Inside Desiree Cousteau
« When he touched me, my resistance just melted »... tu parles !
La troisième livraison de Wild Side dans la collection L’Âge d’or du X américain, s’éloigne quelque peu des préoccupations, très Eros & Thanatos, des deux titres de Gerard Damiano précédemment proposés. Alors que le réalisateur de Deep Throat s’intéressait, avec The Devil in Miss Jones et Odyssey, à un cycle de vie et de mort dans lequel la sexualité, coupable, est source de frustration plus que de satisfaction, Leon Gucci se penche ici sur et dans Desiree Cousteau – Deborah Clearbranch de son vrai nom – pour un faux documentaire bien vivant, désuet et coquin, à l’érotisme dilettante. L’actrice y joue son propre rôle, pornstar assumée, qui trace le parcours parodique de son incapacité à garder intime, justement, son intimité.
Dans la bonne humeur et au son de sa propre theme song, Desiree, tour à tour journaliste, VRP en cosmétiques, vendeuse dans un magasin de vêtements ou encore assistante emmenée en croisière, se voit toujours et encore entraînée vers les plaisirs de la chair. Peu farouche, limite blonde, cette plantureuse actrice, à la fois ingénue infantile et femme accomplie, perçoit ses atouts comme un service dont il est juste de faire bénéficier quiconque en exprime la volonté. Un service minimum de l’érotisme d’utilité pub(l)ique, en quelque sorte, dont la légèreté enjouée définit la tonalité du métrage, entre clitoris goûté sur un air de kazoo, sodomie aquatique – clin d’œil à l’affection de Desiree pour ce que Faith No More appellerait l’underwater love, d’où son nom de fesse – et orgies bon enfant.
Moins élitiste que le travail de Damiano – encore que les plans sous-marins, que j’affectionne particulièrement, lorsqu’ils sont incongrus, depuis que Fulci a opposé un zombie et un requin sous l’eau de L’enfer des zombies, possèdent une esthétique intéressante – ce film prétexte de Leon Gucci est peut-être aussi plus simplement appréciable et agréable, pornographie positive et souriante. Inside Desiree Cousteau culmine, à mon sens, dans une scène presque humoristique, dans laquelle Desiree, vendeuse dévouée au point de satisfaire les envies lesbiennes d’une cliente dans le simple but d’effectuer une vente, est surprise par sa patronne décontenancée. Juliet Anderson, headmaster de Coed Fever dont je regrettais l’utilisation non sexuée, se laisse alors abusée par les deux jeunes femmes, un instant récalcitrante – avec autant de conviction que Desiree lorsqu’elle prétend éconduire les avances de ses amants et amantes – avant de s’abandonner tout entière à son plaisir dirigiste. Un trio coquin et saphique, qui fait sourire autant qu’il émoustille, et satisfait plusieurs fétichismes, entre demoiselles et dame d’une maturité certaine.
Inside Desiree Cousteau, en dessinant librement et sans cohérence autre que pulmonaire – l’atout premier de son actrice au charmant minois – une propension à susciter le désir qui justifie une vocation pornographique, tend vers le cinéma gonzo, autant qu’il participe à l’élaboration de certains clichés du film pour adultes, lorsque Desiree propose à son garçon de courses, en livraison à domicile, de lui « brouiller les œufs ». Le réparateur de l’imprimante et/ou de la machine à laver, autant que le livreur de pizzas, ne sont plus qu’à quelques enjambées, et c’est donc avec sourire que l’on s’abandonne à ces facéties cochonnes, quasiment toutes le fait de la protagoniste éponyme – si l’on excepte l’orgie finale et la tentative, infructueuse, de la superbe Serena, d’engloutir John Holmes tout entier dans la cale d’un bateau de plaisance ; scène sur laquelle l’actrice revient d’ailleurs avec humour dans les suppléments proposés par l’éditeur. Une high school reunion du Q qui prolonge, quelques trente ans plus tard, la légèreté de cet opus tout autant dispensable qu’agréable, notamment dans la bonne humeur incroyable d’une Juliet Anderson septuagénaire et toujours fière d’être cochonne, peu de temps avant sa mort.
Inside Desiree Cousteau est disponible en DVD chez Wild Side depuis le 2 juin 2010, dans la collection L’Age d’or du X américain, qui sera riche de 20 titres, à terme, au rythme de deux sorties tous les deux mois.
Remerciements à Cédric Landemaine, Benjamin Gaessler et Wild Side.




