Tripping
Pendant que tout le monde avait les yeux tournés sur Waiting in the Dark, Rena Tanaka a eu l’occasion de participer ni vu ni connu à une coproduction entre le Japon et Taiwan, à l’occasion de Tripping. Le BIFFF lui, ne s’est pas laissé surprendre puisque le film a fait partie de sa sélection 2007... et Sancho vous savez, veille toujours au grain, surtout lorsqu’il s’agit de suivre les frasques de Rena "my smile is made of sunshine" Tanaka, plongée dans le passé féodal de Taiwan aux côtés d’un exorciste et de ses zombies...
Rena incarne donc Shaodea, une jeune japonaise qui vit à Taipei où ses parents ont installé une pharmacie traditionnelle ; seulement la mère de la jeune fille est décédée, et cette dernière ne pense qu’à retourner au Japon. Son paternel, lui (Ren Osugi), ne veut rien entendre, et s’il n’approuve pas plus le comportement de sa fille que ses amis délurés, cela n’empêche pas Shaodea de les suivre pour une virée nocturne aux abords d’un temple servant de décor au tournage d’un film en costumes. La nuit tombée, nos adolescents désoeuvrés - ne le sont-ils pas tous ? - s’aventurent dans l’enceinte du temple. Shaodea, effrayée d’emblée par une statue qu’elle est persuadée d’avoir vue lui faire un clin d’oeil, s’égare et tombe sur une salle dans laquelle trône d’effrayantes statues représentant des monstres de temps jadis... c’est après qu’une nuée de chauve-souris lui ait flanqué une peur bleue que Shaodea se prend une enseigne sur la tête et s’évanouit. Lorsqu’elle se réveille, elle se retrouve plongée dans le monde coloré d’antan. Persuadée d’être au coeur d’un tournage, elle prend même part à un cambriolage, avant d’être prise pour un fantôme par un exorciste. Shaodea finit par se rendre compte que les gens qu’elle croise ne sont pas des acteurs, et elle rejoint le chemin de l’exorciste, chargé de ramener deux zombies dans leur village natal, auquel se sont greffés deux bandits fraichement échappés de prison, parmi lesquels Haishon, dont elle ne tarde pas à s’éprendre. Haishon lui, est persuadée que la jolie jeune femme est une espèce de Robin des bois locale, elle aussi recherchée par l’armée...
Cela fait des années déjà, que les cinémas d’Asie s’acharnent à retrouver le souffle des épopées en costumes hongkongaises ; si au milieu de la masse, se détachent des oeuvres indéniablement réussies, quasiment aucune ne lorgne du côté des nombreux exploits de l’ex-colonie dans le domaine du mélange de l’épée et du fantastique bigarré teinté d’humour. Tripping n’affiche a priori aucune prétention, conscient de ses limitations, mais c’est certainement l’un des films des dernières années qui se rapproche le plus dans l’esprit, des Histoires de fantômes chinois et autres films de vampires / zombies bondissants. Bon, n’allez pas non plus vous imaginer un délire poétique ultra-coloré, puisque nous sommes tout de même ici dans une modeste romance teintée de fantasy, clairement destinée à un public jeune et fan, soit de Rena Tanaka, soit de Bo-lin Chen. Pour ce dernier soit en dit en passant, tout sera toujours mieux que Twins Effect II.
L’un des défauts principaux de Tripping est son rythme un tantinet lymphatique. Alors qu’il démarre par une scène d’action amusante - l’exorciste qui se sert de ses deux zombies comme de marionnettes pour combattre - celles-ci seront par la suite peu nombreuses et répétitives (puisqu’à l’exceptions du Sifu, personne ne sait se battre de toute façon). Et pour cause : c’est l’amour qui est au coeur de cette histoire de vrai-faux voyage dans le temps (car Shaodea est en fait inconsciente dans notre réalité), ce dernier servant seulement à livrer un message rose bonbon sur les sentiments au travers des siècles et au-delà de la mort, sur la capacité du passé à définir et valoriser notre présent. Pour le reste, les intentions sont bonnes et les moyens limités, ce qui ne vous empêchera pas d’apprendre que seule l’urine d’éphèbe peut soigner la morsure d’un zombie, ou d’être témoin d’une séquence magnifique - mais trop courte - de village défunt, façon western matiné de film de zombies italien. Car oui, en seconde partie de métrage intervient une trame nouvelle, de lutte contre une entité maléfique qui débarquera sur Terre si un vil homme de pouvoir parvient à réunir les deux moitiés d’un talisman, ce qui adviendra. C’est en fait assez anecdotique, mais ça permet de voir Rena Tanaka, méchante, affronter Rena Tanaka, gentille.
Un mot résume assez bien dans la phrase précédente, l’expérience Tripping : il s’agit d’une anecdote cinématographique. Agréable car dénuée de prétention, agrémentée du sourire enchanteur de Rena Tanaka et réminiscent d’un cinéma qui nous manque, mais une anecdote tout de même, limitée à quelques actions étirées en longueur. Ce qui n’est pas une critique en soit, car une anecdote se partage souvent avec plaisir et facilité, mais résume bien, au final, le manque d’ambition de Yiwen Chen en dépit de ses bonnes intentions.
Tripping est disponible en DVD japonais, sous-titré en japonais puisque la plupart des dialogues sont en mandarin.



