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Japon

Reikai Gakkou - Asako Sensei no Kubi

aka Spiritual Classroom : The Head of Teacher Asako - Teacher Asako’s Neck | Japon | 1997 | Un film de Gen Takahashi | Avec Kumiko Takeda, Shingo Tsurumi, Ryou Saitou, Masahiro Kunizawa, Bob Fujiwara, Atsuhito Kinoshita, Wakaba Hattori, Chin Naitou, Tadao Fujimura, Youichi Okamura, Kiyomi Itou, Shunsaku Kudou

La prof perd la tête !

Asako Kogure est une jeune prof jolie et sexy aimée de tout le collège. Mais un jeune garçon de sa classe, Wataru, semble éteint... Asako se prend de sympathie à son égard. Malgré tous les efforts de la jeune femme, l’adolescent demeure cloîtré dans un étrange mutisme, jusqu’au jour où il se décide à vouloir discuter avec son professeur, lui donnant rendez-vous dans le labo du collège. Là, il semble transformé, et tente de la violenter ; au même moment, une faille spatio-temporelle s’ouvre pour ne garder prisonnier que le corps de la jeune femme. Asako, qui n’est plus qu’une tête dans notre monde, part à la recherche de son corps perdu quelque part dans une zone parallèle, aidée de son fiancé Fumiya, du jeune Wataru, d’un savant fou et d’un clan de yakuza complètement barrés...

Sixième film de Gen Takahashi, réalisé deux ans après son cultissime Arashi no Kisetsu - The Young Blood Typhoon, Reikai Gakkou - Asako Sensei no Kubi est également sa première incursion dans le monde magique du V-Cinema ; grand indépendant devant l’éternel, il y fait ses débuts au sein d’un grand studio, la Tôei. Un rebelle au beau milieu d’un genre doublement codifié, à savoir le direct to video et le fantastique, est capable de détourner les règles pour s’en servir... Takahashi signe donc le scénario de cet étrange film, entre fable fantastique et yakuza eiga comique...

...et dès les premières images le ton est donné ; une chose est claire, nous ne sommes pas dans un direct to video lambda comme les studios nippons en produisent des centaines par an ! Où sommes nous ? Le couloir d’un grand hôtel, la caméra suit un couple, filmant parfois leurs jambes, parfois leur dos, mais finissant immanquablement sur le plafond dans d’étranges mouvements baroques. Un peu plus tard, la caméra pénètre dans une chambre où une transaction mafieuse a lieu ; la caméra, ultra-mobile, semble être prise de convulsions, des plans aux allures de soubresauts nous baladent d’un visage à un autre sans le moindre répit... Si je m’attarde sur ces mouvements de caméra, c’est parce qu’ils font partie intégrante du film de Takahashi, et parviennent en quelques secondes à en faire un film à part... Outre cet aspect plutôt atypique, la bande son du film est quasi-intégralement composée de morceaux classiques, et notamment par Le Vol du Bourdon de Rimsky-Korsakov, ce qui a pour effet d’appuyer ce côté à la limite du transgressif vis-à-vis du cahier des charges inhérent au V-Cinema, habituellement abonné aux musiques synthétiques, sans parler de l’effet ouvertement comique lorsque la tête de la jolie Asako vole à travers une pièce sur la dite musique.

Dès lors que l’on parle de V-Cinema, il faut savoir qu’il y a deux types principaux de productions ; les films tournés en pellicule qui par conséquent possèdent un budget relativement "important", et les films tournés en vidéo... Reikai Gakkou - Asako Sensei no Kubi fait bien évidemment partie de la seconde catégorie. Budget moindre donc, mais idées de mise en scène décuplées par Gen Takahashi qui s’amuse pendant soixante-quatorze minutes, n’hésitant pas à passer d’un genre à un autre, allant même jusqu’à faire dans le "cartoonesque", sans oublier d’écorcher le monde de la pègre nippone au passage. Outre donc, l’aspect formel du film, qui tient ici une place d’une "relative prépondérance", Takahashi glisse ci et là des éléments de psychologie pure, en travaillant d’une manière a priori détachée sur le comportement clairement Oedipien qui lie le jeune Wataru à sa mère, et qui va influer sur son comportement avec la jolie prof. Quant à la distribution des rôles, vous aurez certainement remarqué que la charmante Asako est interprété par Kumiko Takeda, inénarrable V-Cinema Queen aussi charmante qu’atomique, et le gaffeur Fumiya, son fiancé, est quant à lui campé par le toujours excellent Shingo Tsurumi...

...pour sa première incursion dans une "entreprise rodée", Takahashi parvient à sortir la tête haute de cet exercice imposé ; le final du film, totalement apocalyptique, est un véritable vivier d’expérimentations graphiques dans lequel le réalisateur laisse éclater une démesure qui fait plaisir à voir ! Si les passages comiques sont légions (les yakuza dans le convenience store), Reikai Gakkou - Asako Sensei no Kubi n’en demeure pas moins un beau film qui s’avère bien plus surprenant qu’il n’y paraît, et s’impose tout naturellement en un véritable must du V-Cinema fantastique nippon.

Disponible en VHS (NTSC) chez Tôei Video au Japon.

Site Officiel de Gen Takahashi : http://www.indexgun.com/

- Article paru le jeudi 10 mars 2005

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