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Japon | Animation

Yona, la légende de l’oiseau-sans-aile

aka Yona Yona Pengin - よなよなペンギン | France / Japon | 2009 | Un film de Rintaro | Scénario de Tomoko Komparu et Dominique Lavigne

Si les japonais ont toujours fait preuve d’un savoir-faire reconnu en termes d’animation (mangas, séries animées, et bien sûr Miyazaki et son studio Ghibli), on pensait l’animation 3D réservée à quelques gros studios américains (Pixar, Dreamworks, Blue Sky, etc.). Rintaro, célèbre grâce à la série culte Albator et plus récemment pour son ambitieux Métropolis, vient nous prouver le contraire. Au travers d’une coproduction franco-japonaise haute en couleurs, le réalisateur nous démontre que la technique, aujourd’hui largement maîtrisée, est accessoire. Tout est encore affaire de dessin et de poésie, et c’est plutôt rassurant…

Chaque nuit, Yona, une fillette, quitte la maison, et enfile le costume de pingouin que lui avait offert son père, décédé. Déambulant dans les ruelles de la ville, elle est convaincue qu’un jour, elle pourra voler…

Sur une idée de départ plutôt décalée, Rintaro brode une histoire assez convenue, sur le thème du monde « derrière le miroir » et de sa population à sauver (l’Histoire sans fin, le Royaume des chats, Alice au pays des merveilles, etc.). La trame manichéenne et la courte durée du film (1h20) permettent peu d’effets narratifs, d’éléments de surprise ou de suspense. Le scénario, multipliant les raccourcis grossiers, semble avoir été formaté purement pour les enfants, selon la règle occidentale qui veut qu’un dessin animé est soit pour les grands, soit pour les petits. Une règle pourtant contredite par l’ensemble de l’œuvre d’Hayao Miyazaki mais à laquelle Rintaro, peut-être contraint par la coproduction française, semble avoir été tenu. Pourtant, si l’originalité n’est ici pas de mise, force est de constater que l’on ne s’ennuie pas, en suivant les personnages au travers de leurs péripéties, même téléphonées. Concentré sur un petit nombre de héros au traitement graphique particulièrement soigné et bénéficiant d’un véritable background narratif (les rares flashbacks), le film offre aux spectateurs de très solides points d’ancrage dans l’histoire, des « avatars » extrêmement attachants dans ce monde imaginaire.

Un monde qui, au contraire d’un scénario plutôt pauvre, fait preuve d’une richesse exubérante, dans les couleurs, dans les contrastes et dans le graphisme. L’attrait de la nouveauté - la 3D - pour Rintaro ainsi que les perspectives nouvelles qu’elle lui ouvre se traduisent par une frénésie d’idées décalées (chansons, burlesque), d’influences graphiques (africaines, aztèques) et d’expériences (cadrage, rythme) qui manque certainement de cohérence, mais se révèle rafraîchissante, à la frontière de l’autodérision. Il y a probablement là un second degré de lecture pas si enfantin que ça, finalement… Rintaro se moque ainsi bien volontiers de ses personnages, victimes régulières d’un comique burlesque qui fonctionne bien. Assumant une fantaisie totalement débridée, il les place au centre d’un joyeux fourre-tout d’influences et de thématiques. Le graphisme, impeccable et vraiment étonnant, mêle des origines précolombiennes et moyenâgeuses dans les costumes et une ambiance très méditerranéenne dans les décors. Les références traditionnelles asiatiques (le dragon, les arts martiaux) rencontrent les mythes occidentaux (le paradis et ses chérubins, les sept sages de la Grèce Antique) et percutent ceux d’Hollywood (les chauves-souris, les surfs volants et une version déguisée de Saroumane). Enfin, point de retenue dans la réalisation, qui tire parti à plein de la 3D, en jouant sur la vitesse, les mouvements de caméra amples, tourbillonnants et tout en profondeur.

Cet ambitieux patchwork, visuellement réjouissant, est tenu à bout de bras par un casting virtuel des plus réussi. Si on aurait souhaité la même ambition sur le fond que sur la forme, on s’y abandonne, par paresse, sans trop de difficulté. Et les enfants, bien sûr, adoreront…

Yona, la légende de l’oiseau-sans-aile sort sur nos écrans le 3 Février 2010.
Remerciements à Olivier Rinaldi et Gebeka Films.

- Article paru le jeudi 24 décembre 2009

signé David Decloux

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