Young Policemen in Love
Nicky Wu (The Lovers, Love in the Time of Twilight) et Takeshi Kaneshiro (Downtown Torpedoes, The Odd One Dies, Fallen Angels) incarnent deux flics tout droit sortis du panthéon détourné des buddy movies hongkongais. Garlick (Wu) tire son surnom de sa manie à croquer de l’ail à longueur de temps. Devant son coéquipier, il déclare que c’est pour repousser la horde de femmes qui l’assaillent constamment ; alors que c’est en réalité pour se donner du courage... Gimmick (Kaneshiro) est quant à lui un poseur incorrigible, désireux de donner le change à son ami : si Garlick doit forcer une mauvaise haleine pour se protéger de la gente féminine, lui affirme devoir s’enduir le visage d’excréments pour ne pas être violé à tour de bras ! Et le pire dans tout ça, c’est que les deux compères sont effectivement deux très bons flics, dont chaque arrestation est relatée à la télévision. Leur saisie d’une quantité conséquente de cocaïne ne passe donc pas inaperçue, et leur passage à la télé révèle leur identité au malfrat privé de sa poudre blanche. C’est Gimmick qui tombe le premier dans le piège tendu par le criminel vengeur, mais les deux amis se retrouvent rapidement forcés de disparaître de la vie publique, et sont donc envoyés undercover au "Wong Fei-Hung College", afin de protéger la fille du futur chef de la police HK (Charlie Yeung)...
On ne peut pas dire que Jue Yin Ping (réalisateur, entre autres, des deux Shaolin Popey) se soit vraiment foulé pour livrer une histoire originale. Cependant, comme dans de nombreuses productions Wong Jing avant tout opportunistes, la trame de Young Policemen in Love n’est en réalité que prétexte à une bose d’humour débridée, de parodie, et à la réunion d’un casting très en vogue à l’époque de la réalisation du film : Nicky Wu et Charlie Yeung sont encore tous frais de leur succès aux côtés de Tsui Hark, tandis que Takeshi Kaneshiro détourne le succès de Chungking Express en enchaînant les comédies bas de plafond (Troublemaker par exemple).
Les scènes d’action du film vont de l’hommage pur et dur à la repompe éhontée. Ainsi la scène d’ouverture se solde par un gunfight dans la grande tradition John Woo (colombes à l’appui), le cure-dents de Chow Yun-Fat dans A Better Tomorrow étant remplacé par les gousses d’ail de Garlick ; tandis qu’une scène de course-poursuite au milieu du film reprend plan par plan son homologue de L’arme fatale 3, chute en moto comprise. Les emprunts sont tout de même mis en scène de façon irréprochable, tout comme les quelques combats qui parcourent le film - une scène notamment bénéficiant d’un montage digne d’un Righting Wrongs (Corey Yuen Kwai - 1986).
L’intérêt véritable du film ne se situe donc pas dans ses scènes d’action : si celles-ci fonctionnent, elles n’apportent pas grand chose de nouveau au cinéma HK. Comme dans toute production Wong Jing (non dénudée) qui se respecte, le véritable apport est à trouver du côté de la comédie.
Dès les premières images de Young Policemen in Love, au cours desquelles une voix off nous présente "deux être pathétiques" qui sont pourtant au service de l’ordre public, le ton est donné par les deux acteurs principaux, visiblement prêts à tout pour nous faire rire. Parmi les meilleurs moments du film, on retiendra notamment cette vision très courte de Nicky Wu en train de courir sur place pour s’aligner sur les mouvements d’un criminel en fuite et pouvoir ainsi le descendre ; mais aussi la double-séquence au restaurant, d’abord imaginaire puis avec Charlie Yeung, au cours de laquelle Takeshi Kaneshiro tente d’appliquer les recettes du parchemin secret de la drague qu’il a retrouvé chez lui ; ou encore ce même Takeshi en train de vomir après qu’une fille fort peu jolie se soit frottée contre lui... car la classe est bien sûr de mise, Wong Jing oblige !
Mais le principal plaisir de ce film reste bien sûr de revoir Charlie Yeung dans un rôle mi-comique, mi-"woman who kicks butt". Sa présence à l’écran, malheureusement, est à l’image de sa carrière (cinématographique et musicale) regrettée : beaucoup trop courte ! Young Policemen in Love, loin de figurer parmi les plus grandes comédies HK des années 90, est cependant un divertissement de qualité, qui remplit parfaitement tous les objectifs d’un cahier des charges - avouons-le - purement commercial.
Young Policemen in Love est disponible en VCD HK chez Mei Ah.
L’éditeur taiwanais Ritek avait sorti le film en DVD, mais celui-ci n’est plus édité aujourd’hui.
Reste toutefois un DVD japonais, malheureusement non sous-titré.



