United Trash
Il y a des soirs de semaine où l’on n’est pas particulièrement d’humeur à se poser le Q dans une salle obscure pour se défoncer le moral... Non... Parfois, ce qu’on préfère, c’est y aller old school, se taper un bon film d’exploit’, honteux à souhait. Et quand le hasard veut que cette envie se manifeste début septembre, il y a fort à parier que la programmation de l’Étrange Festival puisse y répondre. Voilà donc comment je me suis retrouvé à l’unique séance de United Trash et croyez-moi, ça valait le coup d’oeil.
Pour reprendre une expression consacrée par notre Akatomy galactique dans son article sur Shaun of the Dead, United Trash, c’est un peu la galette complète du film d’exploit’. En moins de 80 minutes, tout y passe : du vomi, du gore, du pipi, des gros seins, de la merde, de l’albinos, du pédophile, des pédés, des nonnes, des nains, des noirs, du SM, du cul-de-jatte, de la bouyave, du médecin nazi... À la manière d’un Michael Bay de l’exploit’, Christoph Schlingensief accumule ces délices sans vraiment se soucier de leur pertinence ; peu importe qu’ils aient une réelle place à l’écran, l’important, c’est qu’on les voit.
Bien évidemment, avec une telle surenchère, inutile de s’attendre à une cohérence cinématographique ; c’est plutôt la fête du n’importe nawak rhénan. Pour vous donner une idée, les productions de la Troma font figure de scénarios bien ficelés à côté... Du coup, certains peuvent trouver ce gloubiboulga allemand parfaitement indigeste et je les comprends. Mais il ne faut pas chercher à reconstruire une vague intrigue liée aux interventions des Nations Unies, notamment en Afrique. Il faut plutôt s’installer l’esprit libre, un peu comme pour un Lynch, et se laisser porter par ce qui défile devant les yeux.
Quel plaisir alors de voir rebondir les deux énormes mamelles de Kitten Natividad, taillées façon Russ Meyer, alors que celle-ci court topless dans les champs... En fait, le film comporte tellement d’ingrédients abusés qu’il suffit d’en prendre quelques-uns au hasard pour contenter les spectateurs que nous sommes. Un nain noir avec une prothèse de fouf sur le sommet du crâne qui crache des projections de sperme ? Pas de problème. Une vieille pédale allemande musclée qui fricote avec un bébé en le caressant avec sa propre merde ? Banco.
United Trash n’aurait probablement pas pu porter un autre nom et figure définitivement parmi ces freaks du cinéma qui nécessitent une sérieuse ouverture d’esprit, non loin d’un certain Ebola Syndrome... Sans atteindre la réflexion sous-jacente d’un Visitor Q, le rire aux larmes d’une Famille Foldingue ou l’alchimie délicate d’un Fous d’Irène, United Trash parvient à se hisser au panthéon des films abusés. Avis aux boulimiques de la bouche ouverte : va falloir penser à commander celui-ci. Quant aux amateurs de défis, il ne vous reste plus qu’à réaliser Ultimate Trash, avec sa fameuse scène de nonnes naines zombies qui font du kung-fu ; je réserve déjà un siège pour l’avant-première.
Film diffusé dans le cadre de l’Étrange Festival 2005.



