Gamera tai daikaijû Giron - Gamera vs Guiron (Attack of the Monsters)
Un film de Noriaki Yuasa
Scénario de Nisan Takahashi
Avec Nobuhiro Kajima, Miyuki Akiyama, Christopher Murphy, Yuko Hamada, Eiji Funakoshi, Kon Omura, Edith Hanson

Ah l'astronomie, une science fascinante. Toutes ces galaxies et leurs étoiles et - tenez! - en voila une qui scintille! Sans transition, une nouvelle étonnante: un peu partout au Japon, les observatoires reçoivent un signal en provenance de l'espace. Le Dr. Shiga explique aux journalistes que ce signal vient d'une galaxie voisine, Proxima Centauri, et qu'il pourrait être le fait d'hommes de l'espace. Etonnant, non? Oui, enfin ne vous emballez pas; même avec la dernière version d'Apollo, Shiga précise à son auditoire qu'il nous faudrait 500.000 ans pour nous rendre sur place et en avoir le cœur net. En l'état donc une seule solution: attendre que ces hypothétiques spacemen viennent à nous. Ooohhh…
Comme par hasard le petit Tom, insupportable ricain de sortie chez son ami Akio, ne cesse de scruter le ciel avec ce dernier dans l'espoir de trouver deux nouvelles étoiles à baptiser… Tom-star et Akio-star, bien sûr. Ce soir leur attente est partiellement récompensée, puisqu'ils aperçoivent un vaisseau spatial dans l'objectif de leur télescope. Celui-ci de plus, vient se poser sur leur terrain vague favori, quelle chance!
Le lendemain, Tom, Akio et sa petite sœur Tomoko se rendent sur les lieux de l'atterrissage présumé - et y trouvent effectivement un joli vaisseau. Nos deux garnements ne tardent pas à entrer dans la cabine de pilotage déserte, en dépit des avertissements de la petite fille. C'est alors que le vaisseau décolle, tout seul. En quelques instants, Tom et Akio sont dans l'espace… et Gamera vole à leur côté pour détruire ou écarter les météorites qui se trouvent sur leur chemin!

"Gamera, Gamera,
You're so very strong,
Gamera, Gamera.
Mars, Mercury, Jupiter, Venus…
Is it Mars or is it Venus?
Come on, space monsters,
It cuts, it pokes, go-go-go-
It has mighty jet propulsion.
Gamera's strong,
Gamera, Gamera."

Gamera est très forte c'est certain, mais le vaisseau prend trop de vitesse et la tortue abandonne son escorte. En réalité, il s'avère que le vaisseau est télécommandé. Il se pose sur une étrange planète (celle qui scintille souvenez-vous), à l'atmosphère semblable à celle de la Terre. L'eau par contre semble défier les lois de la gravité et s'écouler à l'envers. Et voila que le sol s'ouvre et en sort… Guiron! Une espèce de lézard géant à tête de couteau, dressé par deux extraterrestres, Barbella et Flobella pour combattre les Gyaos (cf. Gamera vs Gyaos), légion sur la planète Tera. Celle-ci est en réalité la jumelle de la Terre, située à son opposé par rapport au soleil. Tera est déréglée - a priori la planète gèle à vue d'œil -, et Barbella et Flobella expriment leur volonté de s'exiler sur notre Terre. Il semblerait cependant que les motivations de nos deux belles de l'espace ne soient pas très nobles…

Vous l'aurez compris en lisant les paroles du thème de Gamera ci-dessus, ce cinquième opus est, comme son prédécesseur, avant tout destiné au jeune public. Nous allons voir néanmoins que ce Gamera vs Guiron - bien que notre tortue y tienne un rôle un peu particulier - s'en tire de façon bien plus intéressante que Gamera vs Viras.
Et comment peut-il en être autrement, quand le premier combat de Kaijû du film - car cette fois, il y en a plusieurs - fait intervenir le contender du troisième et excellent opus, le terrifiant Gyaos?
Rappelons que cette créature est barbare au point de se sectionner elle-même la jambe pour s'échapper… Pas de pincettes possibles donc, et d'ailleurs c'est Guiron qui entame les festivités en coupant une jambe (décidemment) à la créature ailée. Puis, bondissant de façon spectaculaire dans les airs, il lui découpe une aile! Cloué au sol, Gyaos ne peut se défendre. Guiron l'achève alors méthodiquement, lui coupant l'autre aile avant de le décapiter dans un (petit mais tout de même présent) geyser de sang violet. Enfin, il se met à le débiter en tranches pour le manger… mais il s'avère que le Gyaos sent trop mauvais au goût du Kaijû cruel, qui s'en retourne dans les profondeurs de la Terre. Quel merveilleux spectacle!
Pendant un bon moment après ce combat très WWF, Gamera vs Guiron renoue avec la SF pour enfants et nous occupe avec tout un tas d'affirmations scientifiques exceptionnelles, propres à ravir le Michel Chevalet qui sommeille en chacun de nous. Ainsi apprend-on par exemple que, en mangeant les cerveaux de leurs jeunes invités, Barbella et Flobella assimileront leurs connaissances, et s'adapteront donc aisément sur Terre! Vous ne les croyez pas? A les entendre pourtant, bon nombre de bactéries procèdent déjà ainsi. Vraiment, outes les raisons sont bonnes pour mettre des enfants au menu…

Et Gamera alors dans tout ça? Et bien figurez-vous qu'il faut attendre près de 50 minutes avec que sa présence soit significative (je ne compte pas les flash-back inévitables qui rappellent les frasques de la créature). Et encore, à partir de là, c'est un véritable chemin de croix qui commence pour notre "héroïne", transformée en véritable martyre. En effet alors qu'elle entame sa lutte contre Guiron, celui-ci dévoile un nouveau pouvoir: il dispose d'une réserve d'étoiles de ninja qu'il peut lancer à la force de l'esprit! Il ne se gène d'ailleurs pas, et aveugle presque Gamera qui s'écroule inconsciente au fond de l'eau. Pendant cet intermède, nos deux héros continuent de combattre les extraterrestres; leurs cris de paniques réveillent Gamera qui semble destinée à secourir des enfants - même sur d'autres planètes que la Terre! Commence alors le véritable combat final, au cours duquel nous verrons notre martyre danser le go-go pour se débarasser des étoiles plantées dans ses bras et jambes, dévier ces mêmes étoiles avec des blocs de glaces, et même faire de la barre fixe!!!

Ce Gamera vs Guiron est donc un peu déroutant. De bien meilleure qualité que l'épisode précédent, il confronte un univers enfantin à une violence omniprésente et beaucoup plus adulte, ses superbes combats étant sanglants et surtout très cruels. Le blason de Gamera elle-même en tout cas, n'est aucunement redoré: le Kaijû est une nouvelle fois relégué au rang de simple guest-star au sein de sa propre série! Ceci n'empêche pas le film d'être à la fois drôle et fascinant, même si ses effets (trop d'intégrations maladroites et plus assez de perspectives forcées) sont un peu en deçà des opus précédents. De plus ses héros sont nettement moins désagréables que ceux de Gamera vs Viras. Si seulement les responsables de la série acceptaient de s'acharner un peu moins sur Gamera dans les épisodes suivants - elle pourrait bien nous faire une dépression sinon!

Akatomy - le 13.08.03