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Japon

Toyd

Japon | 2002 | Un film de Junichi Mori | Avec Tsuyoshi Naito, Miku Ishida, Junko Sakurai, Fumito Moriwaki

On connaît l’attrait des japonais pour les robots. Alors que le robot de Sony (Aibo) est sur le point d’être sérieusement concurrencé par deux nouveaux robots qui seront en vente dans les mois à venir, peu de films japonais présentent les robots sous un aspect véritablement négatif. Certes certains anime posent le problème des androïdes et de l’idée de la perte d’humanité, mais il n’existe pas vraiment, à ma connaissance, de film japonais posant celui du danger d’une utilisation malfaisante par l’homme de robots. Justement voisin de cette approche, ce n’est pourtant pas ce Toyd qui va bouleverser l’ordre établi.

Des meurtres ont lieu et restent inexpliqués. Pourtant, un enquêteur en vient rapidement à soupçonner un jeune homme possesseur d’un Toyd, robot commercial que l’on peut guider à partir de son téléphone portable. Cependant, il ne parvient à expliquer le comment du pourquoi des meurtres.

Toyd à le mérite de proposer un point de vue fort intéressant et surtout réaliste sur les robots. Le robot lui-même s’inspire fortement du Aibo de Sony et les publicités à sa gloire évoquent l’ambiance de 2001 L’Odyssée de l’Espace. Sous cette influence revendiquée mais très superficiellement exploitée car finalement limitée aux publicités, Junichi Mori colle une histoire policière très classique et linéaire, dans laquelle on ne cherche plus qu’à savoir comment le coupable va être mis hors d’état de nuire. D’une réflexion passionnante sur l’émergence de la robotique dans la vie quotidienne, le film glisse vers le thriller légèrement horrifique qui va plutôt loucher vers Child’s Play. La manière dont le robot est utilisé pour tuer est totalement absurde et le final est tellement classique que l’on finirait presque par en oublier les qualités du film.

En premier lieu, l’esthétique (les publicités notamment) et certains personnages servent à rendre compte d’une réalité sociale. Univers aseptisé et vide qui entre en résonance avec l’idée de la perte d’humanité et la dégradation des rapports humains. Les jeunes ne communiquent plus entre eux - si ce n’est par le biais du téléphone portable -, et encore moins avec les générations plus âgées. Plus qu’une réflexion sur les dangers d’une domotique omniprésente dans la vie quotidienne (qui devient froide, aseptisée, solitaire), c’est plus le thème des conflits générationnels qui est mis en avant ainsi que l’incapacité à communiquer. La combinaison des deux résultant en des actes violents comme de nombreux autres films japonais ont déjà pu le montrer. Le policier a du mal à communiquer avec sa fille, et un dialogue avec le présumé tueur - un adolescent justement amoureux de la fille du policier à qui il offre un robot, dans un lieu vide et sans vie, montre l’incapacité des deux générations à entamer toute forme de dialogue.

La frontière est pourtant tenue, à l’image de la simple barrière métallique qui les sépare. Les motivations même du tueur sont à la base plus les motivations d’un adolescent incompris et frustré employant des moyens pour le moins extrêmes, qu’un disfonctionnement dans le robot, dépourvu de toute intelligence propre. Alors robot ou une arme plus conventionnelle, on ne voit finalement pas trop où aurait été la différence. Reste cependant la mise en place d’un univers particulier, notamment caractérisé par le vide, avec peu d’acteurs présents dans des lieux censément habités (une classe d’école, des complexes résidentiels).

Junichi Mori a ensuite réalisé le succès Laundry pour lequel il a su se concentrer sur les personnages et leurs relations. Son premier film Toyd présente bien des points positifs, malheureusement à l’état embryonnaire, et qui sont quelque peu écrasés par un scénario de série Z et peut-être une humilité de débutant, qui ont empêché Junichi Mori de vraiment centrer son film autour de thèmes plus intéressants que de savoir comment on peut tuer quelqu’un avec un robot domestique.

Toyd est disponible en DVD au Japon.

- Article paru le samedi 31 mai 2003

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