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Corée du Sud

Tell Me Something

aka La 6ème victime | Corée du Sud - 2000 | Un film de Jang Yun-Hyeon | Avec Han Seok-Gyu, Shim Eun-Ha, Jang Hang-Seon

Les longues nuits de Seoul. L’inspecteur Cho est en charge d’une affaire particulièrement glauque : des sacs poubelles contenant des membres de victimes sont trouvés un peu partout dans Seoul. Mais un sac contient des bouts de plusieurs victimes, et un schéma apparaît rapidement pour désigner les victimes à venir. La police ne parvient pas à trouver de piste significative. Seul liens entre les trois premières victimes de ce puzzle macabre : Su-Yeon, une femme au passé trouble qui a été l’amante de chacun des hommes à un moment dans sa vie. Commence alors un jeu fort dangereux pour l’inspecteur Cho et ses coéquipier...
Voilà pour le pitch.

Le principal problème que l’on peut rencontrer en essayant de parler de Tell Me Something, c’est de dévoiler ce qui fait toute sa richesse lorsqu’on le découvre, et surtout lorsqu’on le revoie. Il y a fort à parier que, si ce film connaissait une distribution en Occident, ce serait sous le sobriquet inapproprié et réducteur de "Seven coréen". Pas que Seven soit un film sans ambitions, loin s’en faut, mais celles de Jang Yun-Heon sont à peu de choses près aux antipodes de celles de Fincher. Le seul point commun entre les deux œuvres sont donc la présence d’un serial-killer mystérieux et de nombreuses séquences sous la pluie. Point barre.

La où Seven est construit autour d’une compréhension des motivations du tueur sur la base de la vision globale de ses "créations criminelles", Tell Me Something fonctionne de façon inverse, n’offrant qu’un champ de vision restreint sur le véritable objectif du film lui-même avant que celui-ci se termine. Véritable travail d’orfèvre, tant au niveau de la réalisation que du montage, c’est une œuvre qui possède les avantages de ses défauts, imposant au spectateur un niveau de concentration plus élevé encore que dans Memento, quasiment impossible à atteindre lors de la première vision. D’ailleurs, rarement un titre de film aura été aussi bien choisi que celui-ci, car la caractéristique de Tell Me Something est justement de nous susurrer un peu plus de choses à l’oreille, jamais vraiment explicitement, à chaque nouvelle vision. Car ce que demande le réalisateur, et c’est une chose rare de nos jours (et là, par contre, c’est in point commun entre Jang et Fincher), c’est un véritable travail au spectateur. Dans Tell Me Something, il n’y a pas de "plans de coupe", car aucun plan n’est gratuit. Chaque action, chaque image, chaque objet, contient son lot de secrets à révéler : rien n’est là par hasard. Même les morceaux de la bande-son sont utilisés de façon presque "consciente" par la narration, allant (pour au moins l’un d’entre eux) jusqu’à être véritablement matérialisé !
Quelques mots sur la bande-son, d’ailleurs. Comme nous l’avions déjà constaté dans Nowhere to Hide, les coréens savent tirer le meilleur parti de la musique et des effets, en leur faisant véritablement jouer un rôle double de narration et de montage. C’est aussi le cas avec Tell Me Something, où les morceaux musicaux (des empreints connus pour la plupart) sont gérés comme un outil de réalisation de plus, et non comme un simple instrument d’ambiance.
Austère à première vue - le réalisateur a volontairement supprimer quarante minutes de métrage et remonter le film pour le rendre plus "mystérieux" - Tell Me Something s’impose donc dés la deuxième vision comme un travail incroyable de découpage et de mise en scène, d’une richesse rarement égalée au sein du genre policier et de ce sous-genre qu’est devenu le film de serial-killers. Quand en plus la casting réunit l’excellent Han Seok-Gyu de Shiri et la troublante Shim Eun-Ha ( Interview, Christmas in August ), il faudrait vraiment avoir des œillères gigantesques pour se permettre de passer à côté !

Comme souvent, il existe deux éditions de ce film en DVD, une HK, l’autre, coréenne, signée Spectrum. A vôtre avis, laquelle est la mieux ??? Bon, l’édition HK est tout de même plutôt belle même si la copie n’est pas anamorphique, et contient un petit livret assez joli. Mais l’édition Spectrum est, à quelques traces infimes sur la pellicule près, PARFAITE, avec un son 5.1 qui tue, et quelques suppléments (making-of, clip,...) qui terminent de la rendre bien plus attractive, en dépit de l’absence du livret sus-cité. Les deux éditions possèdent des sous-titrages anglais (ceux de l’édition Spectrum étant moins approximatifs).

- Article paru le vendredi 1er juin 2001

signé Akatomy

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