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Hong Kong

Anna in Kungfu-land

aka Anna in Kung-Fu-Land | Hong Kong | 2003 | Un film de Raymond Yip Wai-Man | Avec Miriam Yeung Chin-Wah, Ekin Cheng Yee-Kin, Yasukai Kurata, Denise Ho Wan-Si, Wong You-Nam, Charles Ingram, Lo Meng

Il est toujours étonnant de constater à quel point Hong Kong peut-être le terrain de jeu de tous les extrèmes cinématographiques. D’un côté du spectre, on retrouve le travail jusqu’au-boutiste des scnéaristes de la trilogie Infernal Affairs par exemple. Pendant que ceux-ci sont prêts à sacrifier une bonne partie de leurs recettes en salles pour offrir un film - le troisième opus - complexe mais inestimable dans son approche réflexive de l’infiltration, d’autres recherchent à l’opposé le carton marketing, sans même avoir à tremper la plume. Ainsi Anna in Kungfu-land nous appate-t-il avec son casting très « nouvel an » - Miriam Yeung et Ekin Cheng -, ses combats cablés et ses effets hérités de Shaolin Soccer - avec lequel il partage de plus, une supposée volonté de redorer le blason des arts martiaux chinois. Alléchant ? Bien sûr ! Surtout pour un fan de Miriam comme moi ! Seulement voilà : le Raymond Yip réalisateur de Anna in Kungfu-land n’est pas celui de I’m Your Birthday Cake, mais celui d’un autre naufrage - artistique et éthique - avec Ekin Cheng, Women from Mars...

Ken travaille dans une grande firme d’advertising en difficultés. Son patron sollicite son aide pour obtenir le contrat de publicité de l’energy drink « Mighty Force ». Grand amateur de romans de kung-fu - qu’il dévore même en réunion - Ken allie business et plaisir lorsqu’il propose au créateur de la boisson miracle de sponsoriser le retour du championnat d’arts martiaux, disparu depuis plusieurs années. Notre héros se met alors en quête de participants ; Ken se rend évidemment chez les moines Shaolin, qui refusent de participer. Il y a trente ans l’un des leurs, Sword Shek, a remporté le tournoi mais y a rencontré une jeune japonaise ; des galipettes qui lui ont valu de se faire expulser du temple par Master Wisdom. Celui-ci accepterait toutefois d’envoyer ses élèves, si Shek participait lui aussi. Ken part donc au Japon pour rencontrer Shek ; celui-ci désormais presbyte ne peut participer, mais demande à sa fille Anna de le représenter au tournoi. Ainsi, elle pourra peut-être réaliser son rêve : terrasser Shaolin avec un Dragon Fist de son invention. Subitement, Ken et Anna tombent amoureux - ce qui ne va pas faciliter la vie du génie de la promotion, qui vit déjà avec une demoiselle. Quiproquos et tromperies servent donc de toîle de fond à ce championnat réssucité...

Anna in Kungfu-land est une aberration cinématographique. Si une partie des « production values » du film est au top - hormis le casting, la photographie par exemple - le reste est en-deça du plus mauvais des softcore regrettés de Matrix Productions Co. Ltd. Le scénario qui n’en est pas un, s’attarde comme il peut sur un tournoi pathétique, esquissé à coup d’effets spéciaux grotesques et de plans séquences qui résonnent comme autant de coups de bluff de la part du réalisateur. La romance est aberrante car elle ne se déroule jamais devant nos yeux ; pas plus d’ailleurs que la moindre relation entre les différents protagonistes, aucun n’existant en dehors des plans maladroitement assemblés. Ainsi les quiproquos deviennent-ils vite indigestes, puisque ceux-ci ne tiennent aucunement en dehors du cadre offert par la caméra. A l’inverse de la verve hardcore d’un Love Undercover et autres Dummy Mommy, Without a Baby, Anna in Kungfu-land ne parvient jamais à mettre en place un comique de situation durable - tout au plus un énervant jeu de duplicité qui ne se prolonge jamais hors-champ, ni-même en dehors du cadre de la séquence qui l’a provoqué.

Le plus triste dans cette histoire, c’est que Miriam Yeung joue le jeu, tentant de nous attacher à son personnage à grand renfort de pitreries et de moues charmeuses. En l’absence de la moindre matière à travailler cependant, même ma chouchoute de la comédie HK ne parvient pas à justifier la vision de cet ensemble regrettable, qui a certainement dû peser dans la décision de l’actrice/chanteuse de prendre part au Category 3 de Fruit Chan, Dumplings : Three Extremes. Quant à Ekin Cheng... no comment !

Anna in Kungfu-land est disponible en DVD HK chez Universe, dans une édition à la qualité inversement proportionnelle à celle du film.

- Article paru le mardi 2 novembre 2004

signé Akatomy

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