War of the Arrows
La guerre des flèches ? Si la version internationale du titre peut faire sourire (la traduction littérale - Arc, l’arme ultime – n’est pas plus heureuse), elle a le mérite de poser le décor. Plus qu’une guerre entre soldats ou même entre pays, ce sont les flèches qui la font, en principales protagonistes du film. C’est ce choix d’arme original qui fait le véritable attrait de cette épopée historique à la trame plutôt banale. Encore fallait-il le rendre cinégénique… A tous points de vue, ce défi-là est réussi.
Suite à une invasion des mandchous dans le nord de la Corée, Ja-In et son mari sont fait prisonniers. Nam-Yi, le frère de Ja-In, un archer hors-pair mais également buveur invétéré, décide de sortir de sa torpeur et se lance à la poursuite des troupes d’élite mandchoues pour les en délivrer.
Un héros seul contre tous qui décime, un à un, ses ennemis, telle est la trame éculée qui a fait les beaux jours de Steven Seagal. Et pourtant ça fonctionne, grâce à une réalisation en adéquation parfaite avec l’art martial choisi, le tir à l’arc. Tout au long du film et de ses très nombreuses scènes d’action, Kim Han-min multiplie les trouvailles scénaristiques ou photographiques et varie les situations de combats pourtant quasi-exclusivement réservées aux archers. Un parti pris surprenant au départ, mais la dimension stratégique de ces assauts « longue distance » est prétexte à une chorégraphie visuelle extrêmement réjouissante. Placements, déplacements, lignes de mire et de fuite sont parfaitement utilisés dans une cohérence géométrique vraiment impressionnante. Bluffante, la poursuite horizontale dans une forêt de bambous à la verticalité vertigineuse. Haletant, le triangle meurtrier sur fond de steppe mongole. Une réussite qui n’est pas sans rappeler The Mission, de Johnnie To, un parallèle évidemment flatteur.
Sans revolvers, XVIIème siècle oblige, mais avec ses propres snipers, Kim Han-min joue comme le maître hongkongais avec son cadre et compose ses plans avec soin. Comme dans toute production asiatique, l’action est évidemment stylisée - et boostée par les effets sonores - mais suffisamment rythmée pour sembler naturelle. Le réalisateur, dans sa recherche de réalisme, abuse parfois d’une caméra au poing un peu agitée mais qui permet au spectateur de se retrouver au cœur de l’action. Celle-ci se fait d’ailleurs plus posée à mesure que le film se déroule et que le héros gagne en maturité. Enfin, il bénéficie de décors naturels somptueux et variés, ainsi que d’une reconstitution flamboyante des costumes et villages fortifiés de l’époque. Cette débauche de couleurs et le souci du détail sont devenus la marque de fabrique des films historiques coréens, on ne s’en plaindra pas. L’intérêt du film étant principalement visuel, on pardonnera un casting un peu excessif, surtout les méchants chinois, mais les personnages principaux sont crédibles et sympathiques. Ils parviennent à trouver le bon équilibre entre un humour burlesque très présent et la rigueur nécessaire à la vraisemblance des scènes d’action.
En dépit d’un scénario cousu de fil blanc, de quelques maladresses et d’une cruauté inutile envers les animaux (chien, tigre, cheval), Kim Han-min livre un film d’action emballant. La dimension historico-politique (l’impossibilité des prisonniers coréens, considérés comme traîtres, de rentrer au pays), juste esquissée, aurait nécessité un développement plus fouillé. Y aurait été mis en avant, encore une fois, ce nationalisme exacerbé, à juste titre, par la situation de ce pays double et des règles qui régissent les relations Nord-Sud. Le film aurait probablement perdu en valeur plaisir. Et c’est avant tout un excellent divertissement. En plein dans le mille.
War of the Arrows est disponible en DVD et Blu-Ray Zone 2 anglais (très légèrement censuré), et sort en DVD et Blu-Ray Zone 2 français le 20 Novembre prochain.





