Edo ; hors ce Tomie : Beginning, n’est pas un film en costumes, que nenni, mais en tenue d’écolière.

Uniforme sailor que l’idoru Rio Matsumoto porte à ravir, n’en déplaise à ceux qui refusent encore de s’abandonner au moindre fétichisme. Toute la classe de Reiko d’ailleurs, partage cette opinion et comme toujours, c’est bien là le problème. Car si Tomie attise toutes les passions, elle n’en satisfait aucune et entraîne toujours les éconduits vers des extrêmes de violence, se concluant la plupart du temps en démembrement ; dont acte - voir plus en avant.

Une chose que l’on ne peut reprocher à la série des Tomie, c’est de s’ancrer dans la déclinaison facile de motifs. Après un premier film glauque, quelque peu en marge du manga d’origine en dépit de l’implication de son géniteur de mangaka, les deux épisodes suivants s’inscrivaient plus dans l’affection du bakemono d’Itou. Passons l’épisode direct to video avec Runa Nagai, pour nous concentrer sur Tomie : The Final Chapter - Forbidden Fruit qui, déjà, offrait à Tomie / Nozomi Ando une influence sur la gente féminine ; car Tomie : Beginning, plutôt que de se concentrer sur les hommes piégés par la belle, se veut plus asexué. Oikawa y décrivant comment cet être capable de régénérer à partir d’une simple goutte de sang (l’hypothèse de Reiko sur la question donne lieu à la plus belle scène du film, cours de biologie irréel), s’attire - volontairement ? - les foudres des femmes au travers de sa haine paradoxale des hommes.

L’avantage du récit rapporté mis en scène par Aikawa, est qu’il permet une certaine inconsistance narrative, et offre donc à Tomie : Beginning la liberté de présenter les scènes qui l’intéresse - une oreille dotée de vie, la renaissance de Tomie dans son uniforme d’écolière abandonné sur le sol de la chambre de Reiko - sans véritable liant. Plus qu’une histoire, le réalisateur construit donc une ambiance ; cette atmosphère si singulière propre à l’ensemble de la saga, quelle que soit son orientation, ici agrémentée du trouble féminin, entre effroi et attirance, qu’incarne Reiko. Rio Matsumoto est indéniablement fascinante, et cet univers morbide cousu autour de sa beauté possède un côté pervers délectable ; ainsi que le résume la séance de biologie que constitue le démembrement joyeux et bucolique de Tomie en 38 morceaux - un par élève - par ses camarades, sous la direction de leur professeur Takagi (l’unique Yoshiyuki Morishita) qui ne manque pas de souligner l’exceptionnel intérêt d’une telle dissection.

Tomie : Beginning se conclue intelligemment sur une scène qui justifierait presque son titre si ses mécanismes de résurrection n’étaient pas si elliptiques par rapport au premier opus ; Yamamoto ramenant chez lui un sac avec la tête de sa bien aimée maléfique, celui-là même dont sortira une petite fille dans le premier long-métrage de la saga. Hors Beginning fait toujours revenir son héroïne sous les traits de son idole, fan service oblige, d’où une certaine contradiction de méthode, mais l’intention est compréhensible autant qu’appréciable. C’est peut-être moins innovant que certaines des "naissances" grotesques des films précédents, mais l’amateur trouvera tout de même largement de quoi satisfaire ses diverses affections, plus ou moins malsaines.

Tomie : Beginning, disponible en DVD japonais sans sous-titres, est aussi édité en DVD et VCD HK chez Universe, sous-titré en anglais. Ce serait du tout bon si, une fois de plus le VCD n’avait pas un sérieux problème de ratio non respecté...

- Article paru le jeudi 21 février 2008

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