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Hong Kong

U-Man

Hong Kong | 2002 | Un film de Cheung Chi-Sing | Avec Anthony Wong Chau-Sang, Sam Lee Chan-Sam, Rachel Fu Tin-Wing, Gillian Chung Yan-Tung, Jade Leung Chang, Ruby Wong Cheuk-Ling, Lam Suet

Jesus (Anthony Wong) et Ken (Sam Lee) sont deux flics particulièrement peu efficaces. Alors que Ken, surnommé ironiquement le "God of Undercovers" par sa supérieure (Ruby Wong), tente de piéger un certain Skinny (Lam Suet - quelle perruque !), il se fait en effet interpeler par... les soldats d’une force d’intervention quelconque, menés par des agents de la CIA ! Et ce pour une bonne raison, étant donné que son déguisement, imparable, n’est autre que celui de... attention... Ben Laden !!! Il est permis de se demander pourquoi Ken avait bien voulu mettre au point un tel stratagème... celui de son collègue, qui se fait passer pour un oracle avec la jambe dans le plâtre, n’est pas beaucoup plus efficace.
Toujours est-il que la transaction - en réalité une saisie, donc - qui devait avoir lieu est interrompue, et qu’un sac rempli d’argent disparaît au cours du chaos qui s’en suit ; apparemment, c’est une jeune étudiante qui se serait trompée de sac après une collision avec Ken...
Ruby Wong envoie donc ses deux vaillants représentants des forces de l’ordre en mission dans le lycée de la jeune fille en question, histoire de retrouver tout cet argent sale en liberté. Evidemment, il s’agit non seulement d’une institution religieuse, mais surtout d’un lycée pour filles. Qu’à cela ne tienne ! Jesus le bien nommé endossera la personnalité du Père Gum, professeur en "Sciences Morales", tandis que Ken deviendra May, une jeune fille victime d’une épouvantable maladie osseuse...

Le concept du "retour à l’école" est un grand classique de la comédie hongkongaise ; je pense que bon nombre d’entre vous ont d’ailleurs pensé à la série des Fight Back to School en lisant ce résumé. U-Man (Undercover Man, peut-être ???) est cependant un film un peu différent. En fait ce n’est même pas vraiment un film. U-Man est plutôt un objet incongru tellement léger qu’il en devient aérien, un showcase / défouloir modeste pour Anthony Wong et Sam Lee, qui permet accessoirement à Gillian Chung (des Twins) de conquérir un public sans cesse plus vaste... en attendant The Twins Effect, bien sûr ! Et puisque l’on attend, autant se concentrer sur les prestations respectives des trois acteurs dans le "film" qui nous intéresse aujourd’hui.

Difficile d’aborder la composition de Sam Lee sans parler en même temps de celle d’Anthony Wong - et vice versa. Déjà parce que les deux acteurs se fendent ici d’un gimmick injustifié et insupportable (et par conséquent génial), autant que partagé : à savoir les rires de Beavis & Butthead. En gros, dès que les deux agents se réunissent pour dresser le tableau de l’avancement de leur enquête pathétique, ils se marrent. Parce qu’ils se racontent des vannes ? Parce qu’ils enchaînent les bons mots, les anecdotes hilarantes ? Pas vraiment. Parfois, ils ne parlent même pas, ils rigolent bêtement, "huh huh" et c’est tout. Au point que l’on se demande si leurs cigarettes à l’écran ne sont pas autre chose dans le monde réel...
Anthony, lui se marre d’ailleurs presque tout le temps, et surtout lorsqu’il fait cours à des jeunes filles à la spontanéité pour le moins généreuse, et qu’il se retrouve sous une pluie de petites culottes.

Sam Lee par contre ne rigole pas tant que ça, en dehors des fameux intermèdes abrutissants cités plus haut - par ailleurs précédés à chaque fois d’un plan où les deux acteurs se touchent (mutuellement) les fesses ou équivalent. Il est bien trop occupé à avoir l’air parfaitement handicapé (l’insistance douloureuse de la scène de l’escalier), ou à choisir laquelle de ses compagnes à tendance lesbienne (puisque toutes les écolières semblent l’être) il préfère... Evidemment, il préfère Gillian Chung (normal, il a bon goût) qui est évidemment l’une des deux "suspectes" (l’autre étant une enseignante surnommée "Miss Cool" - Rachel Fu - et convoitée par le Père Gum). Laquelle Gillian l’aide à exprimer son penchant pour la larme facile, en le poussant à développer ses histoires de maladie et de travestissement forcé. Mais bien sûr Gillian n’est pas lesbienne, et elle sait bien que Sam Lee est un homme, avec ou sans perruque ! Heureusement, parce qu’on a presque cru, l’espace d’un instant, que U-Man était en fait un remake de The Lovers...

Bien sûr, le film ne se réduit pas à ces trois personnages... En fait si, mais il y a tout de même une bonne sœur qui fait du kung-fu, et ça c’est un gros avantage pour U-Man. Tout comme cette conception du divertissement religieux incarné par le terrain de paint ball, d’ailleurs. Mais les meilleurs moments du film sont bien ceux, musicaux, portés par la douce voix d’Anthony Wong. Une heureuse initiative du reste que le sous-titrage de ces séquences, qui nous permet de comprendre les paroles des jolies chansons écrites par Monsieur "Bad Taste" lui-même...

Bref, il n’y a pour ainsi dire aucune trame véritable dans U-Man, tout au plus un prétexte classique à de nombreuses improvisations stupides. D’ailleurs le film ne s’embarrasse même pas d’une conclusion authentique, mais simplement de deux pauvres cartons de texte avant de se terminer sur une chanson d’Anthony - comme si le réalisateur était tombé en panne de bobines à force de tourner des conneries. U-Man est simplement un film de potes, pendant le tournage duquel les acteurs se sont certainement éclatés et qui du coup ressemble au "gag reel" d’une comédie adolescente bon enfant et improbable, que nous ne verrons certainement jamais car elle serait parfaitement inintéressante. C’est peu, certes, mais c’est insolent et nonchalant sans être vulgaire (pour une fois), ça n’existe qu’à Hong Kong, et il y a Anthony Wong en prêtre décoloré dedans, alors...

U-Man est disponible en VCD et DVD Hk chez Universe.
Si l’image du DVD est plutôt bonne, on ne peut pas en dire autant de l’immonde bande-son en mono, sans aucun volume (forcément me direz-vous...), qui l’accompagne.
Le DVD ne comporte par ailleurs que le trailer du film et les bios/filmos de Sam Lee et Anthony Wong en guise de suppléments.

- Article paru le mercredi 26 février 2003

signé Akatomy

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