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Hong Kong

Vampire Warriors

aka 殭屍新戰士 | Hong Kong | 2010 | Un film de Dennis S.Y. Law | Avec Jiang Lu-Xia, Chrissie Chau Sau-Na, Yuen Wah, Chin Siu-Ho, A. Lin, Pinky Cheung Man-Chi, Rock Ji, DaDa Lo Chung-Chi, Rachel Lam

Dennis Law persiste et signe. Toujours pété de ronds, semble-t-il, ce transfuge de l’immobilier illustre parfaitement, une nouvelle fois, le commentaire gratuit de l’une des héroïnes de Vampire Warriors, jolie vampire végétarienne, à propos de celles qui s’en remettent au Botox : « j’imagine qu’elles ont trop d’argent à gaspiller ». L’auteur-réalisateur-producteur de Womb Ghosts et Bad Blood nous ressert donc sa déraisonnable autonomie, financière et cinématographique, employée cette fois à poursuivre le travail de Stephenie Meyer en matière d’humiliation vampirique. Au programme : vampires végétariens, donc, lapins en peluche, duels d’hydratation minérale, une garde-robe entre cuir et fitness eighties, câbles honteux, sous-entendus lesbiens, et blagues subtiles sur l’éjaculation et la menstruation. Le tout emballé de l’ennui, que l’on partage aisément, de l’éternité vampirique.

Il faut un bon moment pour saisir la trame de Vampire Warriors, qui oppose Ar (Jiang Lu-Xia), combattante peu féminine, à Mung (Yuen Wah), un redoutable vampire mangeur de vampires (si si), qui a asservi sa sœur Sue (Pinky Cheung) et fait des ravages dans les rangs de ses potes non morts. En effet, Ar, en dépit de son activité nocturne à la Van Helsing, a pas mal d’amis aux dents longues, et notamment Max (Chrissie Chau), vampire qui ne touche pas aux humains et pour laquelle seule Ar semble ignorer une flagrante attirance lesbienne (compréhensible, de mon point de vue). Pendant qu’elle passe son temps à la taquiner à coups de « allez, suce-moi le sang », le frère de Max, Rex, son paternel à frange, coureur de jupons, et d’autres miss toutes plus jolies que Jiang Lu-Xia – d’autant plus que Dennis Law l’a affublée d’une coupe glam ahurissante – croisent le chemin funeste de Mung, Mandarin sorti d’un Mr Vampire, qui suce l’âme de ces recalés de Twins Effect, rebelles de la dégustation de jugulaires.

Voilà, vous savez tout ou presque ; Vampire Warriors a pour seul objectif narratif de relier quelques combats rigolos et brutaux, où chaque coup emmène un combattant traverser un mur, en suivant sa galerie de personnages peu intéressants, et en esquissant un érotisme qui s’offrira, au mieux, dans le décolleté poli de Chrissie Chau. Exit toute notion de cohérence, notamment topographique, ainsi que l’illustre l’un des premiers sauts de Ar (dont on ne saisit même pas le nom avant une bonne heure de supplice), qui l’envoie d’une cour abandonnée en ville en plein milieu d’une forêt. On sait que Dennis Law aime à utiliser pour seul moteur ses envies déliées, aussi il ne faut pas chercher à comprendre comment une scène, un dialogue, un décor appelle l’autre, dans un exercice je-m’en-foutiste réminiscent de Transformers 3. En moins impressionnant, tout de même.

C’est d’autant plus dommage qu’il y a un talent martial évident à l’écran, néanmoins ruiné par l’inconsistance des effets de câbles, partagés entre décollages délicats et arrachage de protagonistes pliés en deux hors du cadre. On se rince les yeux d’une belle galerie féminine, employée – ce qui n’est pas très charitable - à souligner le manque de charme d’une Jiang Lu-Xia affublée en mec, mais ces demoiselles ne font rien d’autre que s’ennuyer, de leurs propres mots, et nous transmettent rapidement leur lassitude. Les blagues du film sont soit nulles, soit brisées par la mise en scène rachitique (le saut mimétique stupide, façon « aim for the bushes » dans Very Bad Cops, d’une jeune femme qui vient de voir un vampire faire une chute de dix mètres sur la tête et se relever indemne), et il ne reste donc que l’insolence de Law au menu de la rigolade, ainsi qu’incarnée par cette peluche de lapin qui sert de dîner à Chrissie Chau, ou ce duel incongru d’ingestion d’eau, incompréhensible tant qu’on ne sait pas, a posteriori, que l’eau minérale peut être funeste aux vampires (peut-être les sources HK sont-elles naturellement bénites ?). Mouais. Pendant une longue centaine de minutes, entre désespoir et fascination, c’est ainsi tout le film qui tombe à l’eau, comme la carrière d’auteur-réalisateur de Dennis, qui n’a rien réalisé depuis. Ouf.

Disponible en VCD, DVD et Blu-ray HK, sous-titrés anglais.
Addendum du 27.04.12 : je ne suis pas le seul à voir des sous-entendus lesbiens dans ce film... puisque, pour sa sortie en Angleterre fin juin, il sera rebaptisé Lesbian Vampire Warriors !

- Article paru le lundi 16 avril 2012

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