Where A Good Man Goes
Michael (Lau Ching Wan) est un ancien boss des triades de Macau qui vient juste de sortir de prison. D’un caractère particulièrement irascible, il ne manque pas de se provoquer des ennuis à une vitesse surprenante : au cours de son premier soir de liberté, il se retrouve au milieu d’une bagarre à coups de battes, impliquant trois chauffeurs de taxi pas particulièrement commodes. Bien que ce ne soit pas lui qui ait provoqué l’affrontement, ça n’empêche pas "Fat Karl", le flic qui l’avait arrêté plusieurs années auparavant, de sauter sur l’occasion pour lui remettre immédiatement le grappin dessus. Karl vient le débusquer dans la tranquilité de sa chambre au International Inn - un hôtel de seconde zone tenu par Judy (Ruby Wong), une jeune et jolie veuve, mère d’un petit garçon. On ne sait pas trop pour quelle raison (étant donné la façon particulièrement immonde dont Michael traite la jeune femme) Judy vient témoigner au commissariat en faveur du gangster ; toujours est-il que cela suffit à le tirer momentanément d’affaire. Alors que Karl va chercher par tous les moyens à renvoyer Michael sous les verrous, ce dernier va essayer de récupérer l’argent que ses "frères" lui doivent, tout en devenant un membre privilégié de la "famille" du International Inn...
Where A Good Man Goes, autant le dire tout de suite, est un très bon film, ça ne fait pas de doute. Pourtant, quelque part, on ne peut s’empêcher de penser que le duo Jonnie To / Wai Ka Fai a un peu choisi la facilité avec ce pseudo polar très "nouvelle vague". Si j’utilise cette expression, ce n’est pas pour faire référence aux films de Wong Kar Wai, mais plus à la nouvelle forme de cinéma "noir" qui est apparue à Hong Kong dans les années 90. Bon nombre des films du tandem de la MilkyWay, bien sûr, mais aussi Beast Cops, et avant cela Final Option, par exemple (les Gordon Chan, en gros) : ces "néo-polars", comme il est d’usage de les nommer de nos jours, ressemblent un peu à des sitcoms de luxe, toujours pervertis avant la fin de l’histoire. Tous mettent en scène une dynamique familiale perturbée par l’arrivée d’un membre extérieur, qui sera progressivement intégré - bien que le processus soit toujours lourd de conséquences.
Néanmoins, la relation qui s’établit entre les personnages de Lau Ching Wan et Ruby Lau (qui avaient déjà travaillé ensemble pour Johnnie To l’année précédente pour l’incroyable Expect the Unexpected - tout le film est dans le titre) parvient à sortir des canons habituels des films HK, grâce au caractère monstrueux de Michael, vrai-faux écorché-vif incapable de laisser courir le moindre affront. L’interpétation des acteurs est impeccable, et la dynamique quasi-cognitive qui relie Michael à "Fat Karl" aboutit à une confrontation finale en deux temps très intéressante.
Alors bien sûr, on est très loin de The Mission ou de Expect the Unexpected, mais Where A Good Man Goes reste un très bon film pour ceux qui sauront y percevoir la précision de la gestion des échanges humains, avec un je ne sais quoi de "kitanesque" dans la nonchalance de la mise en scène et des personnages (tous sèchement violents, à la Violent Cop), mais aussi dans la musique décalée qui les accompagnent dans leur évolution - d’une famille vers une autre en ce qui concerne Michael, d’une famille incomplète vers une vie plus cohérente pour Ruby. Et la fin du film est tellement positive, pour une fois, que Where A Good Man Goes parvient, en dépit de sa légèreté et d’un certain manque d’ambition, à s’offrir une place d’estime dans la filmographie unique de Jonnie To.
DVD Mei-Ah d’assez bonne qualité : les menus sont soignés, pour une fois ; la compression aussi. Le 5.1 est artificiel et démontre bien l’intérêt d’une vraie bonne stéréo. Malheureusment, comme souvent, le film n’est pas time-codé...


