Sancho does Asia, cinémas d'Asie et d'ailleurs
Japon | Pour adultes

I.K.U.

Japon | 2000 | Un film de Shu Lea Cheang | Avec Miho Ariga, Yumeko Sasaki, Ayumilas Tokito, Maria Yumeno

Vous devez vraiment vous dire que ça ne tourne pas très rond dans la tête des rédacteurs de Sancho... Il est vrai que l’on aime taper un peu dans tous les genres de films, et, même si je ne suis pas vraiment un grand fan de films X (j’ai toujours préféré les sexploitations, ou les softcore à la Russ Meyer - Baise-Moi, que j’ai trouvé très sympathique, étant une exception à la règle), il faut bien avouer qu’un film pornographique expérimental de science-fiction prétendant être une suite au Blade Runner de Ridley Scott a de quoi intriguer la galerie...
"Iku", donc, veut tout simplement dire "je jouis" (normalement "je vais", mais c’est aussi l’exclamation orgasmique la plus courante au Japon). Shu Lea Cheang est taiwanaise. Parfois artiste, parfois réalisatrice - toujours expérimentale. Le concept d’I.K.U. ? Offrir une nouvelle direction à la pornographie, à l’art moderne - et peut-être au deux. Ou peut-être à aucun, c’est à voir...

Résumer l’histoire du film ? Pour commencer, voici la traduction du texte présenté en introduction de notre séance...

"Au début du 21ème siècle. La GENOM CORPORATION a amené la révolution sexuelle à la phase GEN-XXX, un être parfaitement identique aux humains connu sous le nom de I.K.U. Coder. Les GEN-XXX I.K.U. Coders avaient des corps cybernétiques plus puissants, et au moins aussi insatiables que ceux des ingénieurs qui les ont programmés.
Les I.K.U. Coders étaient utilisés dans le monde nocturne en tant que chasseurs de données XXX, employés à l’exploration orgasmique [...]. Après une mission non-stop de récupération de données sexuelles par une équipe de GEN-XXX I.K.U. Coders, ces derniers étaient déclarés prêts pour analyse. Des collecteurs spéciaux de données, les I.K.U. RUNNER UNITS, avaient pour ordre de baiser pour récupérer ces données complètes.
Ceci n’était pas appelé de l’amour.
C’était appelé du sexe.
"

Voila qui vous met parfaitement dans l’ambience, non ? Mais attention, ici nous n’avons pas droit à une parodie porno d’un succès de la SF, du tout ! I.K.U. se veut au contraire un film de SF extrèmement sérieux, en plus d’être un film à caractère sexuel complètement féministe...
Le problème, bien sûr, c’est que plutôt que d’être un film de SF expérimental intégrant de la pornographie, I.K.U. n’est finalement pas bien plus qu’un film porno déguisé en manoeuvre artistique. Pas que je pense que Shu Lea Cheang soit hypocrite, c’est juste qu’elle s’est perdue - à mon avis - dans une exploration de l’image qui, si elle est intéressante, empêche tout travail narratif qui permettrait à I.K.U. de sortir du simple carcan pornographique.

I.K.U. demeure néanmoins un projet intéressant pour plusieurs raisons. Déja, il brise (un peu) le rythme habituel du film pornographique, en offrant un travail de réalisation à plusieurs reprises intéressants. Le risque, bien sûr, c’est que Shu Lea Cheang s’affranchisse au final à la fois des fans de X et d’une audience plus "courageuse" mais toutefois mainstream.
En plus de son côté féministe, l’atout principal de I.K.U. reste sa recherche visuelle. Les images sont toutes soignées, les interfaces graphiques magnifiques, le travail sur les couleurs et les ambiances très riche. Une séquence en particulier est vraiment sublime : celle où Reiko (notre héroïne I.K.U. Coder, capable d’endosser 7 apparences physiques différentes) se réveille après contamination par le virus Tokyo Rose. Il n’y a pas de décor à l’image, juste son corps baigné de lumière blanche et teinté d’un bleu légèrement saturé. Le résultat, malheureusement très court, n’en est pas moins absolument splendide.

Mais une succession de jolies photos n’a jamais fait un véritable film, et I.K.U. reste trop expérimental pour être vraiment regardable par une audience traditionnelle. Trop répétitif, possédant au final autant d’images surprenantes que de séquences fatiguantes, I.K.U. est peut-être une avancée pour la pornographie (au niveau esthétique, et aussi d’un point de vue féminin), mais il ne risque pas de relancer le débat sur l’intégration du X sur la scène cinématographique "publique" moderne - ce que Baise-Moi, à mon avis, parvient beaucoup mieux à faire.

I.K.U. restera donc une simple curiosité, certes en symbiose avec son époque, mais pas foncièrement révolutionnaire. Une chose est certaine toutefois : ces androïdes là ne rêvent en aucun cas de moutons électriques ! ;-)

I.K.U. est disponbible en DVD Japonais zone 2, sans sous-titres (mais ce n’est pas très génant car la plupart des dialogues - peu nombreux - sont en anglais, comme les séquences "interfacées").
L’image vidéo est très belle, les couleurs parfaites, et la bande-son de qualité. Comme c’est un DVD nippon, toutes les scènes trop explicites sont pixélisées, ce qui est tout de même frustrant pour un film de ce genre...
En supplément : divers making-of et pas mal d’écrans de texte reprenant le contenu du site officiel du film.
Une chose amusante : arrivé au dernier chapitre du film, nous avons le droit à deux fins différentes... un clin d’oeil à Ridley Scott ???

I.K.U. est aussi disponible en DVD italien (pas vu), et en DVD zone 1 chez Music Video Distribution (pas vu non plus !).

- Article paru le jeudi 22 août 2002

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