Xu Jinglei
Rencontre avec une femme qui mérite d’être connue. Lors de ma venue au festival d’Udine, j’avoue avoir été plus fasciné par la femme Xu Jinglei, que par la réalisatrice. Mais au-delà de l’apparence, je voulais savoir qui se cachait derrière cette star chinoise, encore inconnue en Europe. Non contente d’être une actrice célèbre, Xu Jinglei était présente à Udine pour présenter son deuxième film en tant que réalisatrice et productrice.
SdA : Pourquoi avez-vous décidé d’adapter un livre de Stefan Zweig, et Lettre à une inconnue en particulier ?
Xu Jinglei : J’ai beacoup lu Stefan Zweig, car j’apprécie beaucoup ces histoires psychologiques. J’avais vingt ans au moment de ma première lecture de ce roman, puis je l’ai relu dix ans plus tard. Et par rapport à la première fois, mon impression a été totalement différente. C’est pour cette raison que j’ai décidé de l’adapter au cinéma. A l’origine, je considérais cette femme comme une victime de cet amour, avant de comprendre qu’il s’agit d’une femme de caractère : elle est digne, sait ce qu’elle veut et a des désirs très forts. Ce contraste vient avec l’âge. Plus jeune, je ne comprenais pas toute ces significations, mais désormais je comprends mieux ces sentiments et la signification d’être une femme. Mais peut-être que dans dix ans, mon interprétation sera une nouvelle fois différente. Pour moi, un bon roman fait ressentir des choses autres à des âges différents.
Vous avez également du caractère, vous jouez, réalisez et produisez. Généralement, les acteurs parviennent à ces étapes plus tard au cours de leur carrière. Pourquoi avez-vous choisi d’endosser tous ces rôles ?
J’ai été actrice pendant 7 ans et mon important succès m’a permis de disposer des moyens pour financer toute seule mon premier film. Je suis vraiment reconnaissante de la période pendant laquelle j’ai été actrice.
Désormais en Chine, qui doit on convaincre pour financer un film ?
Vous devez d’abord avoir un script, le montrer à des investisseurs, puis négocier le budget du film. Après avoir financé mon premier film, j’ai fait appel pour celui-ci, dont le budget est plus important, à une autre société de production.
Jusqu’à présent, les films chinois présentés en Europe étaient dans leur quasi-totalité réalisés par des hommes, mais on commence à voir de plus en plus de films de réalisatrices. Est-ce une nouvelle tendance dans le cinéma chinois ?
Traditionnellement, la mise en scène a été considérée comme comme une occupation d’homme, alors que ce n’est pas le cas. Il ne s’agit pas d’un travail de force, il faut surtout utiliser son cerveau. Il est vrai que, actuellement, en Chine, de plus en plus de femmes passent derrière la caméra, mais je ne pense pas que l’on puisse déjà parler de tendance. Il y a beaucoup de voix d’hommes dans l’industrie cinématographie, et c’est naturel et sain que les femmes se fassent mieux entendre. Cela permet d’opérer un rééquilibrage.

