Sancho does Asia, cinémas d'Asie et d'ailleurs
Hors-Asie

Wolf Creek

Australie | 2005 | Un film écrit et réalisé par Greg McLean | Avec Cassandra Magrath, Kestie Morassi, Nathan Phillips, John Jarrat, Peter Alchin, Andy McPhee

Who will survive and what will be left of them ?

Ben, Liz et Christy... trois jeunes australiens en vacances, qui décident de quitter le confort dégénéré d’une station balnéaire pour rejoindre le fin fond de l’Australie. Quelques centaines de kilomètres les séparent de Wolf Creek, spot favori des amis de Fox Mulder logés dans le Bush, et accessoirement site de l’un des plus grands cratères de météorite à orner la surface de notre planète. L’Outback australien est austère et dépeuplé. Les gosses y voient l’opportunité de goûter à une certaine liberté ; celle-là même que possède l’autochtone qui leur vient en aide quand, inexplicablement, leur voiture tombe en rade, et que leurs montres s’arrêtent. Simple coïncidence ou intervention extraterrestre type X-Files ? Une question qui perd tout son intérêt lorsque Liz se réveille ligotée, au son des hurlements de sa meilleure amie, le lendemain d’une soirée en compagnie de leur bienfaiteur supposé...

Entre remakes et retours aux sources de l’horreur redneck, le survival est décidemment au goût du jour. Qui s’en plaindrait depuis que, contre toute attente, le Texas Chainsaw Massacre (TCM) initié par Michael Bay s’est avéré une redoutable surprise ? Alors que l’on attend les poings serrés le second film d’Alexandre Haute Tension Aja, une nouvelle vision de The Hills Have Eyes, nous nous tournons du côté de l’Australie pour saluer l’effort vilain d’un nouveau venu, Greg McLean, qui offre au genre une nouvelle pierre sombre. Pas de remake ici mais point vraiment de matériau original non plus : Wolf Creek se veut inspiré d’une histoire vraie. Porté par le nom de son producteur - True Crime Channel - et quelques statistiques effrayantes sur le nombre annuel de disparus sur le territoire, le premier long métrage de McLean est un film d’horreur intelligent, sobre, et terriblement méchant. Exit James Wan et la soit-disant méchanceté de son surestimé Saw, Wolf Creek, tout en portant les traces générationnelles de Blair Witch et autres fascinations millénaristes, s’en revient à une méchanceté qui n’est pas celle d’une mise en scène théâtrale, mais au contraire celle de l’épure, de la nature morte - au sens propre du terme - telle que redéfinie par Tobe Hooper en ces journées chaudes de 1974.

A la façon du monument de dérive « true crime » de Hooper en effet, Wolf Creek mise sur l’insouciance d’une jeunesse non pas caricaturale comme le veulent les slashers, mais simplement datés, ancrés, de par leurs mœurs et leur rapport à la société et l’environnement, dans leur époque. Ainsi le retour du survival est-il très certainement le côté obscur de la déferlante new age et de la culture bio, du regain coupable de respect envers Mère Nature. Et si, au lieu de nous offrir son abandance et sa beauté, cette même nature servait avant tout de refuge à d’insaisissables incarnations de la Mort ?

Ben, Liz et Christy renvoient donc directement à Sally Hardesty et ses amis, dans leurs velléités comme dans leur utilisation cinématographique. C’est bien entendu à la tagline de TCM, utilisée en phrase d’introduction, que je fais ici référence : le(s)quel(s) d’entre eux vont bien pouvoir réchapper de cette (més)aventure détestable ? Impossible de le deviner si l’on n’est familier de la véritable histoire. Démunis, incapables de nous reposer sur la construction d’un édifice que l’on devinerait s’appuyer sur un twist bienséant, Wolf Creek nous assied, 90 minutes durant, face à une violence dénuée d’artifices, telle que véhiculée par la nonchalance du bad guy incarné par John Jarrat. Effrayant, son personnage est lui aussi filmé sans artifice ni jugement, ni monstre ni anti-héros mais simple portrait du mal. Wolf Creek est de ces films que l’on devrait, moralement, réprouver : il est méchant, aggressif, détestable. Mais sa froideur est aussi le pilier de son intelligence ; celle qui, surfant sur l’exploitation forcément ambiguë d’une douleur véritable, livre les œuvres horrifiques les plus pures et mémorables.

Prévu sur les écrans français pour le 10 mai prochain, Wolf Creek est d’ores et déjà disponible en DVD, notamment en Angleterre.

- Article paru le jeudi 2 mars 2006

signé Akatomy

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