Veteran
Seo Do-cheol est un inspecteur de la vieille école, qui ne se laisse aller à aucune compromission lorsqu’il s’agit de traquer les criminels. Un camionneur auquel il avait fait appel lors d’une enquête est retrouvé suicidé dans la cage d’escalier d’une grande entreprise. Il était venu un peu plus tôt avec son fils réclamer l’argent que celle-ci lui devait, après avoir été viré comme un malpropre par un de ses sous-traitants. Cette société appartient à Jo Tae-oh, le fils d’un des pontes des affaires du pays, que le policier a déjà croisé auparavant à une fête où il avait été introduit par un ami. Le flair de Seo Do-cheol lui avait fait subodorer que ce gosse de riche, brutal avec les femmes, n’était pas clair, et il voit avec suspicion ce suicide.
Présenté comme film d’ouverture du 10ème Festival du Film Coréen à Paris, Veteran a déclenché à de nombreuses reprises l’hilarité des spectateurs. Son réalisateur présent pour l’occasion, Ryoo Seung-wan, avait déjà chauffé la salle en faisant une présentation de son film avec beaucoup d’humour. Fonctionnant dans le registre du comique de situation, le film lorgne du côté de la kung fu comédie, et s’il ne va pas aussi loin que Jackie Chan dans le masochisme, l’acteur jouant l’inspecteur de police sait s’en prendre plein la gueule, au sens propre s’entend.
Assumant son côté caricatural, le film ne fait pas dans la finesse, mais son humour est efficace. N’est-ce pas l’essentiel ? Tout surpris de constater que ses équipiers sont venus en renfort lors d’une mission interdite, le policier se voit répliquer par son supérieur qu’ils font partie de la même équipe, leurs pets ont donc la même odeur...
Veteran est une comédie, parfois frénétique, mais aussi une charge contre l’arrogance des puissants. Un thème fréquent dans les films coréens, et en premier lieu et avec le talent que l’on sait dans la filmographie de Bong Joon-Ho. La bête noire de Seo Do-cheol est un fils à papa qui a hérité son pouvoir - et aussi sa connerie - de son père, roi des affaires. Crime de lèse majesté, le camionneur et ses collèges ont voulu se syndiquer et leurs ennuis ont alors commencé. L’inspecteur est, lui, un gagne petit et malgré ses années de services éprouve des difficultés pour payer son logement. La société coréenne ainsi montrée constitue un terreau fertile pour la corruption, autre thème récurrent du cinéma coréen. Une corruption qui touche tout le monde, du flic de base au chef de la police, qui veut trouver un travail pour son fil ou organiser un récital pour sa fille.
Veteran opère dans le registre de la caricature, mais Ryoo Seung-wan parvient à un certain équilibre en n’épargnant personne. Les membres de l’équipe de Seo Do-cheol sont des bras cassés et des branquignols. Lui-même, s’il défie constamment sa hiérarchie, file bien droit devant sa femme, qui ne s’en laisse compter par personne. Elle est au centre d’une scène de tentative de corruption à base de sac Chanel bourré de wons, inénarrable.
Veteran a été projeté dans le cadre du dixième Festival du Film Coréen à Paris (2015).





