Beauty Female Detective
Lorsque l’AV lorgne vers le V-Cinema...
Tôkyô. Un jeune couple passe la nuit dans un Love Hotel... alors que la jeune femme prend une douche, son mari est enlevé par des yakuza. Que veulent-ils ? Pourquoi ?... autant de questions qui interpellent la police tokyoïte, qui envoie son meilleur inspecteur s’occuper de ramener sain et sauf le jeune homme. Cet agent de choc et de charme, c’est l’inspecteur Watase, et elle n’a pas froid aux yeux... ni ailleurs !...
Au Japon, l’industrie de l’AV (Adult Video) est considérable, avec son millier de productions mensuelles, tous styles confondus, de la video la plus underground à la "grosse production" pornographique... mais le pays du soleil levant est également l’un des rares - et certainement le seul ! - à ne pas considérer comme le pestiféré de la famille ce Genre "cinématographique". Pour s’en convaincre, il suffit de voir le nombre de réalisateurs de cinéma dit conventionnel qui ont fait leurs débuts derrière une caméra peu pudique : Shinji Somai (Kaza-Hana), Yôjirô Takita (Onmyouji), Rokuro Mochizuki (Shin Kanashiki Hitman)... sans parler des barges du type Takao Nakano (Minisuka Tokusôtai - L.E.G.S.) qui officie à la fois dans l’érotisme grand public et le porno indépendant... Il apparaît donc tout à fait justifié que le monde de l’AV nippon se jette une fois pour toute dans l’aventure de l’AV-Cinema...
C’est donc sous le label IEnergy, sous branche du groupe Soft on Demand, certainement la plus importante société de production AV indies du Japon, que va voir le jour le premier porno-polar nippon... Bijin Onna Deka est en fait le troisième épisode d’une série qui vit le jour en 2001, Onna Deka (notamment avec Reiko Mizuno) également produit sous l’égide d’IEnergy... mais les deux précédents opus n’eurent pas le succès escompté. Deux ans plus tard, le producteur/réalisateur Junichi Kondo récidive, mais cette fois, il va mettre toutes les chances de son côté afin que son œuvre soit reconnue au-delà des frontières de l’industrie de l’AV... et il suffit finalement de peu de choses ! Au lieu de continuer la série des Onna Deka (’Femme Flic’), il ajoute un mot à son titre, ’Bijin’ (’belle’), et créé ainsi Bijin Onna Deka... il fallait y penser ! Evidemment, ce n’est pas très sympa pour les actrices précédentes, mais il faut bien avouer qu’elles n’étaient pas des prix de beauté... exit donc l’image terne et pas forcément ultra-appétissante véhiculée par les deux précédents épisodes et place à la fraîcheur de la jolie Akira Watase, véritable bombe nippone d’à peine vingt-trois ans...
...le film s’ouvre donc sur une séquence d’introduction (sans mauvais jeux de mot !) où l’on découvre un jeune couple dans un Love Hotel. La scène est tendre et ne contient pas de sexe... générique. Miss Watase, une arme à la main semble poursuivre d’invisibles malfrats sur fond de musique Bontempi... pas grave, ça sent le bonheur à plein nez ! Près de dix-huit minutes après le commencement du film, pas encore de scène de sexe... c’est plutôt bon signe ! Oui je sais, vous allez me dire "on est dans un film porno, et tu es content qu’il n’y ait pas de sexe ?!"... oui, je dois dire que cela peut paraître paradoxal... finalement, au bout de ces dix-huit minutes, arrive la première scène explicite du film - il en comporte en tout trois -... et là ...ouch ! Alors que l’on sent les acteurs investis d’une mission, tout est gâché par les trois séquences porno de Bijin Onna Deka... pourquoi ? Tout simplement parce que les rapports sexuels du films sont des viols, et que la complaisance que Kondo a à les filmer transforme le spectateur en un voyeur à la limite du dégoût (chaque rapport se termine par un nakadashi, c’est-à-dire une éjaculation dans le vagin, afin de paraître plus réaliste... je vous épargne les détails sur la suite...)... dommage...
Si l’on excepte donc les séquences de pornographie, Bijin Onna Deka - Migawariryoujokusousa peut parfois se rapprocher du Zero Woman de Daisuke Gotô, à savoir d’une série Z très Z et plutôt mal jouée (on se rapproche de Black Mask 2 !), même si le cœur y est ! La charmante Akira tente de jouer du mieux qu’elle peut, pour nous offrir quelques moments presque convaincants, d’autres plutôt amusants... la manière dont elle se meut est assez symptomatique de la façon qu’ont les mauvais acteurs de se servir de leur corps... mais elle est si jolie qu’on lui pardonne ses erreurs, et permettez moi de douter quelque peu de la direction d’acteurs...
...malgré tout, ce Bijin Onna Deka version Watase a rencontré un succès suffisamment important au Japon pour qu’IEnergy ouvre une branche EroCinema, et se mette à produire un film de super-héroïne à effets spéciaux (Erekutoria avec Ai Nagase), ou deux superproductions en costumes se déroulant sous l’ère Meiji (Yuukakuhikan Gaiden - Oiran Douchu) avec un all-porn-star cast impressionnant (Natsumi Kawahama, Nanami Nanase, Yukari Sakurada...)... Un sursaut créatif d’IEnergy qui, à peine un mois après la sortie de Bijin Onna Deka se voyait déjà copié et dépassé par d’autres sociétés, notamment par GLAY’z de manière brillante avec le film Onna Supai XXX (Female Spy XXX) avec la sublime Shoko Mikami...
Comme à l’accoutumée dans les AV nippons, le fétichisme est à la fête... pour contourner la censure, il s’agit de l’arme la plus radicale qui soit... jeter son dévolu sur un objet, un vêtement, ou une partie du corps autre que les organes sexuels... le pansuto fechi (fétichisme des collants), le ashi fechi (fétichisme des pieds), panti fechi (fétichisme des culottes) en étant les principaux représentants... mais également figurants parmi les plus softs...
...à propos de fétichisme, l’une des séquences les plus... heu... intéressante ( ?) est celle où l’inspecteur Watase est tenue en joug par le boss yakuza, la forçant à improviser un strip-tease... une scène d’une tension insoutenable !
Trop axé sur l’humiliation féminine, Bijin Onna Deka - Migawariryoujokusousa n’est pas le film qui donnera ses lettres de noblesse au X nippon... Trop violent, trop centré sur le sexe (les trois séquences pornographiques sont très - trop - longues), et trop bâclé dans sa mise en scène, il aurait pu être une réponse de l’industrie de l’AV à l’univers des Women with Gun, ou dans une moindre mesure à celui du génial Takashi Ishii... Il n’est qu’un film porno de plus, un essai non transformé qui a au moins le mérite d’avoir ouvert une brèche dans une industrie autarcique. Reste la jolie Akira Watase...
DVD | IEnergy | NTSC | Zone 2 | Format : 1:1:33 - 4/3 | Images : Un pressage correct, mais pas convaincant... | Son : Bonne stéréo.
Suppléments : Un making of (87’), trailers de différentes productions IEnergy (30’), et 200 photos du film.
Ce DVD ne comporte pas le moindre sous-titre.
Existe également en VHS (NTSC).




