Sancho does Asia, cinémas d'Asie et d'ailleurs
Japon

Zombie Jieitai

aka Zonbi jieitai - Zombie Defense Force - Zombie Self-Defense Force | Japon | 2005 | Un film de Naoyuki Tomomatsu | Avec Miyû Watase, Hisakatsu Ôya, Jun Yamasaki, Shun Saeki, Mihiro, Kenji Arai, Yûya Takayama, Masayuki Hase, Kiyo Yoshizawa, Eriko Nagamine

Je reprendrais bien un steak d’idoru...

Cela fait des mois que, indépendamment de ma volonté, je me suis éloigné du cinéma asiatique et de Sancho ; des mois sans female with guns ni films d’horreurs coréens ratés, sans chefs-d’œuvres authentiques ni navets glorieux. Pourtant la passion est bien là, juste écartée par un emploi du temps trop chargé, pour tout ce qui grouille de l’autre côté du globe... et pour nos amis, les zombies, ceux qui vous le savez, constituent un élément essentiel de la vie. Au fil des dernières semaines les zombies eux, je les ai fréquentés, massacrés par dizaines de milliers même grâce au cadeau que représente le jeu Dead Rising de Capcom. Les zombies, c’est chouette. Les zombies aussi, ça me manque. C’est pourquoi, quitte à souffler enfin et pouvoir revenir dans les pages de Sancho, j’ai décidé de le faire avec un film de zombies. Et pas n’importe lequel s’il vous plaît : un signé par Monsieur Tomomatsu, soit sieur Stacy lui-même.

Parce que Naoyuki Tomomatsu n’est pas plus complexé qu’Hirohisa Sasaki (Crazy Lips), Zombie Jieitai démarre avec le crash d’un OVNI. L’explosion est suivie d’une vague verte, propagée sur des kilomètres autour de la forêt épicentre. Dans cette forêt, une galerie de personnages typiques de l’univers du V-cinema japonais : un duo de yakuza, l’un héroïnomane l’autre peroxydé, en pleine exécution ; une patrouille de soldats affairée avec une ménagère suicidée ; une idoru en plein photoshoot ; un propriétaire d’auberge qu’une femme tente de convaincre de se plier au mariage... Frappés par la vague verte, ces joyeux drilles vont faire les frais de ses effets ravageurs : soit la zombification immédiate, of course, de tous les morts sur son passage. C’est parti. Car des morts, il y en a dans le coin, et pas qu’un peu, à peine dissimulés par un parterre de feuilles mortes. Il y aurait même le corps, légendaire, d’un général de la dernière guerre. Et puis, comme s’il n’y avait pas assez de cadavres, d’autres se créent rapidement. Comme celui d’Akemi - la donzelle désireuse de se voir passer la bague au doigt - qui s’avère être enceinte et fait une vilaine chute, se fendant le crâne sur le coin d’une table...

Ce dernier détail s’il peut paraître anodin, a son importance car Tomomatsu y puise l’une des plus grande trouvailles de son film : un fœtus zombie ravageur, le plus méchant depuis son confrère de Body Melt certainement, même pas vraiment en animatronique mais tout de même capable de voler et de bouffer du soldat à qui mieux mieux, et même d’énucléer un homme avec ses bras atrophiés... que c’est beau ! A l’image de ce bébé meurtrier, le réalisateur ne recule devant rien pour conserver le rythme d’un film sans le sou, sans prétention et sans une once de sérieux, mais rempli d’hommages - à Romero, bien entendu, mais aussi à Peter Jackson dans cette façon de peler les crânes pour en extraire une cervelle peu ragoutante et trop abondante - et de l’honnête intention de divertir bien au delà de ses humbles moyens. Pour ce faire, Tomomatsu va jusqu’à transformer sa belle héroïne militaire, Yuri, en guerrière cybernétique adepte du sabre, mais qu’importe ou devrais-je dire : tant mieux. Car c’est le joyeux n’importe quoi qui hisse ce film au delà de la moyenne. Son schéma de survivants enfermés dans une auberge assaillie par les morts vivants ne comportant en lui-même aucune possibilité d’innovation, Tomomatsu va la chercher ailleurs, nulle part et partout, chez des extraterrestres kawaï - et par conséquent massacrés - comme chez les sailor zombies, réminiscence de Stacy, Natsuki Kato en moins (et c’est bien là, s’il devait y en avoir un, que se situerait mon seul regret).

Au terme de cette aventure à la fois classique et iconoclaste, Naoyuki Tomomatsu se fend de plus d’une fin apocalyptique, empruntant au passage un peu du Wild Zero de Takeuchi Tetsuro et ses effets risibles. Une dernière référence, peut-être involontaire, qui achève de caractériser cet objet vidéoforme à la réalisation dynamique et enjouée, porté par une partition musicale toute de trois notes conçue et enrichie d’effets subtils à la Troma (les coups de langue s’entendent par dessus tout), en tant que réussite incontestable d’un cinéma affranchi et assumé, à mille lieues du renouveau ultra-sérieux - et tout aussi jouissif - du film d’horreur contemporain. C’est gore, c’est sale, c’est n’importe quoi, et c’est le bonheur !

DVD disponible au Japon chez Museum. Pour terminer cet article, un immense remerciement à Kuro s’impose. Il comprendra.

- Article paru le vendredi 13 octobre 2006

signé Akatomy

Corée du Sud

La Femme est l’avenir de l’homme

Hors-Asie

Manhunt

Hors-Asie

Alex de la Iglesia : Muertos de Risa

Corée du Sud

Our Town

Hors-Asie

Atomik Circus, le retour de James Bataille

Hong Kong

Gimme Gimme

articles récents

Chine

Jeunesse : Les Tourments

Hong Kong

Life Is Cheap... But Toilet Paper Is Expensive

Japon

La Harpe de Birmanie

Japon

La Vengeance de la sirène

Japon

Le Pavillon d’or

Chine

Les Feux sauvages