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Hong Kong | Festival du film asiatique de Deauville 2009

Trivial Matters

aka Por See Yee| Hong Kong | 2008 | Un film de Pang Ho-Cheung | Avec Jan Lam Hoi-Fung, Chan Fai-Hung, Crystal Tin Yui-Lei, Edison Chen, Stephanie Cheng Yung, Kenny Kwan Chi-Bun, Angela Baby, Patrick Tam Yiu-Man, Eason Chan Yik-Shun, Chapman To Man-Chat, Isabel Chan Yat-Ning, Zhang Zheng, Lam Yat-Fung, Gillian Chung Yun-Tung, Stephy Tang Lai-Yun, Juno Mak Chun-Lung, Feng Xiaogang, Peter Kam Pui-Tat, Shawn Yue, Conroy Chan Chi-Chung

Sur la lancée d’un Exodus déjà passablement barré, Pang Ho-Cheung continue son exploration loufoque des relations hommes-femmes au travers de sept histoires courtes écrites dans sa jeunesse. Comme le titre l’indique, sexe, amour, amitié et mort sont les prétextes récurrents de la mise en scène de petits riens, ces choses et actes insignifiants qui pourtant jouent des tours aux êtres qui les vivent. Cet effet papillon made in Hong Kong s’applique également à Trivial Matters. Loin d’être aussi anodin que son sujet, le film fait la part belle à des comédiens qui prennent leur pied et, surtout, à un humour omniprésent.

Un homme et sa femme confient, à tour de rôle, leurs problèmes sexuels à un psychiatre. Un adolescent cherche, par tous les moyens, à convaincre de passer à l’acte une petite amie réticente. La population d’une planète extra-solaire découvre l’origine, terrestre et banale, de son nom. Un client aide une prostituée, qui ne parle pas cantonnais, à recharger son mobile. Une organisation du crime décide d’offrir un meurtre gratuit à son meilleur client…

Toutes ces saynètes démarrent avec des petites choses qui ne valent pas d’être racontées. Et pourtant, Pang Ho-Cheung en tire son parti et en fait la matière principale de son film. En grossissant à l’extrême les conséquences de ces points de départ anecdotiques, il s’amuse en fait avec ses personnages comme un dieu facétieux avec les humains. Sept histoires, pour son septième film et sa septième année de réalisation, l’omniprésence du nombre sacré est révélatrice de la déification volontaire du metteur en scène. Le scénario devient un jeu divin dans lequel le spectateur entre avec bonheur, surfant sur l’humour et la légèreté. On accepte avec soulagement l’espièglerie exagérée du destin, qui dédramatise totalement la mort et la détresse. Le postulat de départ redonne en outre de l’espoir au quidam que nous sommes. Amour, désir, passion se cachent parfois derrière les évènements les plus mineurs de la vie de tous les jours. Qui sait ? Ces derniers vont peut-être changer votre vie…

Sans en avoir l’air, et sous couvert de la dérision, Pang adresse plusieurs des thèmes chers au cinéma de Hong Kong. On n’échappe pas à la critique de la Chine pour sa gestion malheureuse d’une région encore bien particulière. La déception entraînée par la rétrocession est apparente dans plusieurs des segments. L’absence de communication entre les personnages, un élément déjà moteur dans Exodus, est un autre des fils conducteurs qui relient les différentes séquences, entre problèmes de couple réglés séparément, mensonges et incompréhensions. Particulièrement émouvante, cette séquence dévoilant une prostituée et son client qui, à l’issue d’un acte totalement froid, (télé)communi(qu)ent enfin autour du chargement d’un téléphone portable...

C’est court, c’est simple, et ça touche le spectateur, comme le font la plupart des autres séquences sur le mode de l’humour. Pang réussit son coup et s’impose comme un des réalisateurs les plus en vue de sa génération. Le casting impressionnant qu’il réunit ici (Edison Chen, Eason Chan, Yung Chen, Gillian Chung) l’atteste. Démontrant une véritable affection pour Hong Kong et sa culture pop, le metteur en scène en profite et joue sur leur notoriété, parfois mal acquise… La plupart pourraient jouer leur propre rôle ou semblent à tout le moins s’en moquer. Au-delà des acteurs, par ailleurs excellents, Pang Ho-Cheung alterne les styles pour s’adapter avec ses thèmes. Si l’oeuvre perd en cohérence d’ensemble, force est de constater que ce joyeux patchwork de couleurs (vives, passées ou sépias), de rythmes (lascif ou techno) et même d’effets spéciaux, est réjouissant.

Si le caractère superficiel du sujet déteint volontairement sur le film et peut laisser sur sa faim, la joie bon enfant qui s’en dégage est très largement communicative. Lorsque Pang s’amuse avec ses personnages et que nous rigolons avec lui, c’est de nous-mêmes que nous nous moquons. Comme au sortir du film on s’en rend à peine compte, ça fait du bien ! Pas si trivial, finalement.

Présenté en compétition au cours du 11ème Festival du film asiatique de Deauville (2009), Trivial Matters est disponible en VCD et DVD HK, sous-titré en anglais, chez Kam & Ronson Enterprises Co Ltd.

- Article paru le samedi 11 avril 2009

signé David Decloux

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