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Corée du Sud

Unborn but Forgotten

aka White Room - Unborn but Unforgotten | Corée du Sud | 2002 | Un film de In Chang-Jae | Avec Lee Eun-Ju, Jeong Jun-Ho

Soo-Jin (la regrettée Lee Eun-Ju) est reporter, et prépare un documentaire sur le détective Choi, ancien de la crim’ reconverti en cyber-policier. Celui-ci enquête sur une affaire pour le moins incongrue : des jeunes femmes meurent les unes après les autres comme aux mains d’un tueur en série - sauf que celui-ci vient de l’intérieur. Le corps de chacune des victimes porte en effet les marques d’un accouchement, brutal et qui n’a pourtant jamais eu lieu... L’autre point commun entre les défuntes ? Deux semaines avant leur mort, elles ont toutes visité le site internet d’une maternité, et s’y sont vues mourir. Une révélation qui ne va pas sans terroriser Soo-Jin, étant donné qu’elle s’est elle-même connecté à ce site, persuadée d’être en début de grossesse. Un état d’ordinaire réjouissant, mais qui ne l’est point ici ; étant donné que 1) son petit ami, relation de travail et supérieur hiérarchique, n’a que faire de cette progéniture qui pourrait ralentir son obtention d’un poste au JT, 2) la jeune femme est assaillie de visions terrifiantes et sent bien que ses heures sont comptées...

La vague Ring et son utilisation virale d’une douleur projetée au-delà de la mort, s’est déjà vue adaptée aux technologies contemporaines, tels les téléphones portables dans Phone et Chakushin Ari ; ce n’était qu’une question de temps avant que les asiatiques « surfent sur la vague » et en arrivent à retenter l’histoire du site internet qui tue. Peut-être que c’est parce que je suis moi-même webmaster, ou alors tout simplement mauvais joueur ; toujours est-il que, à ce jour, peu ou pas de films ont réussi à rendre crédible une quelconque menace électronique. Pour vivre une exploitation intéressante des possibilités meurtrières du web, une seule solution à mes yeux : se replonger dans la vision de l’épisode Mikado de Millenium (Saison 2, épisode 13). Et éviter, bien entendu, la vision pénible de cet Unborn but Forgotten qui, nous le verrons, se sabre rien qu’à partir de son titre anglais.

On serait pourtant tentés de dire que le film de In Chang-Jae démarre presque bien ; passé un prégénérique ultra-clippé montrant une femme enceinte à l’agonie, le générique est splendide, influencé par la mode faussement brouillon lancée par celui de Se7en, tout auréolé de poupées angoissantes et de sang savamment utilisé. Deux marques qui ne se retrouveront pas dans la suite de ce long métrage patchwork : ni la réalisation hachée de la séquence d’ouverture (ce qui n’est pas plus mal), ni le soin apporté au générique lui-même. C’est d’ailleurs à se demander si celui-ci n’a pas englouti tout le budget du film (et non, ce n’est pas comme pour Razor Blade Smile, puisque ceux qui me connaissent savent combien j’aime l’ode de Jake West à Eileen Daly).

Passé ces premiers instants, Unborn but Forgotten s’embourbe dans une superposition de styles et de trames, sans jamais choisir entre le film paranormal, le film d’horreur pur, l’enquête policière ou le drame conjugal. Il y a un peu de Tomie, un peu de Ring... un peu de tout en fait, mais surtout beaucoup de rien : alors que l’horreur prénatale est un vaste terrain d’angoisse, on ne parvient même pas à savoir si l’héroïne est réellement enceinte ou pas, si elle avorte ou non. Difficile dès lors, de craindre quoique ce soit pour elle, ou de redouter sa progéniture. Il y a bien une tentative intéressante, avec une séquence très inspirée d’Argento où Soo-Jin découvre un monde entre les étages de l’immeuble où elle s’est installée ; mais celle-ci est bien loin d’être exploitée.

Au final, Unborn but Forgotten est ennuyeux et raté : ennuyeux parce qu’il ne suscite aucune intrigue digne de ce nom, et raté parce qu’il n’est de toute façon capable de faire aboutir aucune des pistes qu’il étudie. Il est de plus, dans sa double conclusion, parfaitement grotesque. Quiconque aime ses bébés bien flippants, lui préfèrera donc une certaine trilogie (It’s Alive) signée Larry Cohen... Enfin pour terminer, son titre lui-même est stupide. Etant donné que l’histoire nait d’un enfant avorté mais pourtant bien présent, celui-ci aurait dû être « Unborn but Unforgotten » (titre sous lequel le film est d’ailleurs parfois recensé). En étant « non né » et qui plus est « oublié », le fameux rejeton n’est rien d’autre qu’une menace aussi fantoche que reniée - comme le film lui-même.

Unborn but Forgotten est disponible aussi bien en DVD coréen qu’ene DVD HK. Ce dernier d’ailleurs, bien qu’anamorphique, se voit affublé d’une copie désastreuse, qui ne renforce en rien notre intérêt déjà limité pour le film.

- Article paru le mardi 12 avril 2005

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