White Dragon
Lei, Patrick Tang Kin Wang, Liu Lei
Pour attirer et défier en combat singulier Chicken Feathers (’plumes de poulet’), la jeune White Dragon se sert de mélodies harmonieuses qu’elle tire de sa flûte. Comme un seul homme, le tueur à gages aveugle (Chicken) se laisse transporter par les sonorités quasi divines qu’il entend. C’est alors qu’au moment d’affronter l’infirme, White Dragon se remémore les circonstances qui l’ont amenées à se battre contre ce tueur implacable qui n’a jamais failli à aucun de ses contrats.
Une semaine auparavant. Hei Fung est une lycéenne comme toutes les autres, qui rêve au prince charmant et traîne avec le même groupe d’amies ayant les mêmes préoccupations d’ordre vestimentaire (une bien belle scène de montée des marches !!) et d’ordre amoureux : « Il est beau !! », « Il lui a dit qu’il en aimait une autre !! », « On joue à Secret Girls ?! ». Bref à l’image de ses amies, Hei Fung est bien superficielle, d’ailleurs elle avoue d’elle-même qu’elle garde ce cercle amical parce qu’elles sont toutes plus moches, grosses, ou bêtes qu’elle. Et tout ceci dans l’unique but de se faire valoir... ah le paraître toujours le paraître. Pourtant Hei Fung sait faire preuve d’une gentillesse innée, en offrant des nids d’hirondelles frais à la pauvre vieille femme technicienne de surface de l’établissement.
Un soir, le tueur à gages que l’on a nommé Chicken Feathers pour la seule et unique raison qu’il prévient sa future victime en lui envoyant des plumes de poulet, doit tuer le directeur de l’école. C’est alors que l’on apprend que l’assassin aveugle n’assassine que lorsqu’il sait les personnes coupables de leurs crimes, et surtout après leur avoir fait avouer ces dits crimes. Mais alors me direz-vous, quel est donc le crime odieux de ce jovial proviseur, qui lui vaut les foudres de ce noble confesseur aux plumes abondantes ?
Eh bien sous ses allures d’homme juste et bon, sachez que le directeur de ce prestigieux établissement a pris la contestable habitude de tripoter certaines de ses élèves, et si l’une d’elle par bonheur/malheur s’évanouit, il n’hésite pas à donner de sa personne. Bref l’ « adophile » avoue ses fautes en criant à la face de Chicken et aux étoiles, qu’il ne peut s’empêcher de le faire : il aime trop ça !! C’est alors qu’au moment de voir le fautif expier ses délits, la vieille femme de ménage, toute habillée de blanc, intervient. Mais cette redoutable guerrière masquée , qui a juré la perte de Chicken, ne peut empêcher l’assassinat du proviseur, puis la fuite de l’infirme à l’épée. Grièvement blessée, la pauvre Shang Bi-yu atterrit dans les appartements de Hei Fung et meurt non sans lui avoir transmis tous ses pouvoirs ; un peu comme au début de Ninja 3 La Domination (Sam Firstenberg /1984).
Bon en fait elle n’est pas morte puisque le lendemain, elle explique à Hei Fung toute l’affaire. La jeune ingénue ne l’écoute qu’à moitié, trop occupée qu’elle est à préparer son concert en plein air. Bah oui la petite demoiselle est une performeuse. Elle pratique le noise mêlé à un bon vieux hardcore. D’autant plus que son rêve va enfin se réaliser puisque le second fils de l’Empereur, Tian Yang, a confirmé sa venue ce même soir au premier rang. Mais le destin est ainsi fait, car le prince ne s’est pas montré et ce malgré la violente performance d’Hei Fung. Ses chances de rencontrer ce charmant héritier ne sont pour autant aucunement gâchées, puisqu’elle se voit officiellement invitée à la Cour pour reproduire les sons si particuliers de la veille lors d’un concert privé.
Décidemment le destin s’acharne sur la malheureuse Hei Fung : la jeune écolière a une poussée d’acné, une très mauvaise poussée d’acné joyeusement purulente. Que faire, que faire mon Dieu !?!? Il vaut mieux demander conseil à la vieille Shang, qui a retrouvé une forme olympique après sa résurrection. Son conseil sera de premier ordre puisqu’il se réduit au fait de voler aux riches pour donner aux pauvres ; suite à ces faits d’armes les boutons pleins de pus disparaîtront. Voici une fois pour toutes les origines de la délinquance juvénile identifiées. La lycéenne saute de demeures imposantes en bidonvilles insalubres en redistribuant les richesses, s’attaquant même à l’une de ses propres « amies ». C’est d’ailleurs durant l’une de ses sorties qu’une fillette émerveillée, remarque le pus des maïs suintant du front de l’héroïne, et décide de l’appeler White Dragon.
Finalement, au bout d’une semaine, ce curieux traitement a fonctionné et la peau de la jeune fille est claire à nouveau. Sereine, elle se rend au rendez-vous chez le prince. Là elle fera la connaissance du grand frère de Tian Yang, premier héritier de l’Empire, en pleine démonstration d’arts martiaux et accessoirement inventeur du protège dents à base de quartiers d’orange. S’adonnant à des jeux tels que le tennis ou les rollers, les deux tourtereaux se quittent non sans être tombés amoureux l’un de l’autre.
Nouveau rebondissement. Le soir venu Tian Yang trouve des plumes de poulet dans ses pénates. Hei Fung redevient White Dragon et se jure de faire la peau à Chicken Feathers, le non-voyant le plus craint du pays. Nous revoici donc à la case départ, en plein duel au soleil, enfin à l’ombre... celle des bambous. Le combat fait rage et lors d’un coup bas destiné aux parties intimes de Chicken (l’endroit le plus dur de son corps !!), White Dragon se casse la jambe et s’évanouit de douleur. Plus tard elle se réveille dans la modeste demeure de Chicken. Ce dernier l’a soigné et lui conseille de rester tranquille quelques temps, quitte à ce qu’elle reste en sa compagnie...
Véritable comédie anachronique, White Dragon est un petit bijou de délires et de bons sentiments. Fleuron de ce qui se fait de mieux en matière de comédie débilo-sérieuse, White Dragon doit l’accès à la postérité au couple Francis/Cecilia. Le premier, au sommet de sa forme, donne ses lettres de noblesse au rôle pittoresque du vengeur aveugle et n’a pas à rougir de son manque de crédibilité en non-voyant. Après tout Ben Affleck a tellement nivelé vers la bas la façon de jouer cette infirmité que n’importe quelle autre performance est à saluer. Mais ce qu’il y a d’admirable chez le sieur Francis, c’est qu’il reste un grand enfant dans sa façon d’interpréter les personnages atypiques qu’on lui a confié au fil des ans (From Hero to Zero). Certes, il est clair que par moments le pauvre est en roue libre, tout comme Cecilia, mais on ne va pas se mettre à chipoter maintenant sur qui joue bien et quelle histoire est nulle ou non. Les prestations restent honnêtes, et puis quand vous avez la chance de voir un tel couple sur grand écran dans un cinéma de Kowloon, vous fermez allégrement les yeux sur certains défauts, et surtout vous ne conservez que les bons côtés du film en mémoire. De toute façon Francis est beau, Francis est grand, Francis est une divinité et il porte super bien la tirelire à dos. Monsieur Ng Chun-Yu, à quand votre prochaine réalisation ?
Remise bien heureusement d’un accident (cela fera bientôt deux ans) qui a failli lui coûter la vie dans un premier temps et la motricité de ses jambes dans un second temps, la magnifique Cecilia Cheung remplit notre cœur de son extraordinaire sourire, et son doux regard devient si compréhensif envers Francis au fer et à mesure que les jours passent, qu’il suffit pour lui de « fermer ses yeux » pour voir son âme. Ah ma belle Cecilia, vous êtes un monument de beauté, et un guide pour un égaré comme Francis et comme moi d’ailleurs.
Réalisé par le bon vieux briscard Wilson Yip, à qui l’on doit un Bio Zombie (1998) dont l’intérêt restera plus que discutable pendant encore bon nombre d’années, malgré le concept : un soda qui transforme toute personne qui l’ingère en zombie !!! Wilson Yip est un assez bon artisan du cinéma de l’ancienne colonie anglaise, et on ne peut le blâmer pour les faiblesses des scénarii qu’il a mis en images, puisqu’il n’en est pas tout le temps l’auteur. Pourtant il parvient toujours à faire jaillir de ses personnages quelques infimes particules d’humanité qui nous réchauffent le corps. Et c’est en cela que White Dragon est une comédie du bonheur. D’ailleurs il ne faut pas oublier que Wilson est le co-scénariste et réalisateur du fabuleux Bullets over Summer (1999), déjà avec Francis, accompagné d’un spectaculaire Louis Koo. Francis qu’il retrouvera pour son Juliet in Love l’année d’après, avec la parfaite Sandra Ng.
White Dragon est sorti en salles à Hong Kong à la fin du mois d’octobre tout comme Colour Blossoms, et sortira si tout se passe bien en DVD le 27 décembre de cette fin d’année. Cette édition sera présentée avec des sous-titres anglais bien évidemment.




