Sancho does Asia, cinémas d'Asie et d'ailleurs
Corée du Sud

Windfighters

aka Soar Into The Sun - R2B : Return To Base - R2B : 리턴투베이스 | Corée du Sud | 2012 | Un film de Kim Dong-won | Avec Rain, Shin Se-kyung, Yu Jun-sang, Lee Ha-na, Kim Sung-su, Lee Jong-suk, Oh Dal-su, Jo Sung-ha

En pleine démonstration aérienne, Tae-Hoon, membre de l’équivalent sud-coréen de la Patrouille de France, les Black Eagles, est tellement las d’exécuter les mêmes manœuvres qu’il s’offre un décrochage interdit, et se fait expédier aux commandes d’un F15 de l’armée de l’air. Avant de rencontrer ses nouveaux camarades et antagonistes, il se paye aussi une poursuite en moto au coucher du soleil, aux trousses d’une jeune femme en ULM ; et hop ! en moins de temps qu’il n’en faut pour crier « Danger Zone » et voir accourir Kenny Loggins, Windfighters s’est fondu dans le gabarit Top Gun / Maverick. On serait presque reconnaissant à Kim Dong-won d’avoir évité de resucer la scène du passage basse altitude qui amène les supérieurs de la tête brûlée à se doucher au café... s’il ne nous la resservait pas une heure plus tard.

Tae-Hoon donc, rejoint les rangs des vrais combattants pour enfin grandir un peu, s’entiche, à défaut de belle instructrice, d’une mécano rigide (Yoo), se met le meilleur pilote de l’escadron (Lee) à dos, et découvre le quotidien d’un pilote de chasse sud-coréen. Car sous ses airs d’actionner high-tech hautement sponsorisé par l’armée, fort de la technologie américaine en matière de prises de vue aériennes, Windfighters est avant tout un drama à la coréenne, avec ses bluettes, ses fiançailles, ses blessures, sa scène de biture et des productions values au sommet. Ce qui n’empêche pas Kim Dong-won, qui prend tout de même un peu son temps, d’esquisser la promesse d’une défaillance technologique (un système moderne permettant à un avion de se poser avec une aile en moins), et de jeter de petits coups d’œils du côté d’un providentiel coup d’état nord-coréen.

L’un des seuls conflits au monde à justifier de façon crédible un nouvel affrontement entre un F15 et un MiG – la réalité originelle de la division coréenne se reflétant dans les nationalités des deux appareils, respectivement américains et russes - permet à Windfighters de sortir, enfin, de l’ombre du classique de Tony Scott, de ressentir son « need for speed », et de faire mentir son écho du Iceman incarné en 1986 par Val Kilmer, le rigide Lee, qui engueule vertement notre héros sale gosse en lui rappelant que « le combat aérien n’est pas un spectacle. C’est une question de vie ou de mort  ». Heureusement pour nous, le gradé a tout faux : le combat aérien constitue un sacré spectacle, et c’est ce qui sauve Windfighters.

Car s’il oublie quelque peu les lois de la physique dans sa mise en scène d’une intrusion d’un MiG nord-coréen dans les rues de Séoul, on ne pourra pas reprocher à Windfighters d’omettre de s’adonner à la générosité cinégénique : son mélange de prises de vues réelles et d’images de synthèse offre des visuels splendides, improbables et véritablement impressionnants, que l’on soit ou non féru de mur du son. Le film ne se limite d’ailleurs pas aux dogfights livrés par ses héros : patrouilles de sauvetage héliportées, troupes au sols... la campagne de communication de l’armée sud-coréenne bat son plein, certes, mais la seconde partie de Windfighters, nourrie de l’émotion de la première et d’un incident politique ultra-expédié, avec son enchaînement agression – frappe aérienne – opération de sauvetage, offre un condensé de l’Air Force à la fois caricatural et hautement satisfaisant.

Tout ça fait très pré-mâché, et les émotions ne se ressentent pas tant qu’elles se reconnaissent à mi-mot – le pouvoir du cliché comble les lacunes d’écriture et de mise en scène – mais en tant que divertissement militariste à la fois grand public (son dénominateur commun en terme de spectateurs est assez bas) et élitiste (l’armée de l’air est tout de même plus sexy que l’armée de terre), Windfighters respecte – du moins dans sa seconde heure - son ordre de mission. Dommage que Rain (I’m a Cyborg, But That’s OK, Speed Racer) ait emporté le rôle en amont de son service militaire obligatoire plutôt qu’en aval : les pecs nonobstant, l’entertainer aurait peut-être alors été plus convaincant en soldat qu’en séducteur insolent.

Windfighters est sorti en DVD ; Blu-ray et VOD chez Wild Side le 10 juillet dernier. La copie est irréprochable.
Remerciements à Benjamin Gaessler.

- Article paru le lundi 15 juillet 2013

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