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Japon | Animation

Vampire Hunter D - Bloodlust

Japon | 2000 | Un film de Yoshiaki Kawajiri

Et ça prétend aimer l’anime ? Autant commencer cet article par un aveu légèrement honteux : je n’ai jamais vu Kyûketsuki Hunter D (Vampire Hunter D), classique de l’animation japonaise s’il en est, réalisé en 1985 par Toyô Ashida (Fist of the North Star), au character design signé Yoshitaka Amano (Tenshi no Tamago, la série des jeux Final Fantasy). Je sais, ça en fout un sacré coup à ma crédibilité...
En l’an de grâce 2000, Yoshiaki Kawajiri fait à nouveau appel au talent (immense) d’Amano pour plancher sur un second opus des aventures du Dunpeal, ce chasseur de vampire lui-même mi-homme, mi-créature de la nuit. Kawajiri, par contre, je le connais - et nul doute que vous le connaissez aussi...

Il faut bien avouer que, de Monster City (Makaitoshi Shinjuku - 1988) à Ninja Scroll (Jûbei ninpôchô - 1995) en passant par Wicked City (Yôjû toshi - 1989) et Cyber City Oedo 808 (1991), Kawajiri est responsable de nombreux chefs-d’oeuvre de l’anime, et qu’il n’est jamais vraiment passé inaperçu - tout comme le studio au sein duquel il travaille - Madhouse, qui nous a offert, dernièrement, le magnifique générique de Party 7. Ninja Scroll notamment possède un statut particulier, puisqu’il a longtemps été considéré par ses fans comme le meilleur dessin-animé de sabre qui soit. Aujourd’hui, le film tiré des 4 OAV de Kenshin peut certes prétendre le détrôner, mais Ninja Scroll reste l’un des plus beaux films sur le sujet, à n’en pas douter : personnages magnifiques, animation d’une fluidité hallucinante, cadrages délirants... bref, tout ce qu’il faut pour livrer une oeuvre inoubliable. Depuis ce film, d’ailleurs, Kawajiri n’avait plus rien réalisé. Bloodlust marque donc son grand retour derrière les cellulos...

En pleine nuit, la jeune Charlotte Elbourne est enlevée par Meier Link, vampire réputé extrèmement dangereux. Son père charge donc D, notre chasseur protagoniste, de retrouver la disparue. Que ce soit vivante ou morte, l’homme veut juste éviter que sa fille regagne les rangs des seigneurs de la nuit. Mais D n’est pas seul sur le coup ; face à lui, les frères Markus, accompagnés de la belle Leila et du mystérieux Grove, sont prêts à tout pour mettre la main sur leur récompense. D’autant plus que D, de par sa nature "monstrueuse", n’est pas particulièrement apprécié des humains...

Injustement décrié lors de sa sortie sur les écrans japonais, mais aussi lors de son passage en France au cours du dernier festival "Nouvelles Images du Japon" au Forum des Images (décembre 2001), je tiens à dire tout de suite que Vampire Hunter D - Bloodlust n’est pourtant rien d’autre qu’un chef d’oeuvre de plus à l’actif de Kawajiri.
Dés les premiers plans du film (ce magnifique travelling arrière sur les toits d’une ville inconnue), on retrouve ce goût du réalisateur pour le mouvement et la mise en scène travaillée. Appuyée par une musique envoutante, à mi-chemin entre la musique de film d’horreur et la musique religieuse, cette scène d’ouverture immerge directement le spectateur dans l’univers si particulier de D. A la fois futuriste et très XVème siècle, c’est un monde où se croisent humains et créatures de façon naturelle, comme dans Wicked City et Ninja Scroll. Le design d’Amano est exploité de façon incroyable, et aussi bien D que Meier Link s’imposent d’emblée comme de véritables icônes de l’animation japonaise : D avec son parasite (un visage sur sa main gauche capable d’ "aspirer" les mauvais sorts) et son épée de trois mètres, Meier avec sa cape acérée. Tous possède une classe écrasante, et ne nécessitent pas une présentation plus étalée que celle, très courte, qui leur est accordée ici.

Bloodlust se situe néanmoins un peu en marge du reste de l’oeuvre de Kawajiri : ici, il n’y a que très peu de violence graphique, et les créatures à connotation sexuelle si chères à l’auteur/réalisateur (la femme araignée de Wicked City) sont mises de côté pour une aventure plus "humaine" - en ce sens où ce sont les personnages et leurs sentiments qui sont le véritable moteur du film, plus que l’action elle-même. C’est sans doute pour cette raison que Bloodlust a déçu une partie de ses spectateurs. En fait, il n’y a que très peu de combats dans cette nouvelle adaptation de l’univers créé par le romancier Hideyuki Kikuchi. Le mouvement (incessant) est utilisé pour faire avancer l’intrigue vers son véritable objectif : la lutte de chacun des personnages contre sa propre nature ; un combat ayant pour but l’affirmation de leur identité, qui s’effectuera au sein du chateau de Carmilla, reine des vampires qui n’est pas sans rappeler la Diva d’un autre chef d’oeuvre de l’anime : celle du segment Magnetic Rose du Memories d’Otomo.

Bloodlust partage en effet beaucoup de points communs avec le monument filmique de Kôji Morimoto, et la résolution du film s’opèrera donc au sein de l’univers de "mémoires" de Carmilla, au sein duquel chacun des protagonistes devra faire face à ses souvenirs et à ses propres démons.
Plutôt que de livrer un simple film d’action, Kawajiri choisit donc de faire de son film un conte humain, une lutte pour la liberté de chacun des pahrias qu’il met en scène - ce qu’il réussit à 200%, aidé par un niveau technique absolument terrassant qui projette Bloodlust aux sommets de l’animation contemporaine.

Bloodlust est disponible en DVD zone 1 chez Urban Vision.
La copie est superbe, et le 5.1 anglais (étrangement, la VO du film) est délirant de puissance (pas évident de regarder ça le soir en immeuble...).
En guise de suppléments, un petit making-of, quelques trailers, et trois comparaisons storyboards/films.

- Article paru le lundi 10 juin 2002

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