Winter Vacation
Winter Vacation retrace quelques jours dans la vie d’un groupe d’adolescents, et de la famille de l’un d’entre eux, pendant l’hiver dans une petite ville chinoise. Ils vivent dans un quartier, constitué de petits immeubles en brique de deux étages, dont le sol est recouvert d’une légère couche de neige persistante. Un grand-père garde son petit-fils en regardant la télévision, mais tous les deux ne s’entendent pas. Un adolescent se sépare une nouvelle fois de sa petite amie tandis que deux de ses copains décident de ne plus se parler. Désœuvrés, ils tournent en rond avant la reprise prochaine de l’école.
Le réalisateur Li Hongqi a adopté une approche minimaliste dans sa mise en scène. Cette communauté est figée dans l’ennui. Son métabolisme semble s’être ralenti comme celui des animaux en hiver. Aucun mouvement de caméra ne vient perturber sa stase pendant toute la durée du film. Winter Vacation est organisé en une suite de vignettes, qui le fait ressembler à un comic strip auquel on aurait donné vie. Les personnages présents dans le cadre fixe sont toujours peu nombreux et l’arrière plan n’est pas mis en valeur. Celui-ci est constitué la plupart du temps par la façade des immeubles de taille basse typiques du quartier. Les personnages mis en avant dans le cadre sont par ailleurs très souvent statiques et leurs visages impassibles renforcent aussi l’aspect BD du film.
Si la caméra n’est jamais en mouvement, Li Hongqi a réalisé un très beau travail sur le cadre. Il transcende un environnement des plus banals et sans caractère, sans pour autant rendre beau un environnement qui ne l’est pas.
De la même façon que sa caméra est immobile, Li Hongqi fait un usage parcimonieux de la musique et des effets sonores. Une exception - et de taille - est le bruit des nombreux pétards que les chinois déclenchent lors de la fête du nouvel an pendant laquelle se déroule Winter Vacation. Non seulement leur vie est plongée dans l’ennui, mais ils sont aussi exclus des festivités qui se déroulent au dehors. Commentaire discrètement très politique sur l’écart de richesse qui se creuse entre les chinois.
Winter Vacation est un film sur l’échec des relations humaines, de l’enfance à l’âge le plus avancé. Le petit garçon ne s’entend pas avec son grand-père, deux couples, un d’âge moyen et un autre qui aurait pu être leurs parents, veulent divorcer, deux des adolescents décident de ne plus se parler... Une situation qui peut se résumer par la réponse du petit garçon à la traditionnelle question, Que veux tu devenir plus tard ? : Orphelin. Réponse incongrue, qui déclenche le rire.
Avec ce film réussi, Li Hongqi pose un regard singulier et décalé sur la réalité chinoise. Si à l’instar de ses confères du cinéma d’auteur, le cinéaste peint un portrait pessimiste de la société chinoise, il s’en distingue aussi en ajoutant une pincée d’humour pince sans rire.
Winter Vacation est disponible depuis le 23 novembre en DVD chez Spectrum Films.
Remerciements à Antoine Guerin.





